Mauritius Maritime Training Academy

Une institution sans gouvernail

  • Une enquête permet de révéler des maldonnes sur le recrutement

C’est l’une des institutions les plus importantes de l’île en termes de formation pour les jeunes aspirants du monde maritime. Pour naviguer, il est obligatoire de posséder une reconnaissance et un certificat de la Mauritius Maritime Training Academy de Pointe-aux-Sables. Cependant, depuis des années, cette institution fait face à une politisation incroyable. Si celle-ci ne concerne pas directement les employés et autres personnes de l’administration, certains cas de recrutements sont parfaitement questionnables.  

Vers la fin de l’année dernière, soit au mois d’octobre, cette affaire avait été soulevée pour la première fois sur la place publique et concerne le recrutement de nouveaux étudiants de l’école navale. Minimisés et réduits à des simples spéculations à l’époque, les faits allaient être confirmés quelques semaines après une enquête interne commanditée par le ministère de l’Économie océanique, des ressources marines, de la pêche et de la navigation.  Le 15 octobre 2018, « l’Interim Report concerning recruitment of trainees at Mauritius Maritime Training Academy » allait être déposé sur la table du Permanent Secretary par l’Assistant Manager Internal Control, J.C. Duval.

Jamais deux sans trois

Alors que l’enquête que menait J.C. Duval concernait deux des vingt-deux participants qui s’étaient inscrits à la MMTA pour une formation en Basic Safety Training, en Crowd Management, en Crisis Management & Human Behaviour et en Proficiency in Security Awareness. Ces deux candidats, un dénommé D.C. habitant le Sud et une certaine V.S.R. qui vit dans l’Est, sortaient du lot par une irrégularité inquiétante.

Selon les ‘findings’ du rapport, D.C. a échoué à deux reprises au Proficiency Test in English. À sa première tentative le 18 juillet 2014, il avait obtenu 36 points sur un total de 90. Soit un pourcentage de 40 %, alors que le Pass Mark est de 50 %. À sa seconde tentative le 8 septembre 2014, D.C. obtint 41 points, soit un taux de 46 %.

Cela n’empêchera pas le principal de la MMTA, Marday Armoogum Moorghen, d’indiquer dans une lettre adressée au Deputy Director of Shipping Alain Donat, que D.C. « has cleared the written and practical examinations and is eligible for Oral Examination ». Le nom du candidat figure sur le document qui contient la List of Trainees for Oral Exams. D. C. réussit à l’examen oral, comme l’atteste une correspondance échangée entre l’Ag. Deputy Director of Shipping et le Secrétaire permanent du ministère de l’Économie océanique et des ressources marines, en date du 6 février 2015. Le candidat est admis à l’Académie.

Similitude dans le cas de la candidate de l’Est, les ‘findings’ sont éloquents. « Moreover, even if candidate VSR really submitted her application on 19.11.14 as indicated above, she did not provide any documentary evidence to support this. […] She missed the three Proficiency Tests in English […] Consequently her application should have been rejected ». Cependant V.S.R. obtiendra au final trois certificats en date du 17 mars 2015 : en Basic Safety Training, en Crowd Management, Crisis Management & Human Behaviour et en Proficiency in Security Awareness, lesquels sont signés par le ‘principal’ de la MMTA.

Mais l’enquête interne menée sur les cas de D.C. et de V.S.R. révèlera un troisième cas. « During the investigation it was observed that another candidate named A.H who state in his application form that he has studied up to GCE Level, did not provide documentary evidence to support this », dit l’auteur du rapport.  Cependant, ce dernier concèdera, « In the absence of relevant signatures, it could not be determined who authorised the three ineligible candidates, namely DC, VSR and AH »,  lit-on.

Le ministère ne recommande aucune action contre le ‘Principal’

Marday Armoogum Moorghen, le ‘Principal’ de l’école navale, n’a jamais été inquiété par le ministère de tutelle. Dans le rapport intérim, l’Assistant Manager Internal Control revient sur des allégations formulées contre Armoogum Moorghen concernant l’utilisation par ce dernier de la machine à fax et du ‘petty cash’ à usage personnel (‘Private Business Purposes’). Cependant, il sera épargné de toute sanction car l’affaire date de plus de 10 ans et que la somme utilisée n’est pas conséquente.

Affaire Chavrimoothoo : le capitaine exige des paiements de la MMTA

Nous avons évoqué la semaine dernière le cas du capitaine Jacques Chavrimootoo. Sollicité pour des explications, ce dernier nous dira qu’il exige des paiements de la part de la MMTA et ce jusqu’en 2021, soit à la date de l’expiration du certificat obtenu par la MMTA auprès de l’International Maritime Organisation (IMO) après avoir fait usage des compétences de Jacques Chavrimootoo. « Ils ont utilisé mes compétences. Ils doivent me payer, un point c’est tout. Je suis inquiet pour le niveau de l’enseignement, car la majorité des élèves conversent difficilement en anglais et les deux Indiens enseignent uniquement en anglais. Voilà ce que la MMTA voulait faire en me renvoyant chez moi », dit-il.