Naufrage au large de Poudre d’Or : C’est avec l’ancre récupérée d’un petit ‘tug’ que SGD naviguait

« Bateau pirate ». C’est ainsi que les employés de la « Mauritius Ports Authority » (MPA) qualifiaient le remorqueur Sir Gaëtan Duval. Et pour cause ! Son état laissait pitoyablement à désirer. Il nous revient ainsi que le remorqueur n’était pas équipé d’ancre depuis quelques temps. La direction de la MPA ayant balayé les griefs des membres de l’équipage d’un revers de la main, ces derniers avaient décidé de prendre les choses en main en fabriquant eux-mêmes une ancre qu’ils avaient accrochée au navire en guise de précaution. Ce serait d’ailleurs avec ce semblant d’ancre que Sir Gaëtan avait été envoyé à Pointe d’Esny récemment pour une opération « check baz ».

Le samedi 29 août dernier, avant que SGD n’effectue de nouveau le trajet à Pointe d’Esny pour remorquer la barge « L’Ami Constant » appartenant au groupe Tailor Smith, une ancre aurait ainsi été récupérée d’un des quatre petits remorqueurs du port. Elle aurait ensuite été colmatée sur le Sir Gaëtan, bien qu’elle ne soit pas appropriée pour un remorqueur de cette taille. Mais la direction n’en avait cure. Même si cela étant risquant pour les membres d’équipage. « Si Sir Gaëtan avait fait un accident au lieu d’un naufrage, l’assurance ne l’aurait jamais couvert », nous confie un professionnel du port.

D’ailleurs, le système d’« emergency positioning » du remorqueur naufragé ne fonctionnait plus, étant déjà expiré, nous indique une source confidentielle. « Si SGD ti coule en haute mer, nou pas ti pou éna possibilité koner ki l’endroit exact line coulé », nous explique-t-on. Pour corser l’addition, il n’y avait point de sonde de profondeur à bord du SGD. Ce qui est synonyme d’un risque élevé, d’autant que le remorqueur naviguait près des récifs.

Malgré tous ces manquements, que certains n’hésitent pas à qualifier de « criminels », les membres d’équipage étaient contraints d’y opérer à leurs risques et périls. L’état du remorqueur avait été abordé, à maintes reprises, avec la direction, apprenons-nous. Mais rien n’y a fait. Ce n’est que durant la dernière réunion que la direction a finalement soutenu qu’un autre ‘tug’ serait loué et qu’il était attendu incessamment. Celui-ci se fait néanmoins toujours attendre. « Nou fine tou le temps dire zotte ki zotte pe attane ki éna mort d’homme pou ki zotte réagir », se désole un employé, affligé par le drame qui est survenu durant la soirée du 31 août.