[video] Misère humaine : Trois familles survivent dans une pauvreté extrême

Impossible d’imaginer qu’en 2019, surtout dans la circonscription du Premier ministre, que des gens puissent vivre dans une telle précarité. Un constat chez trois familles à L’Avenir, St. Pierre, nous a laissé ulcérés en voyant le combat de trois jeunes mères qui luttent pour élever leurs enfants, beaucoup en bas âge.  

Après avoir emprunté une impasse poussiéreuse, on se retrouve face à trois bicoques, en tôle  ondulée et en bois. La cour est un veritable dépotoir où les déchets s’accumulent. Trois femmes viennent à notre rencontre. Marie Lourde, 18 ans, et Cindy Natasha Oliette, 29 ans, sont deux sœurs, tandis que  Marie Sarah Jane Mathurin, 24 ans, est leur belle-sœur. Ces jeunes mères font face à touts les difficultés du monde pour pouvoir trouver une maison plus habitable pour élever leurs enfants.

 

 

Comme un malheur ne vient jamais seul, ces familles sont privées d’eau potable et d’électricité. Ces mères de famille doivent faire le plein d’eau chez des voisins afin de pouvoir se laver ou pour cuisiner.

12 enfants habitent l’enceinte. Ils courent dans tous les sens. Les ricaneries, les chamailleries et les pleurs témoignent de l’innocence de ces enfants, perdus dans leur propre monde. Interrogées sur leur absence à l’école, ces jeunes mères diront ne pas avoir les moyens de les envoyer à l’école. Une L’une d’elle nous confie qu’elle a dû cesser de les envoyer après qu’elle eût essuyé plusieurs reproches concernant leurs enfants. « Li ti pe kokin ban lezot zanfan zot manzé. Li vrai ki nou pena nanyé. Ceki nou gagné, parfwa nou donne zot », dit-elle d’une voix nouée de tristesse.

L’enfer des inondations

Durant la saison pluvieuse, leurs maisons sont submergées par les eaux. Un premier constat chez Marie Lourde. L’unique pièce témoigne des dégâts laissés par les intempéries. Elle a tout perdu lors des récentes inondations. Cette pièce sert de cuisine le matin et de chambre à coucher le soir, où elle et ses deux enfants essaient de fuir l’horreur de l’existence dans le sommeil. Quelques meubles cassés. Elle nous raconte qu’elle les a obtenus auprès des bons samaritains. « Bannes dimounes, des fois zot donne nou bannes zafer ki zot pas pou servi. Ladan mem nou gard ban zanfan zot linz », dit-elle.

Scénario similaire chez Sarah Jane, qui a trois enfants sous sa charge. Elle nous explique que son époux ne travaille pas. Émilie (prénom modifie), étudiante en prévocationelle, nous raconte qu’elle est obligée de dormir sur un matelas usé, à même le sol tous les soirs. Elle explique qu’elle doit utiliser des bougies pour faire ses devoirs. Par contre, sa cousine, qui est en Form IV, utilise une torche électrique afin de faire ses devoirs tous les soirs, avec l’aide de sa mère. Les jeunes filles expliquent que parfois, elles n’ont rien à se mettre sous la dent. « Nou mama ale dimandé. Parfwa, ban dimoune donné, mé parfwa nou bizin ale dormi ventre vide », font-elles ressortir.

Nous interrogeons les autres enfants. Comme tous les enfants, ces derniers ont un rêve : celui d’avoir un toit convenable afin de vivre comme des êtres humains avec leurs familles. « Nou anvi ress avek nou parent. Nou pa anvi ale CDU. Ce zis ki nou pe bizin ene lakaz pou resté », disent-ils.

Ces mères de famille lancent un appel aux Mauriciens afin de leur venir en aide, car ils ont besoin de matériels scolaires et des uniformes afin de pouvoir envoyer leurs enfants à l’école.

 Leur cour transformée en dépotoir 

Questionnée sur les piles de déchets qui s’accumulent dans leur cour, la tranformant en véritable dépotoir, Cindy, l’une des mères, nous explique qu’au fil des années, les ordures se sont accumulées car par manque de poubelle, ils n’arrivent pas à disposer de leurs rébuts ailleurs. Leurs nombreuses demandes pour des poubelles auprès du conseil de village se sont avérées vaines, car dít-elle, on obtient des poubelles qu’une fois par an, ce qui n’est pas suffisant. « Nou ine deza ale dimande, mais difficile pou gagne sa, zot pe fer ene tas diffikiltés », s’insurge-t-elle.

Ils se voient dans l’obligation de brûler les déchets, ce qui s’avère toxique et nocif pour les enfants. Notons également que ces derniers souffrent occasionnellement des démangeaisons de peau.