L’élection partielle à Piton/Rivière-du-Rempart : Promesses électorales et projets (non) implémentés

La circonscription no 7 (Piton/Rivière-du-Rempart) connaîtra sa deuxième élection partielle après 16 ans, fixée pour le 13 novembre prochain après celle de 2003. Si après la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo, ministre des Affaires étrangères et député, le 21 mars dernier, les gens affichaient leur scepticisme et criaient au bluff politique, il faut dire qu’avec le ‘Nomination Day’ qui a eu lieu hier au Simadree Virahsawmy SSS, l’élection partielle aura bel et bien lieu, même si l’élu siègera au Parlement pendant une durée très courte, avant que ne se tiennent les élections générales, au plus tard en mai 2020. Le tour de cette élection partielle.

Selon le dernier rapport du bureau de la Commission électorale de 2018, la circonscription no 7 (Piton/Rivière-du-Rempart) compte plusieurs villages, notamment Rivière-du-Rempart, Piton, L’Amitié-Gokhoola, Mapou, Plaine-des-Papayes, Poudre’Dor Hamlet, L’Espérance Trébuchet, Roche-Noires, Belle-Vue Maurel, Cottage et Villebague,  avec 43 993 électeurs récensés.

Nombre d’électeurs par village

 

Village

 

Nombre d’électeurs (2014)

 

 

Nombre d’électeurs (2019)

 

Piton

 

3 885

 

3 787

 

Rivière-Du-Rempart

 

8 473

 

8 481

 

L’Amaury

 

2 351

 

2 406

 

L’Amitié-Gokhoola

 

1 647

 

1 659

 

Roches-Noires

 

4 272

 

4 206

 

Belle-Vue Maurel

 

3 489

 

3 445

 

Mapou

 

1 199

 

1 157

 

Plaines-des-Papayes

 

5 813

 

5 977

 

Poudre-D’or Hamlet

 

1 898

 

1 958

 

L’Espérance-Trébuchet

 

1 757

 

1 753

 

Cottage

 

3 222

 

3 269

 

Villebague

 

 

1 812

 

1 848

 

Le dernier récensement, celui de 2014, indiquait 43 079 électeurs enregistrés auprès de la Commission électorale. En 2019, la circonscription no 7 compte 723 nouveaux électeurs.

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Flashback : l’élection partielle de 2003

En 2003, l’actuel ministre Mentor, Sir Aneerood Jugnauth avait démissionné comme député afin de prêter serment en tant que Président de la République, suite à l’accord conclu avec Paul Bérenger et le MMM, et ce dernier devait assumer le poste de Premier ministre.

Lors de la joute partielle qui s’est subséquemment jouée dans ce fief de Jugnauth, Rajesh Jeetah, du Parti travailliste (PTr) avait alors obtenu la victoire avec 16 290 votes, soit 50 % du nombre total des   votes. Son adversaire, Prakash Maunthrooa, de l’alliance MSM/MMM, devait obtenir 13 682 votes. Raj Dayal, du Mouvement Démocratique National (MDN), avait obtenu seulement 516 votes.

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Zoom sur les trois élus de la circonscription aux élections de 2014

 Sir Anerood Jugnauth

Le Mentor qui « pisse are zot »

 

 

Il était présenté par la défunte Alliance Lepep comme Premier ministre. Il avait d’ailleurs soutenu avoir quitté le confort du Château du Réduit pour sauver le pays. Élu en tête de liste au no 7 avec 23 579 voix, sir Anerood Jugnauth n’a, cependant, pas fait long feu au Prime Minister’s Office. Il devait démissionner comme Premier ministre le 23 janvier 2017 pour laisser la place à son fils, Pravind Jugnauth. La raison avancée officiellement pour expliquer sa décision, c’est qu’il ne pouvait plus assumer ses fonctions premier-ministérielles en raison des soucis de santé. Un autre ministère, celui du Mentor, devait toutefois être créé pour le caser. Sur le terrain au no 7, ce sont Prakash Maunthrooa, Senior Advisor au PMO et qui est toujours empêtré dans l’affaire Boskalis, et Ravi Yerrigadoo, ancien Attorney General contraint à la démission dans le sillage de l’affaire Bet365, qui sont chargés de le représenter. SAJ est aussi connu pour avoir lancé « Mo bien pisse are zot ».

 

Vishnu Lutchmeenaraidoo

Le prétendu magicien médite désormais dans sa cave

Vishnu Lutchmeenaraidoo était élu au no 7 en deuxième position avec 22 126 voix. Il était censé remettre l’économie sur les rails tout en créant un deuxième miracle économique. Miracle, il n’y en a eu point. Au contraire, il y a eu le démantèlement du groupe BAI. Ce qui a provoqué un véritable désastre sur le plan économique. Le magicien s’est aussi assuré qu’il obtienne un « Euro Loan » auprès de la State Bank. Une affaire qui lui a valu une mutation du ministère des Finances à celui des Affaires étrangères. Il y a gardé un profil bas jusqu’en mars de cette année quand il a soumis sa démission, provoquant ainsi cette élection partielle au no 7. Vishnu Lutchmeenaraidoo n’a jusqu’ici donné aucune explication sur les raisons de sa démission, se contentant de dire que « enough is enough ». Il s’est depuis refugié dans sa cave, histoire de méditer.

