Lettre Ouverte à l’Union Européenne (par le biais de son Ambassadeur à l’Ile Maurice)

Messieurs/Mesdames,

Je voudrais de me référer au programme ‘Rise and Shine’ de l’Union Européenne et notamment aux diverses activités tenues en  marge de la ‘Journée Internationale contre les violences faites aux femmes, soit contre le feminicide’, célébrée le lundi 25 novembre.  La démarche de l’UE est tout à son honneur et je pense que si la lutte n’est pas seulement menée contre la violence domestique mais aussi contre tout acte de violence, que ce soit verbal, mental, moral, émotionnel, psychologique ou autre, et dans tous les domaines, cela vaudra le coup.

A mon humble avis,  les lois existent déjà et au lieu d’avoir dix mille lois pour défendre les femmes, les enfants etc, il suffirait de faire force de loi afin de respecter les droits humains tels que prescrits dans la Charte Universelle des Droits de l’homme  datant de 1948.

La démarche actuelle de l’UE dans son ensemble et du gouvernement mauricien parle d’éduquer et de sensibiliser les femmes par rapport à leurs droits et les invite à dénoncer les contrevenants, à témoigner et agir sans crainte, car il semblerait que la violence n’a plus sa place dans notre société.  De plus, on prône le respect de l’autre et l’égalité des genres. C’est en effet le combat que je mène depuis 1980, non seulement dans le monde du travail, mais aussi dans mon quotidien.  Malheureusement, il n’y a jamais eu personne, homme de loi ou religieux ou encore au niveau du gouvernement qui a fait quelque chose pour moi. On parle souvent d’inclusion mais je souffre d’exclusion. Les années ont cédé la place à des décennies, on a changé de SIECLE et même de MILLENAIRE et avec le temps qui est passé, les choses se sont empirées et malgré tous les beaux discours, je me retrouve toujours en  train de lutter pour la cause qui n’est autre que la défense et le respect des Droits Humains dans tous les domaines.

Donc en vous écoutant tous, je me suis dit que ‘’Now is the time to ‘RISE AND SHINE’’, d’où la raison de  cette Lettre Ouverte.

Maltraitance dans le  monde du travail

En effet, je vous adresse cette lettre non pas en tant que femme battue, mais en tant que femme qui a souffert de harcèlement de tous genres, mépris, persécution, dénigrement, insultes, humiliation et injustice par l’Union Européenne pendant les années 1980 à 1990, période pendant laquelle j’ai travaillé à la Délégation de la Commission des Communautés Européennes à l’Ile Maurice, premièrement comme Secrétaire/Comptable et puis comme Agent Administratif et Financier.

Ce qui était triste c’est que j’avais quitté un emploi comme Senior Bank Clerk pour rejoindre la Délégation, suite à une annonce dans un journal. Malheureusement pour moi, cette organisation s’est révélée être un bureau où ‘la raison du plus fort était toujours la meilleure’, où régnait le protectionnisme et la discrimination, où selon les dires de la femme d’un Conseiller ‘le fait d’être noire et le fait d’être femme, les deux étaient des défauts’, et où malgré ma position d’Agent Administratif et Financier qui était le plus haut poste au niveau local,  certains subordonnés protégés  se permettaient un comportement irrévérencieux et utilisaient un langage abusif à mon égard, ce qui comme un de ces auteurs l’a dit lui-même, ne trouvait pas sa place à la Délégation. J’ai toujours essayé de faire valoir mes droits en demandant l’intervention des patrons, de la maison mère à Bruxelles par plusieurs correspondances et des ministres (c’était dans les années 80 quand le MSM était au pouvoir et il y avait une femme comme Ministre du Travail  et de la Femme) ou hommes de loi mais rien à faire car la Délégation jouissait de l’immunité diplomatique avec pour résultat que j’ai dû abandonner mon poste après 129 mois de service, me contentant de quelques mois de prime de départ et d’un certificat et médaille pour dix ans de bons et loyaux services, laissant  la place aux protégés des patrons qui se permettaient n’importe quoi.

Même après avoir quitté mon poste j’ai continué à lutter contre ce fléau, d’où un article publié dans l’anonymat (car j’avais encore toute ma vie et toute ma carrière devant moi) dans le journal Week End  du 4 juin 2000, intitulé: Le monde du travail : abus de pouvoir – harcèlement moral et les salariés de la peur, dénonçant la persécution de l’UE a mon égard  ainsi que  tout ce que vous prônez aujourd’hui et me référant surtout à l’article de la du Labour Act, Part XI et à l’article 23 de la Charte Universelle des Droits de l’Homme qui fait mention que : ‘Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la protection contre le chômage’.  Dommage que  l’article soit  trop long pour être publié dans son intégralité.  Ce n’était vraiment pas facile de se retrouver au chômage à 38 ans, avec des dettes relatives à la construction de ma maison.

