Maldonne autour de l’octroi d’un contrat : le Bid Evalutation Report ignoré

Conseil de district de Savanne

  • Le dénonciateur s’en remet à l’ICAC, au DPP, au PMO et… à l’ambassade de Chine

Tout commence au milieu du mois de juin lorsque le pot-aux-roses est découvert par un conseiller du village de Rivière-du-Poste, Kailash Boyragee.  Alors que le District Council de Savanne projetait d’acheter deux bétonneuses pour les travaux dans la région, un exercice d’appels d’offres a été, comme l’exige la loi, effectuée. De cet exercice, trois compagnies avaient exprimé leurs intérêts à fournir deux bétonneuses comme demandé, mais au fil des jours, le ‘highest bidder’ est sélectionné, faisant fi de la recommandation du Bid Evaluation Committee.

Il ne compte pas baisser les bras. Kailash Boyragee n’en revient pas de ce qui a pu se produire au sein du Conseil de district de Savanne. Dans un document qu’il nous a fait parvenir, on y voit clairement  les quatre devis (une des trois compagnies a soumis deux devis) reçus par le Bid Evaluation Committee qui a été mis sur place pour étudier les offres des compagnies et les produits proposés, mais surtout pour veiller à ce que les critères soient respectés.

Le devis le plus élevé est celui de Construction/Material Handling Ltd, pour la somme de Rs 506 000. Agri Plus Ltd a soumis un premier devis pour des bétonneuses provenant de Chine pour la somme de Rs 124 200 et un deuxième devis à hauteur de Rs 230 000 pour des bétonneuses italiennes. Bien que le Bid Evaluation Committee a recommandé Agri Plus Ltd, le contrat a finalement été octroyé à Construction/Material Handling Ltd, le highest bidder.

À l’ICAC, Kailash Boyragee parle de maldonne autour de l’allocation de ce contrat. Il va même plus loin, en affirmant que « le procès-verbal a été faussé ». « Lors de la réunion du 1er juin, le Chief Health Inspector s’est opposé à la décision du comité d’évaluation. Il a dit que les bétonneuses d’Agri Plus Ltd ne sont pas conformes aux normes puisqu’elles viennent de la Chine, alors que ce que propose la compagnie choisie proviennent d’Angleterre.  Cela a tout changé. Je ne comprends pas comment le Bid Evaluation Report a pu être ignoré de la sorte. On veut protéger qui ? », se demande le conseiller.

Ce dernier avance également qu’il a été « conseillé » par la CEO du District Council pour qu’il aille rapporter le cas à l’ICAC. « Quand j’ai demandé des explications, elle m’a dit d’aller à l’ICAC si je le voulais. J’y suis donc allé », dit-il.

Cependant, Kailash Boyragee ne s’arrêtera pas à l’ICAC. Il a envoyé une lettre au DPP pour que des actions soient prises. Il a également expédié cette lettre au bureau du Premier ministre et à l’ambassadrice de Chine à Maurice. Pourquoi cette dernière démarche ? « Ils disent que les produits provenant de la Chine ne sont pas de bonne qualité. Il faut avertir les autorités chinoises de ce que pensent certaines personnes sur cela », dit-il.

Si pour le moment Kailash Boyragee se désole qu’aucune action n’a été prise contre les personnes concernées, il dit croire dans l’indépendance de la commission anti-corruption. « Mo pou veiller ki sa pa passe couma enn lettre à la poste », avance-t-il. Le conseiller demande ainsi à la CEO de « step down » le temps que l’enquête soit bouclée, afin pour qu’elle ne puisse « tamper with evidences ».

Au niveau du Conseil de district, personne ne se prononce sur le dossier, préférant attendre l’enquête de l’ICAC.  La compagnie Agri Plus Ltd préfère également ne pas se prononcer sur cette affaire.