Les Mauriciens ne seront pas gâtés cette année

Fruits d’été

L’été est déjà là, et indissociables à cette période, les fruits de saison ont toujours été à nos côtés pour mieux nous aider à nous désaltérer et à rendre la chaleur torride qui s’annonce plus tolérable. Sunday Times propose à ses lecteurs comment mieux conserver et déguster les fruits les plus communs. Toutefois, une zone d’ombre à ce tableau : la production de fruits s’annonce très mal pour cet été, « catastrophique »  ou « du jamais vu », d’après certains agriculteurs, et cela pour diverses raisons. Lorsqu’on considère que les cultivateurs misent davantage sur l’exportation, un quota bien moindre que la normale sera mis sur le marché local, et autant dire que les fruits se vendront beaucoup plus cher que d’habitude. Ainsi, un letchi se vendra en-dessus de Rs 10 l’unité, nous disent certains marchands de la capitale.

Le  letchi

Le  letchi est sans aucun doute l’un des fruits préférés des Mauriciens. Originaire de Chine, le letchi pousse sur un arbre qui peut produire entre 100 à 150 kg de fruits par année.

La chair translucide du letchi est d’un blanc nacré et juteuse, rafraîchissante, très sucrée et très parfumée, et qui enrobe un noyau dur et lisse.

Ce fruit ne mûrit plus après la cueillette et supporte mal le transport. Les letchis ne se conservent que quelques jours à l’air ambiant car il a tendance à se fermenter rapidement. Toutefois, sans l’écorce ou le noyau, il peut être congelé.

Si les letchis sont d’abord appréciés frais et nature, ils peuvent être accommodés en pâtisserie. Le letchi peut aussi agrémenter les salades de fruits ou les sorbets.

La mangue

La mangue est l’un des fruits les plus consommés au monde, et l’île Maurice n’est pas en reste. Notons que la mangue est originaire de Malaisie.

La peau de la mangue peut être irritante pour la peau de certaines personnes à cause de la sève laiteuse qui est dégagée. Il faut donc faire attention lorsqu’on pèle la mangue, de bien peler épais et d’enlever une partie de la chair avec la peau.

Les mangues qui ne sont pas assez mûres peuvent se conserver pendant quelques jours à l’air ambiant. La mangue continue de mûrir une fois cueillie. En ce qui concerne les mangues mûres, il faut les consommer rapidement. Il ne faut pas conserver les mangues pendant plus de 48 heures dans le bac à légumes de votre réfrigérateur.

Les milles et une façon de déguster la mangue

On peut manger telle quelle, mais elle entre aussi dans la composition de plusieurs mets. Un fruit vraiment versatile !

  • On peut apprécier la mangue en nature : elle est traditionnellement coupée en tranches épaisses (les ‘joues’ de la mangue).
  • La salade de mangue verte râpée, sans oublier le chutney de mangue, est fort apprécié des Mauriciens, et accompagne des plats à base de riz.
  • La mangue verte confite, accompagnée de sel fin et de piment rouge, est exquise en temps chaud.
  • La mangue est indispensable dans une salade de fruits où elle est débitée en cubes.
  • On peut également transformer la mangue en coulis, en confiture ou en sorbet.
  • La compote de mangue, parfumée au clou de girofle, est délicieuse.
  • La mangue est aussi riche en vitamine C que l’orange. Le jus de mangue est donc recommandé à tout le monde.

Les différentes variétés de mangues

Saviez-vous rien qu’à Maurice, il existerait plus de 55 variétés de mangues ? Les mangues les plus communes à Maurice sont les ‘maisons rouges’, connues pour leur belle couleur rouge. ‘Adèles’ (et ‘Dauphinés’), restent vertes/jaune pâle jusqu’à maturité et ont un superbe goût. Les mangues ‘Henriettes’ deviennent jaune à maturité, leur goût est très fruité avec une petite pointe d’acidité. Quant à l’Amélie, sa chair est juteuse, bien sucrée et légèrement épicée. Sa peau arbore une couleur orangée et verte une fois mûre. La Kent, quant à elle, est une grosse mangue ovale à la peau verte et jaune ponctuée de rouge foncé. Sa pulpe sucrée et gorgée de jus est jaune orangé.

Le longane

Le longane est lui aussi originaire de la Chine. Sucré et rafraîchissant, il désaltère aussi bien que le letchi et on ne se rassasie pas de ce fruit.

