Naufrage du remorqueur Sir Gaétan Duval : Le capitaine Moswadeck Bheenick toujours introuvable après six jours

Après le naufrage du remorqueur Sir Gaëtan Duval au large de Poudre D’Or le lundi 31 août, qui a vu la mort de trois membres d’équipage, le corps du capitaine Moswadeck Bheenick n’a pas encore été repêché jusqu’ici.

Selon l’inspecteur Shiva Coothen du Police Press Office, la National Coast Guard (NCG) renforce actuellement ses opérations de recherche avec des hommes-grenouilles afin de retrouver Moswadeck Bheenick. Il nous explique que les patrouilles de la National Coast Guard continuent de ratisser la zone maritime au large de Balaclava à Poudre D’Or.

Pour rappel, dans la soirée du lundi 31 août, une collision entre le remorqueur Sir Gaëtan Duval, de la Mauritius Ports Authority, et une barge de la compagnie Taylor Smith, L’Ami Constant, devait coûter la vie à trois marins qui étaient sur le remorqueur. Le capitaine du remorqueur, Moswadeck Bheenick, n’a pas encore retrouvé, tandis que quatre autres marins ont pu être secourus. C’étaient tous des employés de la MPA.

Vers une ‘Court of Investigation’

Des membres de la famille du capitaine Moswadeck Bheenick ont porté plainte à la police ce jeudi 3 septembre contre la Mauritius Ports Authority (MPA) pour négligence criminelle.

Ils réclament que le chairman et le directeur-général de la MPA, Ramalingum Maistry et Shekur Suntah respectivement, ainsi que le ‘Port Master’ Louis Benoît Barbeau et l’Assistant Port Master Kavidev Neewoor, ne puissent avoir accès aux documents ayant trait à cette affaire tant que l’enquête n’est pas bouclée.

Le conseil d’administration de la MPA, qui s’est réuni vendredi dernier, a accepté la demande de congé du ‘Port Master’ Louis Benoît Barbeau, et de son adjoint, Kavidev Newoor, congé qui a pris effet à partir  d’hier, le 5 septembre 2020.

Le conseil a décidé, en l’absence du capitaine Barbeau, que ce sera le capitaine Mamode Imran Dowlut qui le remplacera provisoirement comme ‘Port Master’. Il sera épaulé par le capitaine Daniel France Nookia.

Comme le veut la pratique, en cas de collision suivi de naufrage en haute mer, il incombe au ministère de la Marine, en vertu de la Merchant Shipping Act, de mettre sur pied une ‘Court of  Investigation’ pour faire la lumière sur cette affaire.

Retour sur le drame

Le remorqueur Sir Gaëtan Duval halait la barge L’Ami Constant, qui était chargée de fûts de déchets provenant du déversement de fioul par le MV Wakashio. Avec 8 membres d’équipage à son bord, il avait quitté Pointe d’Esny et avait mis le cap vers Port-Louis.

Au large de Poudre D’Or, dans une mer houleuse, la barge aurait percuté le remorqueur et la salle des machines avait commencé à prendre l’eau.

Le bateau devait commencer à couler. Les hommes devaient lancer deux canots de sauvetage à la mer et se sont jetés à l’eau. Selon nos recoupements, deux ont pu prendre place sur un canot de sauvetage et les six autres sur le second canot. Selon les autorités, à un moment donné, les canots ont chaviré également.

Quatre personnes ont pu être sauvées : il s’agit de Yan Sun Fong Kwong Fo, 54 ans, habitant Grande Rivière Nord-Ouest, Eléonore Elvis Alain, 56 ans, habitant Beau-Bassin, Sandro Laiguille, 56 ans, Clifford Montagne-Longue, 48 ans, tous deux de Baie-du-Tombeau.

Ceux qui n’ont pu échapper à ce drame sont Jimmy Addison, un skipper d’une soixantaine d’années, Sujit Kumar Seewoo, un ingénieur maritime de 53 ans, et Lindsay Plassan, 63 ans, un habitant de Résidence Barkly.

Comme mentionné, le capitaine Moswadeck Bheenick est toujours porté disparu.

La polémique enfle

Y avait-il urgence pour remorquer cette barge malgré les conditions météorologiques défavorables ? Pour rappel, la météo avait annoncé qu’il y avait un assez fort anticyclone dans les parages de Maurice, et que les sorties en haute mer étaient déconseillées.

Qui a donné l’ordre au remorqueur de sortir en haute mer ? C’est la question que devra trancher la ‘Court of Investigation’. En outre, il convient aussi de se demander si le remorqueur Sir Gaëtan Duval était opérationnel à 100 %.

Hors-texte

L’impact sur nos lagons

Notons que le remorqueur Sir Gaëtan Duval avait 25 tonnes de diesel dans sa soute, et effectivement, après le naufrage du remorqueur, on pouvait sentir une forte odeur de diesel, entre Anse La Raie et Cap Malheureux.

Les pêcheurs et les habitants de la région craignent une répétition de la catastrophe écologique à Pointe d’Esny. Bien que le niveau de fioul que transportait le Sir Gaëtan Duval fût bien moindre que celui que transportait le MV Wakashio, il ne faudrait pas sous-estimer la capacité nocive de 25 tonnes de diesel déversé dans le lagon, selon un écologiste.

Toutefois, selon l’inspecteur Shiva Coothen, il n’y aurait aucune fuite d’huile dans les lagons du littoral du nord-est.