Mise en garde de la Muslim Youth Federation aux futurs hajees

Hajj 2017

« Le Centre Culturel Islamique (ICC) est en train de violer… ICC ACT».

“C’est triste de constater que cette année encore l’organisation du hajj se fera aux forceps dans la douleur.” Ces propos sortent de la bouche du président de la Muslim Youth Federation (MYF), Raffique Santally pour exprimer sa profonde colère devant, ce qu’il appelle, le ‘Dirty Game ‘concocté par le Centre Culturel Islamique (ICC).

« ICC pe viole ICC Act », renchérit-il, « et il temps d’y mettre bon ordre avant qu’il ne soit trop tard,» ajoute le président de la MYF. Raffique Santally nous rappelle les responsabilités de l’organisme qui sont de faciliter et de ‘monitor’ l’organisation du hajj tout en agissant comme un régulateur.

Or, ce n’est pas le cas, selon Santally. Pour preuve, il nous dira qu’à chaque fois que l’ICC a agi comme opérateur, il s’est fourré le doigt dans l’œil. Cela a été un véritable désastre en 1991, 2000, 2001 et 2016, année qui n’a laissé que de très mauvais souvenirs aux hajees. « Si banne Hajees fine reste trankil, ICC pou bizin répone devant Tribunal Allah », s’insurge notre interlocuteur.

L’ICC n’a ni les compétences voulues, ni l’expertise pour organiser le hajj, nous dit encore le dirigeant de la MYF. Ce qui agace le plus ce dernier, c’est la tentative de l’organisme de créer une situation malsaine, voire de distiller un sentiment d’animosité et d’hostilité parmi les opérateurs.

 

PROVISIONAL LICENCE

Cette année le Centre a procédé à l’enregistrement de 18 organisateurs, dont deux se sont retirés de la liste. Santally explique qu’une somme de Rs10,000 leur a été réclamée pour se faire enregistrer au lieu de Rs5000 mais insiste que la ‘provisional licence’ n’est pas inscrite dans la loi. Pourquoi donc un permis provisoire , se demande-t-il. L’ICC a imposé deux critères aux opérateurs pour se voir attribuer la licence de transporter les futurs hajees, à savoir, réserver un hôtel 3 étoiles qui ne doit pas se situer au de-là de 600 mètres de Haram Sharif avec chambres pour 2,3 ou 4 personnes au maximum, et informer ICC du prix et du package de l’hôtel.

Pour le président de la MYF, au vu de ce qui s’est passé l’année dernière, L’ICC encaisse un <own goal> pour n’avoir pas respecté ses propres critères. Pourquoi l’organisme exige-t-il de telles conditions cette année ? Et si un hôtel se situe plus loin que les 600 mètres et loue des chambres accomodant 5 personnes ou plus, comment alors respecter le package conclu avec le futur hajee, s’interroge Santally. Et ce n’est pas fini. On aurait proposé aux opérateurs de conclure un ‘verbal agreement’ avec les propriétaires d’hôtel en Arabie Saoudite.

Une pratique qui n’existe pas là-bas. L’ICC les a même prévenus de ne pas payer sans avoir obtenu un contrat. De plus, il n’y a aucune garantie que les futurs hajees logent dans le même hôtel qui leur l’a été proposé. Or, seuls les hôtels détenant le label TASNIF du ministère du Hajj saoudien ont le droit de louer leurs chambres, soutient le président de la MYF.

 

Pas sérieux

Selon ce dernier, ICC, de par son manque de professionnalisme, montre qu’il n’est pas une institution sérieuse, ayant à cœur le bien-être des hajees. L’ICC Act prévoit de délivrer un licence opérationnelle aux organisateurs de hajj qui se doivent de prendre un hôtel reconnu par le ministère du hajj. A Maurice tout se complique, désormais. Un opérateur doit transporter au minimum 50 personnes mais ne sait pas encore quel est le nombre qu’il peut emmener au maximum.

Dans le passé, il pouvait transporter jusqu’à 100 personnes au maximum. Autre grain de sable: Si un opérateur agréé ne parvient pas à atteindre le chiffre de 50, son contrat lui sera retiré automatiquement. Que se passera-t-il s’il a déjà signé un contrat avec les futurs hajees ?

 

Special service : Rs 17000 pour 5 jours

Ce service spécial, auparavant optionnel, est devenue obligatoire. Le coût est passé de 1300 à 17000 riyals, soit Rs 1700. La MYF suggère qu’un survey soit effectué auprès des futurs hajees afin de savoir s’ils en ont besoin ou non. Pour cinq jours seulement passés à Minah et Arafat, le cout devient excessivement onéreux, selon la MYF.

 

Vigilance de mise

Raffique Santally demande aux futurs hajees d’etre plus vigilants dans leur choix. Pour un même hôtel plusieurs prix leur seraient proposés. Il rappelle comment l’ICC avait « «booked» l’hôtel Dar Al Naeem à Madina l’année dernière mais que pour non-paiement, l’organisme n’a pu retenir l’hôtel. Idem pour cette année, l’hôtel Reyada Gran avait été retenu puis rendu, mais des opérateurs continuent à suggérer son nom aux futurs hajees. Le président de la MYF demand aux futurs hajees d’interroger les responsables de l’ICC pour plus d’éclaircissements avant d’entamer toute procédure ou démarche.