Le longane doit toujours être cueilli mûr, car une fois cueilli, le mûrissement s’arrête. Vous pouvez le conservez pendant une dizaine de jours dans un sac de plastique perforé dans le bac à légumes de votre réfrigérateur. Une fois sorti, attendez 30 minutes avant de le déguster.

Le longane peut se déguster nature ou comme dessert, et cela à n’importe quelle heure de la journée. Notez qu’il donne une saveur exotique aux jus de fruits, liqueurs, punchs et autres cocktails.

Le saviez-vous ?

Le longane et le letchis ont été introduits à Maurice par le botaniste français, Jean-François de Charpentier de Cossigny de Palma vers 1764. Ce dernier aurait vraisemblablement  rapporté ces fruits de Chine durant l’une de ses expéditions dans ce pays.

Le mot longane serait dérivé du mandarin Lung Ngaan, qui signifie œil de dragon. Le letchi et le longane proviendraient de la même famille de fruits et présentent plusieurs similitudes.

Le melon d’eau

Désaltérant et rafraîchissant à souhait, le melon d’eau est le fruit par excellence durant la période estivale. En effet, la teneur en eau du melon d’eau varie entre 92 et 95 %. Le melon d’eau est très sucré, croquant et juteux et possède une chair friable.

Le melon se mange nature, et s’accommode bien en salade de fruits. Il est aussi parfait pour les smoothies et les punchs. Pour profiter pleinement de la saveur de votre melon, placez-le 1 heure au réfrigérateur pour qu’il soit bien frais avant de le consommer.

Un melon se conserve très facilement à température ambiante, et ce jusqu’à sa maturation. Une fois à maturité, le fruit se conserve pendant quelques jours dans le bac à légumes du réfrigérateur. Il arrive souvent que l’on consomme seulement la moitié d’un melon, alors pour bien conserver la moitié restante, enveloppez-la dans un film plastique transparent et placez-la dans le bac à légumes. Il se conservera 3 à 4 jours sans problème. Si vous voulez consommer du melon toute l’année, coupez la chair en carrés que vous placerez dans un sac hermétique au congélateur. Vous pourrez ainsi le conserver jusqu’à trois mois !

Les Mauriciens et la consommation de fruits

Les Mauriciens ne consomment pas assez de fruits, les nutritionnistes ne cessent de le répéter. Or, les fruits apportent des nutriments essentiels pour une bonne santé. Ci-dessous, la consommation de divers fruits par habitant. Comme on peut le constater, ces chiffres sont plutôt faibles et relèvent des mauvaises habitudes des Mauriciens, pour qui la malbouffe est devenue un mode de vie.

 

Fruit Kilo consommé par an par habitant
Oranges 3,98
Limons 1,44
Mandarines 2,27
Autres agrumes 0,90
Pommes 4,56
Bananes 5,77
Raisins 1,65
Ananas 7,39
Autres 3,53

 

 

Le yield de fruits très faible cette année

Réel coup dur pour les consommateurs et les cultivateurs des fruits saisonniers comme la mangue, le longane et le letchi. Selon les estimations, environ 80 % des arbres fruitiers n’ont pas fleuri cette année et la vente de ces fruits est sérieusement compromise.

Selon Kreepalloo Sunghoon, président de la Small Planters Association (SMA), il y aura environ 150 à 170 tonnes de letchis qui seront disponibles sur le marché mauricien, et cela sans compter les déprédations des chauves-souris et des voleurs.

Durant les années précédentes, il y avait en moyenne entre 2 000 à 3 000 tonnes de letchis disponibles sur le marché, ce qui veut dire environ 1 800 tonnes de letchis en moins sur le marché. La production de la mangue et du longane a rencontré les mêmes problèmes.

 « La production de plusieurs fruits saisonniers notamment le letchi, le longane et la mangue sera très faible cette année. Seul 15 % des arbres fruitiers ont fleuri cette année et de ces 15 %, environ 5 % de ces arbres n’ont pas été pollinisés », souligne Kreepalloo Sunghoon.

Il préconise plusieurs solutions. S’il salue l’initiative du gouvernement d’accorder un subside de 75 % aux planteurs pour l’achat des filets contre les oiseaux et les chauves-souris, il trouve malheureux que les cultivateurs qui ont des arbres au-delà de 25 pieds hauts n’arrivent pas à installer leurs filets. Il demande à ce que les planteurs reçoivent une formation et un appui technique pour l’installation des filets.

Il demande aussi l’introduction des nouvelles variétés de fruits, plus adaptées pour le climat mauricien. Il lance un appel aux responsables du Food and Agricultural Research and Extension Institute (FAREI) d’aider les planteurs mauriciens à ensemencer de nouvelles variétés.