Les nombreuses démarches pour obtenir un minimum de considération et de justice ont été sans résultat.  Ce n’était pas facile d’obtenir un autre emploi ( 2 échecs pour l’équivalence du poste à la COI dont j’avais été à la base de la création et plusieurs dans d’autres organisations similaires) et la malchance a voulu que je subisse le  même sort dans le prochain emploi, (soit chez Pex Hydraulics des années 90) dont je fais référence dans l’article du journal car là, j’ai eu droit à un ‘Tu me fais chier’ ou encore ‘Tu te prends pour une trop grande bougresse’ pour des fautes non commises par moi. Et encore une fois j’ai dû m’en aller.

Et pour terminer, en 2009 chez Remax International Property Group,  ma carrière s’est brisée six ans avant la date à laquelle j’aurais dû prendre ma retraite.  Ici, je n’ai pas eu le choix car après plusieurs mois de harcèlement et de persécution, on a réussi à me licencier (en 2008 on voulait me faire partir car on avait peur de moi comme je priais; en 2009, on m’a fait partir, soi-disant pour faute grave mais  en insinuant dans mon dos que j’étais dans la sorcellerie).

Pas plus tard  que la semaine dernière nous avons entendu le décès de Nishi Taucoory, victime de harcèlement au travail.  Mon cas ou celui de Nishi ne sont pas des cas isolés.  Il y a de nombreuses personnes qui souffrent en silence, jusqu’à épuisement ou selon le terme moderne, ‘le Burn Out’.  Même si je suis tombée dans la pauvreté aujourd’hui (ce qui est aussi à l’encontre des programmes de l’UE), je considère que j’ai eu de la chance car, comme je l’ai dit dans l’article de presse, Citation : Que reste-t-il à la personne ? De se suicider ou tomber dans l’alcool ou la drogue pour oublier ou encore de tomber dans la prostitution pour survivre ? Pas étonnant qu’il y ait autant de drames.  Personnellement, je peux parler haut et fort, et continuer à lutter car je suis simplement tombée dans la prière … mais je ne crois pas que beaucoup de personnes soient comme moi’.  Fin de citation.

Cette lettre n’est qu’un début de ma démarche car j’avais  bien l’intention d’envoyer les 3 cas au Bureau du Travail International comme 3 ‘Case Studies’, mais j’ai été bloquée par la saga BAI.

VIOLENCE VERBALE DANS LA SOCIETE

Il y a tellement d’exemples de violence verbale et autres que je pourrais citer mais je me contenterai de mon expérience en tant que victime de la BAI.

Apres avoir perdu mes économies, suite au supposé crash de la BAI /Bramer,

  1. Je me suis fait engueuler, devant témoins, par le CEO de la NPFL qui lui n’avait pas d’investissement dans le conglomérat, car je souhaitais savoir quand j’allais avoir mon remboursement
  2. Autre engueulade par le Social Worker qui n’avait pas un sou non plus dans la compagnie, car je défendais la cause des membres de la Société Vidur, qui pour lui n’étaient pas des gens défendables
  3. Et pour combler le tout, l’année dernière un ministre m’a lancée à la figure que j’étais gourmande et une ‘couillonne’ car qui m’avait dit de mettre mon argent à la Banque Bramer ?

Après toutes ces expériences difficiles et regrettables en dépit des lois qui existent déjà, je ne pouvais continuer à rester dans l’ombre et prétendre que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.

Je pense que l’Union Européenne a changé d’attitude avec le temps, car sinon, défendre la cause des femmes comme vous le faites serait de la pure hypocrisie.  Cette lettre n’est que le début de ma démarche car je refuse de rester tranquille et dans l’ombre.  Si l’immunité diplomatique doit prédominer sur les droits humains, tous les efforts pour un monde meilleur tel que le souhaitent l’Union Européenne et le gouvernement mauricien, seront vains.

En vous remerciant par avance pour l’attention que vous accorderez à cette lettre, je vous prie de croire, Messieurs/Mesdames en l’assurance de ma très haute considération.

Mavis Latchman

 

C.C.        –  Monsieur le Premier Ministre

–  Monsieur le Président de la République de l’Ile Maurice

–  Madame la Ministre de l’Égalite des genres et du bien être de la famille

–  Monsieur le Ministre du Travail

–  Les Bureau des Nations Unies

–  Le Bureau International du Travail