La fin de 2016 a été particulièrement mouvementée pour le PMSD. Ce début de 2017 le sera encore plus. D’autant que l’écurie bleue a décidé de reprendre son bâton de pèlerin afin d’animer une série de réunions dans les quatre coins du pays. Le but ultime étant, bien entendu, de reconquérir le pouvoir avec Xavier Duval comme Premier ministre. C’est ce que nous révèle le secrétaire général du PMSD dans l’entretien qu’il nous a accordé. Mamade Khodabaccus revient aussi sur les divergences entre son parti et ses anciens alliés de l’Alliance Lepep, en martelant sans cesse que le PMSD a sauvé la démocratie en démissionnant du gouvernement en décembre.
Zahirah RADHA
Q : Le PMSD a déserté l’Alliance Lepep alors qu’on s’y attendait le moins. Le ‘Prosecution Commission Bill’ a-t-il été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase ?
R : Effectivement. Il y avait beaucoup de divergences sur plusieurs sujets, dont la ‘Good Governance and Integrity Reporting Act’. Les premières secousses s’étaient fait ressentir après l’éclatement de l’affaire BAI. Cependant, nous avons toujours essayé de les accommoder. Les récents amendements à la POTA nous avaient également irrités. D’ailleurs, aucun de nos membres n’avait participé aux débats parlementaires. Ce qui en dit long sur notre état d’âme. Les divergences se sont accumulées et la ‘Prosecution Commission’ était la limite à ne pas dépasser. Enough is enough.
Cela dit, je dois souligner qu’à chaque fois que le PMSD a quitté le gouvernement, il l’a fait sur une question de principe. Aujourd’hui, les Mauriciens doivent se rendre compte du sacrifice qu’a fait le PMSD pour sauver la démocratie et libérer le pays de la dictature. Le PMSD a toujours mis le pays au centre de ses intérêts. Pays avant tout. Comme le disait sir Gaëtan Duval, nous sommes les gladiateurs de la liberté et nous allons nous battre pour la liberté des Mauriciens. On ne peut pas se permettre de jouer avec la Constitution de la sorte. Si on a commencé avec le DPP, demain on peut faire n’importe quoi, voire abolir le Privy Council. En démissionnant, le PMSD a mis un frein à cette dérive. J’espère que les Mauriciens réalisent le service qu’on a rendu à la nation en quittant le gouvernement.
Q : Mais pourtant c’est bien votre leader, Xavier Luc Duval, qui présidait le comité chargé de se pencher sur la création de cette commission. Pourquoi n’a-t-il pas exprimé ses réserves ?
R : Xavier Duval a déjà expliqué dans quelles circonstances il a été amené à assumer la présidence de ce comité. Il y avait eu une première dispute au Cabinet après qu’il eut exprimé son désaccord sur le projet de loi. Xavier est un expert-comptable et il était entouré de plusieurs avocats qui lui faisaient accroire que le ‘bill’ était bon. Mais il a quand même fait certains changements. Quand le projet de loi est retourné au conseil des ministres, il a de nouveau exprimé certaines réserves. Et là, il y a eu une autre dispute. Nous n’étions pas d’accord sur deux points : primo, l’empressement avec lequel le gouvernement voulait faire voter ce projet de loi et secundo, la question de rétroactivité. On avait demandé à ce que la clause de rétroactivité soit enlevée et que l’étape du vote soit repoussée à mars afin de permettre un débat élargi sur la question. Les Mauriciens n’ont, semble-t-il, pas encore compris c’est quoi le ‘Prosecution Commission Bill’. D’ailleurs, les avocats et la ‘Law Society’ sont contre ce projet de loi. J’aimerais bien qu’on vienne nous expliquer les raisons de cet empressement et cette rétroactivité.
Q : Que répondez-vous à Ramalingum Maistry qui soutient que la décision du PMSD de quitter le gouvernement était unilatérale et mal inspirée ?
R : Croyez-vous que j’ai le temps de répondre aux vendeurs et aux menteurs ? Il dit qu’il est membre du PMSD depuis 30 ans. Or, autant que je sache, en 1996, il avait posé pour l’alliance MMM-PTr. Son parcours politique, il le doit à Xavier Duval. Et ce même Maistry qui avait menacé de quitter le PMSD s’il n’obtenait pas de ticket pour les législatives de 2014. Pour nous, le départ de Maistry est synonyme de bon débarras.
- « Nous ne serons ni une opposition loyale, ni une opposition mollo-mollo. Le leader de l’opposition est d’humeur d’attaque et il assumera son rôle pleinement ».
Q : Appréhendez-vous d’autres défections au sein du PMSD ?
R : Le PMSD a démontré exactement ce que c’est que la solidarité envers la ligne du parti. Il a servi de leçon à la classe politique. Les onze députés bleus ont tous démissionné du gouvernement. Nous espérons que cela sert d’exemple aux politiciens de tous bords. S’ils sont là, c’est grâce à leur parti. J’espère qu’il n’y aura pas de vendeurs et de transfuges à l’avenir.
