“L’UoM démontre peu de volonté à répondre aux attentes et à relever les défis”, soutient le panel d’auditeurs

Il y a une semaine à peine, le Premier ministre, Pravind Jugnauth, dans son message à la nation diffusé sur les chaînes de la télévision nationale le mardi 1er janvier, annonçait en fanfare que désormais l’accès aux universités publiques sera gratuit. Cependant, les deux principales universités de l’île, soit l’Université de Maurice (UoM) et l’Université de Technologie de Maurice (UTM) sont sous les feux roulants des critiques. Coup sur coup, quelques mois seulement après la publication du Quality Audit Report University of Technology of Mauritius Third Cycle Audit en juillet 2018, voilà qu’un Quality Audit Report University of Mauritius Third Cycle Audit vient mettre en exergue les problématiques inquiétantes de l’UoM.

Marwan Dawood

Commandité par la Tertiary Education Commission (TEC), le rapport Quality Audit relève des gros points noirs concernant la principale université publique de l’île Maurice. Classée au premier rang des institutions tertiaires publiques chez nous, l’UoM se retrouve dans une impasse et devra suivre les recommandations du rapport afin de mieux répondre aux défis à venir.

D’emblée, le panel d’auditeurs cible le staff de l’UoM.  Il se dit «inquiet » de constater que plusieurs membres du personnel tombent dans la complaisance (‘comfort zone’). Pendant la préparation du rapport, les auditeurs expliquent que les employés questionnés ont donné l’impression d’être « disengaged » et «dépassés » dans leur fonctionnement et leur façon de réfléchir.  Une situation « préoccupante » pour les auditeurs, d’autant plus que le secteur de l’éducation tertiaire est en pleine croissance.

« L’UoM démontre peu de volonté à répondre aux attentes et à relever les défis qui touchent ce secteur », lit-on dans le rapport. Par ailleurs, d’un ton plus sévère, les auditeurs expliquent que si rien n’est fait à temps, l’UoM pourrait être considérée « irrelevant » et « self-referential, in the eyes of industry, society and students ».

À part les membres du personnel, la Quality Assurance Unit en a aussi pris pour son grade. Un extrait du rapport explique que les choses ne sont pas claires dans cette unité. « The role, responsibilities and functions of the actual Quality Assurance Unit are not responding adequately to the basic quality assurance and standard development requirements at the UoM », écrivent les auditeurs dans le rapport rendu public en ce début d’année.   Par ailleurs, les auteurs du rapport recommandent foncièrement à ce que des actions soient prises pour remédier à la situation. « The UoM should align with international criteria and use analytical data for informed institutional planning », lit-on dans le rapport.

La bibliothèque de la honte…

La gestion de la bibliothèque de l’UoM a souvent alimenté la colère des étudiants sur Facebook et ailleurs. Cela aurait été une surprise si la bibliothèque n’avait pas figuré sur la liste des infrastructures critiquées. Les publications qui sont actuellement disponibles à la bibliothèque sont, selon les auditeurs, « outdated or incomplete and access to online journal is limited ». La direction de l’université a toutefois informé les auditeurs que la remise à niveau de la bibliothèque va démarrer incessamment. Les travaux qui seront entrepris par l’université doivent s’aligner avec la transformation que le secteur de l’enseignement supérieur est en train de vivre, « with respect to how university libraries are physically arranged and takes into account the impact of the use of electronic ressources over and against the proportion of hard copy book holdings to retain ». En somme, les auditeurs considèrent qu’une bibliothèque moderne contribuera de manière significative dans la vie académique des étudiants.

Carton rouge à Sharda Rekhadevi Issur-Goorah

Le carton rouge va  à la Registrar de l’UoM. Sharda Rekhadevi Issur-Goorah a récemment essuyé de vives critiques des membres du personnel de l’institution publique mais cette fois-ci, ce sont les auditeurs choisis par la TEC qui critiquent vertement la Registrar. « The Audit Panel finds it unacceptable that the Registrar, who should be demonstrating a high level of leadership, was unavailable to meet with the Panel. This was important, given that one of the themes under consideration, namely that the Student Experience is under that portfolio », explique le rapport.

Terrain miné pour les finances

Aujourd’hui, la principale université à Maurice souffre d’une précarité financière et cela se voit surtout à travers la qualité et l’état des infrastructures. Le Quality Audit Report estime que la situation se complique pour la direction du campus de Réduit. Ces derniers échouent lamentablement à rehausser et a maintenir ses « physical & IT infrastructures », et n’arrive pas à retenir le « level of human ressources needed to provide quality higher education ».

Cependant les recommandations du Quality Audit Report risquent d’être caduques avec l’annonce du Premier ministre le 1er janvier dernier.  En effet, le rapport recommande à ce que l’UoM adopte des stratégies afin de se débarrasser du « Subsidy-cost mentality ».   

Pour les auditeurs, l’UoM doit pouvoir identifier de nouvelles opportunités afin de « generate alumni ressources, stimulate internal growth and incorporate a commercial pricing capability ».