Mohammad Anas Sakhawoth, parlementaire en herbe : « Le ‘National Youth Parliament’ permet aux Mauriciens d’écouter la voix des jeunes »

 

Vous connaissez sans nul doute le ‘National Youth Parliament’, où pendant deux jours, des jeunes étudiants entre 18 et 25 ans se mettent dans la peau des parlementaires et débattent des enjeux cruciaux dans l’enceinte même de l’Assemblée nationale. Nous nous sommes intéressés à l’un d’eux, Anas Sakhawoth, 20 ans, pour savoir ce qui l’attire dans le processus parlementaire, quelles sont ses ambitions, et quels sont ses rêves pour la nation mauricienne. Le jeune Anas est un jeune passionné de la politique. Il a été le ‘ministre Mentor’ lors du NYP de 2018, et il jette un regard lucide et candide d’un jeune sur notre présente Assemblée nationale.

Anas soufflera ses 21 bougies cette année-ci. Il a une sœur ainée et une petite sœur de 9 ans. Il a achevé ses études secondaires au collège Imperial en 2018, et est actuellement en deuxième année de ses études de droit (LLB) à l’Université de Central Lancashire (Mauritius Campus).

Depuis son adolescence, Anas aimait participer dans les épreuves de débats. Comme il fallait s’y attendre, l’Assemblée nationale était une source d’inspiration pour lui. « J’étais fasciné par la façon dont les députés prononçaient leur discours à l’Assemblée, en particulier le maître de l’élocution, Shakeel Mohamed. Après quoi, j’ai commencé à regarder chaque semaine en direct les séances des ‘Private Notice Questions’ et ‘Parlimentary Questions (PQ)’ Quand il y avait une motion ou un projet de loi, voire la présentation du budget, en train d’être débattu à l’Assemblée, je pouvais m’asseoir et regarder les députés pendant des heures. En même temps, je regardais comment ils modulaient leur voix et la façon dont ils captivaient l’attention du public. En fait, une telle fascination m’a souvent marqué lors des débats au collège, car je me mettais plus dans la peau d’un parlementaire que dans celle d’un étudiant de niveau ‘Ordinary’», nous dit-il. Cela l’a beaucoup aidé à savoir où se situait notre pays sur les plans économique, financier, social, politique, technologique et environnemental.

Par hasard, il devait tomber sur une vidéo sur YouTube qui concernait le ‘National Youth Parliament’ de Trinité-et-Tobago. « J’ai été surpris de voir comment ces jeunes débattaient des grands enjeux nationaux et internationaux au sein d’une structure parlementaire. À ce moment-là, j’ai toujours eu l’espoir qu’un jour, Maurice aussi lancerait son ‘National Youth Parliament’. Si jamais cela devait arriver, je m’étais juré que je ferais de mon mieux pour  être sélectionné », nous dit-il.

Enfin, un beau jour, en mai 2018, alors qu’il était en classe de ‘General Paper’, le prof l’a approché et devait l’informer que la première édition du ‘National Youth Parliament à Maurice se tiendrait cette année-ci. Il devait assumer le rôle du ministre Mentor durant un débat sur la concurrence, à l’Assemblée elle-même. Anas, tout fier et excité à l’idée de représenter son école, va se mettre dans la peau du ministre Mentor et jouera son rôle avec brio dans l’hémicycle.

Comment se sentait-il dans la peau du ministre Mentor ? « La fonction de ministre Mentor était aussi importante que celle de Premier ministre. Je devais défendre le gouvernement à tout prix lorsque l’Opposition attaquait. Je suppose que j’étais la bonne personne au bon moment et au bon endroit, car connaissant à fond les ‘Standing Orders’ et avec une copie de la Constitution de Maurice en main, j’ai pu réagir rapidement et rejeter toute question non parlementaire », nous explique-t-il. 

Un point tournant dans sa vie

Cette expérience inoubliable a été très enrichissante pour le jeune Anas, voire même un point tournant. « Mes parents m’ont toujours témoigné leur confiance, mais après m’avoir vu dans l’hémicycle, leur confiance en moi s’est considérablement accrue. Croyez-moi, il n’y a pas de plus grande satisfaction dans ce monde  que de voir vos parents être  fiers de vous », explique-t-il.

Le ‘National Youth Parlement’ va aider Anas quant à son choix de carrière. Il va aussi rencontrer d’autres personnes, venant de différents horizons, qui l’encourageront à entamer des études de droit. Cette participation l’a beaucoup aidé à surmonter de nombreux défis, que ce soit durant son parcours universitaire ou dans sa vie de tous les jours. « Cela fait plus de 2 ans maintenant, mais je me souviens encore d’une telle expérience comme si c’était hier », dit-il.

Lors de la deuxième édition du National Youth Parliament en 2019, Anas a été choisi pour former les participants, vu sa grande connaissance des rouages de l’Assemblée nationale.

Le National Youth Parliament apporte-t-il une contribution positive à notre démocratie ? Oui, répond sans ambages Anas. « Aujourd’hui, toute la nation est fière d’écouter la voix des jeunes de Maurice. Cela renforce le pouvoir de notre démocratie », fait-il ressortir.

Comme il fallait s’y attendre, Anas espère un jour se faire élire à  l’Assemblée nationale. « Oui, on peut dire que je suis un aspirant politicien, pour servir la République de Maurice », affirme-t-il.

Pour terminer, il voudrait exprimer sa reconnaissance envers la ‘Clerk’ de l’Assemblée nationale, Mme Safeena Lotun. Il a toujours eu un grand respect pour cette dernière. Car, pour que le National Youth Parliament soit un succès, cela demande une planification et une coordination efficaces. «Malgré le fait d’avoir beaucoup de travail concernant les affaires du Parlement, la ‘Clerk’et son personnel nous ont toujours enseignés, encouragé et donné la chance de devenir une meilleure version de nous-mêmes comme parlementaires en herbe », nous dit Anas.

Quels conseils voudrait-il donner aux jeunes ? « You are your own role model. Adhere and stick to that.” Et quant à ceux qui voudraient se lancer dans une carrière légale : “Pain is temporary, but a law degree is forever.”

Hors-texte

Son regard sur l’Assemblée actuelle

Quel regard jette-t-il sur notre présente Assemblée nationale ? « À mon avis, la meilleure chose que le Speaker aurait pu faire lorsque la Chambre était sens dessus dessous, comme cela a été le cas récemment, et surtout lorsque des invités du Népal étaient présents, était de suspendre la séance et d’appeler les membres en désaccord dans son bureau pour résoudre le problème, après avoir été légalement conseillé par la ‘Clerk’ de l’Assemblée nationale », dit-il. « Peut-être que cela aurait permis plus de fluidité dans les affaires de l’Assemblée. En fait, c’est ce que faisait l’ancien Speaker lorsque la Chambre était complètement bouleversée. »

Fiche Perso :

Meilleur conseil de ses parents : « Sois toujours gentil envers les autres et ne tourne jamais le dos au Créateur »

Loisirs préférés : Lire et écrire des articles, le football, voyager

Dessert préféré : Baklava

Un professeur qu’il ne pourra oublier : Son prof d’Economics, Roshan Jhummun