Q : Qu’en est-il de la position de Marie-Claire Monty qui s’est dit être un soleil?
R : Mme Monty, je dois le dire, a eu des problèmes d’ordre personnel. Mais elle est en contact avec nous et elle est toujours membre du PMSD.
Q : La décision de votre parti à l’effet que les maires et adjoints-maires bleus resteront en poste, quitte à subir une motion de blâme du MSM, n’est-elle pas en contradiction avec la démission du PMSD du gouvernement ?
R : Pas du tout. On a démissionnés du gouvernement sur une question de principe et pour mettre fin à une dérive. En ce qu’il s’agit des collectivités locales, on a été élus ensemble. Et aux dernières élections municipales, c’est le PMSD qui a été la locomotive de l’Alliance Lepep. C’est grâce à nous que cette alliance a remporté 120-0 dans les cinq villes, car le MSM et le ML n’y ont pas d’assises. Maintenant si on veut se débarrasser du plus gros composant de cette alliance, les divers conseils municipaux n’auront plus de légitimité. Dans une telle éventualité, on va réclamer la tenue des élections municipales.
Q : Y aurait-il une entente sous-tapis entre le PMSD et le PTr, ce qui aurait poussé Xavier Duval à « danse dans les bras Navin Ramgoolam », comme l’a dit Ivan Collendavelloo ?
R : Sa c’est argument banne faibles sa. Croyez-vous que Xavier Duval est aussi imbécile qu’il va quitter le gouvernement pour grossir l’opposition trois ans avant les élections seulement pour faire plaisir à Navin Ramgoolam ? It makes no sense. Comme je l’ai déjà dit, on a toujours démissionnés sur une question de principe, comme on l’avait fait en 2014 quand le gouvernement d’alors voulait abolir le ‘Best Loser System’. On ne démissionne pas pour faire plaisir à qui que ce soit.
Q : Pensez-vous que votre parti a été à la hauteur de la confiance placée en lui par l’électorat en décembre 2014 durant ces deux dernières années au gouvernement ?
R : Je pense que la population s’est rendu compte que c’est le PMSD qui a été à la hauteur de l’espoir qu’elle avait placée en l’Alliance Lepep. D’ailleurs, c’est Xavier Duval qui a été successivement plébiscité comme le politicien favori des Mauriciens dans les divers sondages qu’il y a eu ces derniers temps. Le PMSD a répondu aux attentes de la population. Xavier a fait un excellent travail à son ministère. Il en va de même pour Aurore Perraud et Dan Baboo.
- « Le PMSD a été la locomotive de l’Alliance Lepep pour les municipales. C’est grâce à nous que cette alliance a remporté 120-0 dans les cinq villes, car le MSM et le ML n’y ont pas d’assises ».
Q : Et quid de la performance des autres ministres de la défunte Alliance Lepep ?
R : Il y a des ministres, à l’instar de Nando Bodha, qui ont bien travaillé. Mais d’autres, par contre, n’ont pas été à la hauteur des exigences de la population.
Q : Le PMSD est-il prêt à assumer rôle d’opposition à l’Assemblée nationale ?
R : Oui, pleinement ! Nous agirons comme un vrai chien de garde. Nous ne serons ni une opposition loyale, ni une opposition mollo-mollo. Le leader de l’opposition est d’humeur d’attaque et il assumera son rôle pleinement.
Q : Votre parti compte-t-il travailler de concert avec les partis de l’opposition pour provoquer des élections générales anticipées?
R : On va tenir une série de réunions dans les vingt circonscriptions à partir de demain. Dans n’importe quel cas de figure, en alliance ou pas, on va présenter Xavier Duval comme Premier ministre aux prochaines élections. Avec son aura, sa compétence, son désir de servir le pays et sa flamme de défendre les plus faibles, nous pensons qu’il a tous les mérites pour être Premier ministre.
Q : Pensez-vous que la population soit prête pour accepter qu’un non-Hindou accède à la tête du pays ?
R : Définitivement. Le PMSD est le seul parti ayant rassemblé 15 000 personnes lors d’un meeting ou d’un congrès durant ces dix dernières années. Et chez nous, péna guette figir. Nous privilégions la méritocratie et la compétence au détriment du communalisme et du castéïsme. Xavier est accueilli à bras ouverts là où il passe, que ce soit en régions urbaines ou rurales. Et nous sommes persuadés qu’il va continuer sur sa lancée. Il est le seul politicien qui soit le plus apte à occuper les fonctions premier-ministérielles.
Q : Mamade Khodabaccus, nouvelle année rime avec nouvelle résolution. Quelle est celle de votre parti pour 2017 ?
R : Prendre les rênes du pouvoir ! Et cela dès cette année. Xavier sera définitivement Premier ministre cette année-ci !
