Mort lente des collèges privés : Une solution pourra-t-elle être trouvée

Des établissements scolaires privés sont au bord de la fermeture. Le directeur du collège Labourdonnais, Raffick Soobadur dit être dans le flou total quant à la situation des collèges privés rimée avec le 9-year schooling : « On nous a tout le temps dit qu’il n’y aurait aucun problème au niveau des admissions dans nos écoles avec l’avènement du 9-year schooling. Entre-temps, en lignée avec la vision du gouvernement, nous avons investi massivement dans les infrastructures de nos écoles, les rendant très modernes et accessibles. » Et d’ajouter qu’ils ont aménagé de nouvelles salles spécialisées pour répondre à l’attente du 9-year schooling. Beaucoup d’écoles ont ainsi fait peau neuve sur l’avis du ministre qui les avait rassurés d’un quota suffisant d’élèves.

« Or, nous remarquons que graduellement les collèges d’Etat sont pris d’assaut et cela a un impact négatif sur les collèges privés. Je peux dire que sur 80 écoles privées à Maurice, seulement 5 affichent le plein en ce moment et les restes se retrouvent donc dans une situation difficile à survivre car l’admission en grade 7 baisse drastiquement, » martèle notre interlocuteur.

Raffick Soobadur fait ressortir que le ministère de l’Education canalise 50% des étudiants de grade 7 à chaque collège privé, les 50% de places restantes étant réservées pour ceux et celles à la recherche d’un collège de leur choix, selon leur zone résidentielle. Depuis l’entrée en vigueur du 9-year schooling, les classes de ces collèges restent vides, car même les élèves qui sont supposés être admis dans un collège selon la liste du ministère cherchent un autre collège.

Une rencontre avec le Premier ministre envisagée

Malgré plusieurs rencontres avec le ministère de l’Education, rien de concret n’a surgi. Raffick Soobadur estime ainsi qu’une rencontre avec le Premier ministre, Pravind Jugnauth, soit établie. Ils ont déjà invité le Premier ministre à une table ronde mais ils sont toujours dans l’attente d’une réponse, Pravind Jugnauth n’étant pas au pays.

Le président la Federation of Managers of Private Secondary Schools (FMPSS), Bashir Taleb, est sur la même longueur d’onde que Raffick Soobadur. Il veut savoir quel plan de sauvetage le Premier ministre a pour les collèges privés en situation de fermeture dans le court-terme. « Le nombre d’élèves diminuent d’année en année dans ces collèges et si nous ne réagissons pas maintenant, le nombre d’élève sera moins de 175 dans certains collèges privés, leurs poussant à mettre la clé sous le paillasson. » Et d’ajouter que le collège Presidency a déjà fermé ses portes cette année et le collège Nelson est lui aussi sur la même voie. Bashir Taleb souligne que cette rencontre avec le Premier ministre est aussi  envisagée par les présidents des unions des professeurs aussi car les profs sont directement affectés par ces éventuelles fermetures.

Qu’adviendra-t-il aux employés ?

L’ancien président de l’UPSEE, Yahya Paraouty estime que l’année 2020 sera celle où certains collèges privés n’auront d’autre choix que de plier bagage. Cependant il nous dira qu’en 2000, un accord a été signé par le ministre de l’Education d’alors, Kadress Pillay, garantissant la sécurité d’emploi en cas des fermetures des écoles. Cela concerne tous les cas de figure : fermeture forcée par le gouvernement, fermeture volontaire par les managers ou encore fermeture due aux infrastructures delabrées en raison des intempéries. Suite à cet accord, le gouvernement a la responsabilité de ‘redeploy’ tout le personnel enseignant et non-enseignants. Selon Yahya Paraouty, en cas de fermeture d’un collège, en l’espace de 24 heures, tous les employés doivent se rapporter au Head Office de la Mauritius Educational Development Company (MEDCO) à la rue Edith Cavell à Port-Louis. Cela parce qu’au moment de la fermeture d’un collège, ces travailleurs n’ont plus un ‘legal employer’. « Pour qu’un employé d’un collège privé puisse percevoir son salaire, le ‘legal employer’ doit apposer sa signature. Au cas contraire, sans ce ‘legal employer’, il risque de ne pas percevoir son salaire, » déplore l’ancien syndicaliste. Qui plus est, en cas de décès d’un employé, ses héritiers pourraient ne pas avoir les dues du défunt.

Les employés de Presidency College risquent de ne pas être payés

Yahya Paraouty évoque, à titre d’exemple, le collège Presidency à Curepipe qui a récemment fermé ses portes. Dans ce cas précis, les employés se rendent déjà au bureau de la Private Secondary  Education Authority (PSEA) pour mettre leur présence pour pouvoir percevoir leurs salaires. Cependant, la PSEA n’étant pas le ‘legal employer’, il y a toujours un risque que les employés du Presidency College ne soient pas payés. Il estime que le ministère de tutelle a failli quelque part car les règles ne sont pas respectées. Ces employés devaient déjà se rapporter à MEDCO pour signer un accord qui leur permettra de percevoir leurs salaires, sans avoir à se rendre quotidiennement à la PSEA. D’autant plus que la faute n’est pas d’eux. « S’ils ne se rendent pas à MEDCO jusqu’à la fin de ce mois-ci, ils n’obtiendront pas leurs salaires de janvier car  c’est la tâche de MEDCO de take-over les écoles à risques, devenant ainsi leur ‘legal employer’. »