Les 12 % d’actions de l’ex-BAI dans The Sands au cœur d’un conflit d’intérêts

 La NIC pointée du doigt

  • Une entité gouvernementale peut-elle avoir des intérêts financiers au sein d’une compagnie gérée par l’épouse du Premier ministre ?

 La défunte British American Insurance (BAI) détenait 12% d’actions au sein du Mauriplage Investment Co. Ltd (MICL). La valeur de ces actions, au nombre de 66, 667, est estimée à Rs 31 millions. Selon les relevés de compte déposés au Registrar of Companies, il ressort que ces actions ont été transférées à la National Insurance Company Ltd depuis le 27 mai 2016. Les documents y relatifs ont été, pour leur part, enregistrés le 27 février 2017. Incorporé le 1 juillet 1988, la MICL gère The Sands, un hôtel 4 étoiles se situant à Wolmar, Flic-en-Flac. Les directeurs de la compagnie sont Basanta Lala Couldiplall, sir Kailash Ramdanee, Pierre Guy Noël, Lady Ursule Jeannie Ramdanee et Kobita Ramdanee-Jugnauth. De 2006 à 2008, Saleem Beebeejaun et Claudio Feizstrizer, le gendre de Dawood Rawat, faisaient également partie du Board of Directors. Depuis le 22 avril 2016, c’est Kobita Jugnauth, soit l’épouse du Premier ministre, qui agit comme ‘Alternate Director’ à la place de ses parents, sir Kailash Ramdanee et Lady Ursule Jeannie Ramdanee.

A priori, il n’y a rien d’anormal dans ce transfert d’actions. Le pôle d’assurances du groupe BAI ayant été repris par la NIC, ces actions devaient logiquement lui revenir. N’empêche que cette situation soulève bien quelques interrogations. On se demande ainsi pourquoi ces actions n’ont pas été vendues tandis que la plupart des ‘assets’ du groupe ont déjà été bradés ?  Certains pensent avoir trouvé la réponse. « Ces actions ont été conservées uniquement pour protéger les intérêts familiaux du Premier ministre », nous dit-on. « Si le NIC décide de vendre sa part d’actions, il aurait dû d’abord les proposer aux actionnaires conformément aux ‘pre-emption right’. Ce n’est qu’après cela qu’il peut approcher d’autres acheteurs. C’est beaucoup plus avantageux pour les actionnaires majoritaires que la NIC conserve ses actions au lieu de débourser une forte somme d’argent pour les acquérir », nous explique-t-on. En tant qu’une entité gouvernementale, la NIC n’aurait-elle pas dû disposer de ses actions, sachant que le chairman de MICL est l’épouse du Premier ministre et qu’il pourrait y avoir des conflits d’intérêts ?

Dans les milieux concernés, on soutient également ne pas comprendre l’attitude du gouvernement à ce sujet. « Le gouvernement dit qu’il cherche des solutions pour pouvoir rembourser les détenteurs du SCGB et du BAM. La vente de ces actions aurait pu lui permettre de rembourser partiellement ces personnes, ou moins de soulager les ‘hardship cases’ », soutient-on. En effet, personne ne comprend pourquoi les autorités ont fermé les yeux sur ces ‘assets’ précis alors qu’elles ne se sont pas fait prier pour liquider les autres. On a tenté d’avoir la réaction du directeur de la NIC, hier, mais en vain.