L’Islamic Cultural College Form VI :  Twahir Essmallgee sort du lot

La patience porte ses fruits. Ce n’est pas la direction de l’Islamic Cultural College Form VI qui dira le contraire, car après 14 ans de son existence, c’est la première fois qu’un de ses étudiants décroche une bourse d’État. Pour le recteur du collège, ce n’est que le début…

Irfaan Khodabocus

23 juillet 2019. Cette date restera à jamais gravée dans l’histoire de ce collège, unique dans son genre à Maurice. Et pour cause ! Le collège, spécialisé dans l’enseignement du HSC seulement (grade 12 et 13), a en effet fait son entrée dans la cour des grands, grâce à l’élève Essmallgee Muhammad Twahir Zuhayr Nizamuddin. Ce jeune homme a été sacré lauréat dans la filière Sciences.

Après avoir eu plusieurs classés, et passé à côté du sacre à maintes reprises,  le premier lauréat du collège Islamic est enfin là. Les anciens étudiants de ce collège de Vallée-des-Prêtres sont d’ailleurs déjà des professionnels, comprenant des médecins, des avocats, des comptables, des enseignants, des architectes, des journalistes, des entrepreneurs… bref, la liste est longue. Le lauréat ne vient qu’embellir le gâteau, avec la proverbiale cerise.

Twahir, 20 ans, est la raison derrière la fierté visible du personnel du collège Islamic. Le jeune homme a débuté sa scolarité à l’école du gouvernement Villiers René pour ensuite se faire accueillir au collège James Burty David à Bell-Village, où il a étudié jusqu’à la forme V. Ayant eu de très bonnes notes, ce Portlouisien décide alors d’entamer le HSC au collège du St. Esprit. Très ambitieux, Twahir savait qu’il pouvait faire encore mieux et n’hésite pas à refaire le HSC. C’est alors qu’il décide de faire son entrée au collège Islamic pour son 3e année, en espérant décrocher une bourse. Twahir dit choisir ce collège car il a beaucoup entendu parler du dévouement des profs, qui se donnent à fond pour faire réussir leurs étudiants. C’est un Twahir très satisfait de son passage au collège Islamic, qui part avec la réussite en poche. Il dit même regretter de n’avoir pu rejoindre l’école plus tôt.

Au moment de l’annonce des boursiers additionnels, le lauréat, qui travaille actuellement comme stagiaire au Malaysia Education Centre, était occupé dans son travail quand tout d’un coup, son patron lui envoie un message lui demandant de vérifier s’il figurait parmi les boursiers additionnels. C’est un moment inoubliable lorsque Twahir aperçoit son nom sur cette liste. « J’ai ressenti une joie indescriptible à ce moment. J’ai vu tous mes sacrifices qui défilaient devant moi à ce moment. D’autant plus que je ne suis pas né avec une cuillère en argent dans la bouche. Je suis sur un petit nuage car je peux maintenant réaliser mes rêves, »  confie le jeune homme. La nouvelle ne tarde pas à se répandre comme une traînée de poudre et les appels téléphoniques commencent à pleuvoir de toutes parts.

Le bousier remercie l’État de lui avoir octroyé cette bourse. « J’ai des ambitions mais il y a des barrières entres mes aspirations et leurs réalisations. J’ai dû travailler dur et bosser assidument pour pouvoir traverser ces barrières. N’oublions pas qu’il n’y pas seulement les critères sociaux pour les boursiers additionnels, mais le mérite est aussi pris en compte. » Étant un grand fan de foot, Twahir devait jongler entre études et ses passe-temps, qui comportent aussi le hiking et le Play Station, hormis la lecture, qu’il adore. Toutefois, ce n’était pas la mer à boire pour le jeune homme. Il balançait ses études avec les loisirs dès le début car dans sa tête, il plaçait déjà des tremplins qui le mèneraient vers son succès.

De brillants résultats en poche, il aspire maintenant à s’inscrire probablement dans une université malaisienne pour des études tertiaires en ‘Computer Science’. Le boursier dit vouloir mettre le cap à l’étranger pour des études, pour voir de visu ce qui se fait ailleurs et l’appliquer à Maurice. Il dit vouloir faire briller le pays sur l’échelle mondiale. Twahir désire devenir entrepreneur, dans un domaine ayant trait à la technologie. « La revolution technologique, comprenant le bio-data, le block chain et le social media analytics, est le futur. Il doit y avoir l’offre de la technologie pour ces demandes. Le ‘Computer Science’ m’aidera dans ce commerce », explique le lauréat tout en disant qu’on doit avoir nos Bill Gates et Warren Buffet locaux.

Commentant le ‘9-year schooling’, le jeune homme se dit être sur la même longueur d’onde que le gouvernement sur ce sujet. Malgré les critiques, il est d’avis que c’est un projet avec du « forward thinking. » Les gens verront les fruits à la longue. « De nos jours, on doit être un ‘all-rounder’ et c’est justement cela le but du 9-year schooling. L’étudiant aura une éducation inclusive qui l’aidera à identifier ses atouts et se perfectionner dans ces voies dès le jeune âge. »

L’établissement vise à développer les élèves pour affronter la vie

Le collège Islamic de Vallée-des-Prêtres est l’objet d’une forte demande d’admissions au niveau du HSC dans les années 2000. À l’époque, le collège Islamic de Port-Louis, qui vient de fêter ses 70 ans d’existence, accueillait des élèves jusqu’à la ‘upper six’. Cependant, les places limitées face à un nombre grandissant d’élèves fait que la direction du collège décide de mettre en place une institution qui offrira séparément les cours du HSC. C’est ainsi en 2005 que ce collège de Vallée-des-Prêtres ouvre ses portes aux étudiants de ce niveau, garçons et filles compris.

Le collège a une approche différente à l’égard de ses élèves. En sus des classes, l’établissement organise régulièrement des activités extra-scolaires qui visent à développer les étudiants en adulte prêts à affronter la vie. Ces élèves sortent ainsi de ce milieu scolaire comme des adultes, ayant eu un bagage éducationnel, physique et émotionnel.

Le recteur du collège, Rashid Baganee, nous explique que l’institution ne fait pas face aux problèmes liées aux adolescents comme dans d’autres collège. « Nos élèves sont tous des adultes et ainsi notre approche même est différente avec eux. La maturité prévaut à tous les niveaux. Aussi, nos profs sont toujours disponibles pour les aider. Ils répondent présents durant les vacances pour les classes de rattrapage régulièrement, » confie fièrement le recteur.