 

Soodhun, l’homme providentiel ?

Selon Raffique Santally, l’ICC favoriserait certains opérateurs au détriment des autres, créant la zizanie entre eux-mêmes. La mauvaise expérience de l’année dernière n’aura pas apporté de leçon, estime-t-il.

A une question de savoir si le ministre Showkatally Soodhun peut aider à solutionner les problèmes du hajj, d’emblée le président de la MYF répond par l’affirmatire, à condition que le ministre laisse toute rancune de côté. Il reconnait que Soodhun est au courant de tous les rouages du hajj, connaissant toutes les procédures et formalités. Tout peut et devrait se faire dans le dialogue et la concertation au niveau des gouvernements mauricien et saoudien. Et Raffique Santally de préciser que c’est la MYF qui ’ fine amène Soodhun lor simin Hajj’.

 

Une Hajj & Umrah Authority

Pour le président de la MYF, il n’y a plus de place pour l’amateurisme dans l’organisation du Hajj. L’ICC n’arrrive plus à assumer ses responsabilités. Le fiasco retentissant de 2016 est une prueve flagrante de sa faiblesse d’organisation, dénonce Santally. La qestion de créer une Hajj & Umrah Authority revient sur le tapis.’’Cela fait des années que la MYF appelle les autorités de créer cette autorité. Mais je n’arrive pas à comprendre pour quelle(s) raison(s) elles font la sourde oreille,’’ se plaint Raffique Santally. ‘’L’ICC s’occepera des activités culturelles ou religieuses alors que L’Authority prendra charge uniquement des affaires du Hajj.’’ Il insiste que l’organisation du hajj réclame davantage de doigté et d’expérience, car c’est dans la frayeur d’Allah qu’on doit gérer le 5éme de pilier l’Islam.

Autre bémol qui pourrait déranger : l’ICC veut ajouter un autre critère aux conditions imposées aux opérateurs, selon l’information du président de la MYF. Ceux âgés de plus de 60 ans ne pourront plus se rendre en Arabie Saoudite pour accompagner les futurs Hajees. Samtally se pose la question de savoir si tous les membres de Hajj mission qui se déplacent pour la Terre sainte ont moins de 60 ans. A ce jour aucune explication ou raison n’a été fournie pour justifier cette décision,  selon Raffique Santally.

A la fin de notre entretien, le président de la MYF est revenu sur la question de l’hôtel 3 étoiles. Il demande que la Pre-Hajj Mission de l’ICC se rend le plus tôt en Arabie Saoudite pour négocier avec les propriétaires éventuels. Au moins nos 1300 futurs hajees seront soulagés d’avoir ‘value for money’ avec la garantie de loger dans un hôtel de haut standard,’’ a souhaité Santally.

 

Dr Hussein Soobratty, Chairman de l’ICC

« Pas de polémique avec quiconque avant Hajj »

Dans un souci d’impartialité, nous avons approché le Dr Hussein Soobratty, Chairman du Centre Culturel Islamique (ICC) pour avoir plus d’éclairage sur la préparation du Hajj cette année.

Concernant le critère exigeant un opérateur à louer un hôtel 3 étoiles avec des chambres pour quatre personnes au maximum, Dr Hussein Soobratty a confirmé que ce critère existe depuis belle lurette, même avant 2015 et que cela s’applique à tous les opérateurs. Le but, nous dit-il, c’est d’éviter qu’un opérateur soit pénalisé par la Muassassa au cas où il est pris en flagrant délit de loger plus de quatre Hajees dans une chambre.

Le Chairman a laissé entendre que l’octroi des provisional licences n’est pas son invention. Cette pratique a de tout temps prévalu avant de finaliser le contrat d’un opérateur.

« Cette année encore un opérateur doit transporter un minimum de 50 personnes. J’ai laissé le nombre maximal ‘open’ au lieu d’arrêter un chiffre exact. Si un opérateur vient dire à l’ICC qu’il a 300 futurs hajees sur la liste, il aura comme les autres opérateurs avec 50 hajees son visa », nous a expliqué le Dr Soobratty.

Quant au critère n’autorisant pas un opérateur de plus de 60 ans à accompagner les hajees, le Chairman affirme que ce n’est pas le cas.

Dr Soobratty a profité pour annoncer qu’il rencontre les opérateurs et les futur hajees ce matin au Centre pour faire une présentation de l’organisation du Hajj. Il s’agira du coût global, des hôtels retenus, entre autres.

En terminant, Dr Soobratty nous dira qu’il n’a rien de personnel contre ‘Bhai Raffique’ et qu’il ne veut pas entrer en conflit ou dans une polémique avant le Hajj. Pour lui aussi, c’est le bien-être des hajees qui doit primer.

S.N