Le virus de la mauvaise gouvernance semble plus contagieux que la Covid-19. Après la SBM, Air Mauritius et autres entreprises étatiques, c’est au tour du joyau de la république, Mauritius Telecom, de basculer dangereusement vers la précipice.
Lors d’une rencontre avec les syndicats en fin de semaine, la direction de Mauritius Telecom a annoncé qu’elle ne pourra respecter son engagement de revoir les conditions de service de ses employés. Le CEO de Mauritius Telecom a évoqué la mauvaise santé financière de la compagnie pour justifier cette décision. L’exercice de révision salariale est pourtant scellé dans l’accord collectif et vise à revoir les conditions d’emploi et recalibrer les grilles salariales. De plus, une source au ministère des Finances trouve étonnant que Mauritius Telecom doit avoir recours aux découverts bancaires pour gérer son quotidien. Du jamais vu dans les annales de la compagnie.
A noter qu’en mai 2019, Mauritius Telecom (MT) se vantait de ses revenus de Rs 10 606 000 000 avec la réalisation d’un profit record de Rs 1 304 000 000. En annonçant le bilan financier de 2019, Sherry Singh avait énoncé les cinq priorités de l’entreprise, qui sont devenues les pierres angulaires de son succès. Notamment : 1) la connectivité enrichie ; 2) Service de classe mondiale ; 3) Diversification et acquisitions à l’étranger ; 4) Innovation ; 5) Création de la valeur pour la société. La barre pour 2020 était fixée à Rs 2 milliards, soit le chiffre réalisé en 2007. Ajouter à ceux-là, il faut compter les 1,9 milliards que devait rapporter le projet « d’asset recovery » qui consiste de la vente des centaines de kilomètres de câbles en cuivre. Un projet qui avait fait beaucoup de bruit avec l’affaire « Copper Gate » dont on entendra bientôt le deuxième épisode.
L’avènement de la Covid-19 ainsi que le confinement a boosté la consommation des services de téléphonie. La baisse due à la chute dans les arrivées touristiques est jugée négligeable dans le milieu des professionnels. Le bilan de MYT Money et les milliards investies par Sherry Singh depuis son arrivée devrait en toute logique refléter dans les chiffres de 2019-2020. A moins que tout ce qui nous a été vendu jusqu’ici ne soit qu’un écran de fumée. C’est du moins ce que pense un ancien syndicaliste poussé à la retraite par Mauritius Telecom pour avoir posé des questions jugées embarrassantes.
