MedPoint : Points made

MedPoint : Points made

Devant la Cour suprême cette semaine, Clare Montgomery « made her points clear ». Rashid Ahmine et les avocats de la commission anti-corruption n’ont pas été en reste pour honorer leur noble mission. Les observations de la défense et de la poursuite n’ont pas manqué d’importance et de pertinence. Au président de notre plus haute instance judiciaire, Keshoe Parsad Matadeen, et au Puisne Judge Asraf Caunhye de trancher dans l’intérêt de la justice. De cette une et indivisible justice. Tous les regards, d’ici et d’ailleurs, sont désormais braqués sur ces deux hommes de probité. Leur jugement fera date dans les annales de ce pilier de la démocratie.

Nous ne disons pas que le justiciable Pravind Jugnauth n’est pas un homme intègre. Nous trouvons simplement qu’il y a une tache noire sur la chemise blanche qu’il porte. Elle s’appelle MedPoint. Pour laver son honneur après sa condamnation à la prison par la Cour intermédiaire, il a démissionné comme ministre, a interjeté appel et est allé retenir les services d’une avocate britannique experte en conflits d’intérêts.  Mardi matin, à rue Pope Hennessy, Port-Louis, les dispositifs de sécurité mis en place par la police ont fait croire qu’il y aura débordement des sympathisants orange. En vérité, il y a eu un défilé de quelques ministres dont deux ont la cote pour une possible intronisation si le malheur du leader du MSM se poursuivra.

Au lendemain de la rentrée des classes 2016, la responsable du portefeuille de l’Éducation nationale n’avait pas mieux à faire que de venir écouter des plaidoiries en guise de solidarité à son chef et de somnoler par moments ! Pour se solidariser de leur ex-collègue du Cabinet et patron du Sun Trust, ce déplacement devant le Bench de la Cour no1 était-il justifié au détriment de la gestion des affaires des institutions de la République ? Alors que le CCID est submergé de dépositions et d’investigations, l’un de ses hauts gradés a aussi voulu se faire voir dans l’enceinte de la Cour suprême… Soutien au politicien, à la police, à l’ICAC, simple curiosité ou présence indispensable pour une raison toute particulière ?

Dans un climat de suspicion, de spéculations et de suppositions, de vrais enjeux et de faux procès que certains ont eu l’outrecuidance et la maladresse de faire  pour amplifier la perception que « the cat is in the bag » parce que Pravind Jugnauth est le fils du Premier ministre et qu’il sera son successeur à la tête du pays, que les deux juges se sont retirés, mercredi dernier, pour réserver leur jugement, lequel est attendu avec beaucoup d’impatience. Celui, motivé, des magistrats Niroshini Ramsoondur et Azam Neerooa sera-t-il renversé, « the points made » par Me Clare Montgomery, c’est-à-dire les moyens qu’elle a fait valoir, ayant été à la hauteur pour convaincre la juridiction de prononcer en faveur de son client ? Les privilégiés qui ont assisté aux deux jours de débats entre l’avocate anglaise de Matrix Chambers et Me Rashid Ahmine, Senior Assistant DPP, s’accordent à dire que tous les points en litige ont été discutés et débattus à fond et selon les normes et les procédures juridiques. Les juges apprécieront lors de leurs conclusions écrites.

Notre Cour suprême, qui dispose de « unlimited jurisdiction to hear and determine any civil or criminal proceedings under any law other than a disciplinary law… », demeure une référence, pas seulement ici et sur le continent noir, en matière d’indépendance, d’impartialité et d’intégrité. Indubitablement, le jugement Matadeen-Caunhye le prouvera et fera jurisprudence. C’est tout le mal que nous souhaitons à notre judiciaire et au respect qu’il commande.

Iqbal Oojageer