L’HEURE DES POURQUOI ET DES COMMENT

Les événements politiques s’accélérant et  surgissant chaque jour, chaque heure même, font mentir  la formule consacrée selon laquelle les clameurs se sont enfin tues. Heureusement que ces clameurs deviennent de plus en plus vociférantes et contestataires après le fait brutal  de ces élections générales fixées à une date arbitraire pour satisfaire des obscures raisons et  aux opérations de campagnes électorales pour le moins …étonnantes – ponctuées de promesses, de mensonges, de tricheries, d’insultes, de violences.

Les grands débats oubliés

Une campagne sans grands débats sur des thèmes essentiels : La « décommunautarisation » de notre liste électorale, les vérités cachées sur la « communalisation »  de la politique et les Quid Pro quo (donnant donnant) avec des sociétés « socioculturelles »,  la réforme de la Constitution, la liberté d’expression avec la promesse de l’introduction d’une Freedom of Information Act, la démocratisation de l’économie, le pouvoir d’achat érodé chaque jour, la diminution des privilèges ministériels et autres nantis du népotisme, le véritable combat contre les financiers  des  drogues ,  la stratégie contre l’évasion fiscale, la corruption, l’enrichissement illégal, la provenance des fonds pour la construction de châteaux et autres bâtiments et l’achat par exemple par un individu de  plus de 40 véhicules avec toute la gamme de « permis » et de juteux contrats  pour transporter touristes, travailleurs etc  ….

La liste est très longue de ces thèmes non-abordés qui touchent le quotidien de ces Mauriciens dont 75% des foyers dépendent des proches pour leurs dépenses ou pour se nourrir décemment.  Plus de 50% éprouvent des difficultés financières.  Des milliers  ont vu leur niveau de vie dégradé avec un endettement insupportable et qui ne peuvent que lancer des soupirs de désespoir devant les projets de prestige aux coûteuses inaugurations.

Héritage effacé

Ces politiciens ont tout fait pour détruire un pays,  qui avait tout pour être un rempart contre les voyouteries politiques avec les idéaux humanistes de grands tribuns comme les Curé, Roy, Bissoondoyal, Anquetil, Ramgoolam,  Jeeroobarkhan, Veerasawmy, Bérenger et autres Forget.

Ils ont sciemment  bouleversé ses bases et ses structures de vivre ensemble avec un communautarisme pseudo-scientifique ne servant que leur intérêt politique et leur soif de pouvoir.

Quelles causes profondes ont joué ? Quels motifs ont agi, invisibles à première vue ? A l‘heure des Pourquoi viennent les Comment ! C’est effectivement l’heure des Pourquoi et des Comment !

 

Sous la coupe d’une dynastie arrogante

L’Ile Maurice vient de tourner une page. Il est facile de réduire l’histoire à un enchainement de causes et d’effets simples. Mais ce qui vient de se passer le 7 Novembre et subséquemment le choix des membres du gouvernement, sont des bouleversements pas facile à expliquer. Quel sera l’avenir avec ce nouveau gouvernement et de ce nouveau parlement avec une opposition disparate ?

Pendant des années Maurice a été sous la coupe d’une  dynastie arrogante qui a perverti la démocratie et remodelé le paysage sociopolitique du pays. Ce passé politique a également corrompu, détraqué, encanaillé nos institutions en installant la permanence d’un système de combines, de passe-droits, d’embrouilles et de népotismes.

A la tète de ce « système », un Empereur entouré d’une cour composée de membres de sa famille, de membres des familles des alliances de ses enfants.  Des excès qu’on n’avait jamais vu ont commencé. Le népotisme triomphait. Des intrigues faisaient rage pour assurer des ambitions démesurées.

Une nouvelle bureaucratie très perfectionnée apparut : Procédés de recrutement, mutations fréquentes, culte du parapluie, centralisations des décisions – le tout contrôlé par l’empereur.

Permanence de l’entreprise canaille

Et  maintenant ? Va-t-on assister à la perpétuation de l’entreprise familiale canaille que des mauriciens ont accepté comme un jeu social ? Verra-t-on un gouvernement gouverner ce qu’il ne maitrisera pas ? Verra-t-on un clair de lune intellectuel, un sursaut pour démolir le « système » et empêcher sa reconstitution ?

Encourager la mobilisation, la contestation

Heureusement qu’il y a un phénomène nouveau dans ce paysage postélectoral. Ce sont les plateformes de contestation. Qu’elles viennent des non-élus ou de non « ticketés » ou de celles déjà structurées comme « arrete kokin nou la plaze », il s’agit impérativement d’encourager leur permanence, leur mobilisation dans la contestation, la désobéissance, la transgression.

Sulaiman Patel