Motivations suspectes

Renouement des liens commerciaux avec Israël

La décision du gouvernement mauricien de renouer les liens commerciaux avec Israël, telle que publiée dans notre édition du 30 avril dernier, continue à susciter la polémique. Alors qu’on s’attendait à ce que l’État, plus précisément le Bureau du Premier ministre, précise sa position par rapport à ce dossier, nos dirigeants ont préféré garder un silence radio. Ce silence est diversement interprété dans les milieux concernés. Il convient de souligner que le précédent régime, dirigé par Navin Ramgoolam, avait rompu, en 2009, les relations diplomatiques avec l’état d’Israël, par solidarité avec le peuple palestinien. Cette décision avait été appliquée immédiatement par la fermeture du consulat israélien. Maurice avait été même parmi les premiers pays à avoir pris une telle mesure pour protester contre l’offensive d’Israël contre les habitants de Gaza. Notre pays avait même signé, l’année dernière, donc sous le présent régime, une résolution de l’UNESCO en faveur de la Palestine. Ce qui avait alors suscité l’indignation de Benyamin Netanyahou, le Premier ministre d’Israël. L’État mauricien serait-il revenu sur sa décision? Ce qui est clair, par contre, c’est qu’il y a une cacophonie au niveau de notre politique étrangère tandis que cette question revêt une importance particulière.

Revenons-en aux faits. C’est à l’Assemblée nationale la semaine dernière que le DPM et ministre des Utilités publiques, Ivan Collendavelloo, a révélé que des cinq compagnies qui avaient soumis leurs offres pour la fourniture d’équipements au CEB Fiber Net Co. Ltd, une compagnie subsidiaire du CEB, c’est ECI Telecom qui a été sélectionnée. La raison évoquée : c’est seule l’offre de cette compagnie israélienne qui était jugé recevable. Pourtant les autres offres provenaient de compagnies internationales réputées telles que le Korean Technologies et Huawei Technologies, entre autres. Le hic cependant, c’est que le Bid Evaluation Committee (BEC) avait initialement émis des doutes sur la capacité de la compagnie israélienne de respecter ses engagements en raison de ses capacités financières. Comment expliquer que le BEC ait par la suite changé d’avis? Nul ne le sait. Sauf qu’un amendement apporté à la Finance Act en octobre 2016 lui donne le pouvoir d’octroyer un contrat de plus de Rs 100 millions sans passer par le Central Procurement Board (CPB).

Espionnage 

En tant que ministre responsable de cette entité, Ivan Collendavelloo, également le no 2 du gouvernement, était-il au courant de la décision du CEB Fiber Net Ltd d’allouer ce contrat à ECI Telecom? A-t-il consulté le Bureau du Premier ministre et celui des Affaires étrangères sur ce dossier, d’autant qu’il y a des implications diplomatiques et politiques? Les motivations réelles derrière l’octroi de ce contrat de Rs 210 millions à ECI Telecom laissent ainsi planer le doute. Il nous revient que ce ne serait pas au hasard que le choix de CEB Fiber Net Ltd s’est porté sur la compagnie israélienne. Celle-ci, qui serait spécialisée en ‘phone tapping’, aurait déjà décroché un contrat de Mauritius Telecom dans le passé pour l’installation de câbles électriques. Dans certains milieux, on craint que l’installation des nouveaux câbles par ECI Telecom pour le compte du CEB Fiber Net Ltd ne soit plus tard utilisée par Mauritius Telecom pour mettre des lignes téléphoniques sur écoute. Ce qui risquerait alors de soulever un véritable tollé dans le pays. La question, apprenons-nous, sera bientôt évoquée au Parlement.