Production de fruits à Maurice : une tendance à la baisse

Il faut noter une baisse dans les chiffres concernant les récoltes et les cultures en 2016.

  • Comparativement à 2015, la production de bananes est passée de 7 965 tonnes à 7 731 tonnes en 2016.
  • Alors que pour l’ananas, le chiffre pour 2015 est de 11 693 tonnes, contre 9 707 tonnes en 2016.
  • La production du melon d’eau reste heureusement constante. Actuellement en vente entre Rs 250 à Rs 300 l’unité au marché, le responsable de la SMA précise que son prix accusera une baisse à partir du 15 novembre. En effet, la plupart des récoltes se feront à partir de cette date.

Pourquoi la production de fruits sera faible cette année

  • Main d’œuvre Il y a un manque généralisé de main d’œuvre dans la cultivation agricole à Maurice.
  • Changement climatiqueLe mauvais temps (pluie, anticyclone) a empêché la floraison des arbres fruitiers.
  • Problème de pollinisateur Les vergers de fruits, surtout ceux des letchiers, ont eu un gros souci de pollinisation. Selon Kreepalloo Sunghoon, les abeilles se font rares dans les vergers fruitiers, vu qu’il y a une maladie qui affecte les abeilles actuellement. On prend conscience de l’importance des abeilles quand on lit cette citation du savant Einstein lui-même : “ Si les abeilles devaient disparaître de la surface de la Terre, l’Homme aurait seulement quatre ans avant qu’il ne disparaisse lui aussi. » 
  • Le vol des fruitsLes vols des fruits sont très récurrents ces derniers temps dans les plantations de fruits.
  • Les chauves-souris frugivores Les déprédations de ces mammifères ne sont pas à négliger et causeraient un tort certain à la production des fruits. Les rats, les oiseaux et les insectes sont aussi de la partie. Les planteurs parlent même de pertes de l’ordre des millions de roupies tous les ans.
  • Le manque d’eauDans certaines régions de l’île, des planteurs ont rencontré des problèmes majeurs liés à l’irrigation de leurs arbres fruitiers.
  • L’utilisation des produits phytosanitairesL’utilisation massive des pesticides et d’insecticides sur les arbres fruitiers est l’une des causes qui a freiné la floraison des arbres.
  • Une fertilisation tardive Il se peut aussi que la fertilisation n’a pas été faite à temps.
  • Des variétés inadaptéesIl se pourrait que des planteurs aient utilisé des variétés qui ne sont pas adaptées aux saisons climatiques.

 

  • Rajen Pokhen, planteur : « Un réel manque à gagner pour les planteurs »

Rajen Pokhen est le gérant d’un verger de letchis à Arsenal et a plus de 30 ans d’expérience dans la culture vivrière. Pour lui, la situation est critique. Commentant la baisse drastique dans la production, il affirme que c’est la toute première fois de son existence qu’une telle situation se produit.

Raj Pokhen explique que « Le changement climatique, le vol de letchis, de même que l’invasion des poux blancs et des chauves-souris a contribué à cette baisse dans la production.» Il prévoit une perte massive de Rs 200 000 pour cette année. Nombreux sont les cultivateurs de fruits saisonniers qui connaîtront le même sort que lui. Il confie qu’un de ses amis qui s’occupe d’un verger de letchiers de 4 arpents récoltera seulement 3 000 letchis cette année.

Les fruits et l’économie mauricienne

Les fruits ont un rôle majeur à jouer dans le secteur de l’agriculture à Maurice et rapportent gros à l’économie mauricienne depuis plusieurs années.  Parmi les fruits que le pays exporte, on retrouve quelques variétés de mangues, des letchis, la banane mais aussi l’ananas.

Vers la fin de l’année 2014, il y avait au total 1 247 hectares de terre sous culture de fruits à Maurice comme indiqué dans le tableau ci-dessous.

Fruit Hectares sous culture Production par tonnes
Tous les fruits 1 247 29 000
Banane 446 10 400
Ananas 435 10 300
Letchi 96 2 700
Mangue 83 1 150
Melon d’Eau 41 1 300
Coco 30 800
Mandarine 26 500
Papaye 23 450
Limon 13 160
Orange 9 60
Fruit de Cythère 7 170
Goyave 7 50
Pitaya 7 50
Pamplemousses 6 300
Jacques 6 270
Fruit à Pain 4 110
Longane 4 80
Avocat 2 20
Bilimbi 2 20