 

Ravi Rutnah

L’aboyeur du gouvernement

Ravi Rutnah, membre du Muvman Liberater (ML), élu avec 21 271 voix, est le seul des trois élus de l’Alliance Lepep qui n’a jusqu’ici pas abdiqué de ses responsabilités, comparé aux deux premiers élus du gouvernement. Il n’en demeure pas moins un boulet au pied de l’alliance gouvernementale. Il s’est surtout distingué en traitant une journaliste de « femel lisien », et ses mauvais calculs mathématiques. Sans compter qu’il s’est fait des ennemis au sein du gouvernement en estimant qu’il faut « bou** dehors les vié couyons », dont son propre leader Ivan Collendavelloo.

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Les électeurs expriment leur déception vis-à-vis de la candidature de Vikash Nuckchady

Anil Baichoo (PTr) et Vikash Nuckchady (MSM) seront les deux principaux antagonistes pour cette joute au no 7. Les grands absents : le MMM, le PMSD et le Reform Party, qui n’aligneront aucun candidat.  La désignation d’Anil Baichoo a été faite lors d’une réunion du Bureau politique des rouges, le mercredi 14 août.

Notons que les électeurs de la circonscription ont exprimé leur déception après avoir su que le MSM alignait la candidature de Vikash Nuckchady. « Nou pe atan gagne ene dimoune ki pou touletemps la pou ekoute nou. Nou pa meme kone kisanla zot pe proposer ! Zame fine tander. Nou bisin ban dimoune ki lor terrain pli souvent », indiquent les habitants de la région.

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Les projets réalisés par l’alliance du gouvernement dans la circonscription no 7

Nous sommes allés faire le tour de la criconscription, notamment à Rivière-du-Rempart et ailleurs, pour constater de visu les réalisations du gouvernement dans la région.  Le constat : beaucoup de promesses, mais en ce qui concerne l’implementation des projets, c’est une autre paire des manches…

Rivière-du-Rempart : « Ils  auraient pu faire mieux ! »

À Rivière-du-Rempart : les habitants affirment qu’il y a bel et bien eu des travaux, qui ont été éffectués par le District Council et la National development Unit (NDU). Toutefois, selon ces habitants, ces travaux laisseraient à désirer. Ils indiquent que certaines routes n’ont pas été asphaltées après les travaux de  tuyautage dans le quartier.

Les habitants affirment que les travaux de construction des drains ont déjà débuté mais il semblerait qu’ils s’attendaient à plus de développement de la part des trois députés de cette circonscription. « Ils  auraient pu faire mieux ! », disent-ils.  Ces derniers réclament que l’installation des lampadaires soient effectuée au plus vite dans la région, par exemple au Traffic Centre, dans les morcellements, au lieu-dit Subash Chandra Bose où le CEB et le District Council se renvoient la balle depuis 2 ans pour fournir l’électricité.

À Roches-Noires, le « dilo 24/7 » est toujours un rêve…

Les habitants déplorent le fait que la distribution d’eau est continuellement perturbée malgré le remplacement des tuyaux en quelques endroits. À certains endroits, il y a toujours des perditions d’eau après que des travaux ont été effectués par la CWA.

Le Waterfront et Cave Madame : des WCs se font attendre depuis trois ans

Le Waterfront et Cave Madame sont deux endroits grandement fréquentés par le public et les touristes. Une demande pour des toilettes dans ces deux endroits est restée vaine depuis trois ans.

Asphaltage de la route à Rivière-du-Rempart

Il faut dire qu’une colère sourde gronde. Ces habitants nous affirment que ce serait uniquement les rues où habitent des agents, des députés et des conseillers du village proches du MSM qui ont été asphaltées alors que d’autres routes sont quasiment impraticables et remplies de nids de poule.

Villebague : le jardin d’enfants relégué aux oubliettes

Au village de Villebague, rien de bien remarquable, sauf l’installation des mains courantes, l’aménagement de drains et la rénovation du ‘village hall’. Les requêtes pour entretenir le terrain des jeux d’enfants et l’installation de plus d’aires de jeux sont tombées dans les oreilles des sourds.

Coquinbourg : « Fer kitsoz konkret pou nou lendrwa ! »

Ceux de Coquinbourg recommandent un passage clôuté sur le virage du collège Ramsoondur Prayag SSS, car cet endroit est connu comme une zone dangereuse. Ils demandent également que les routes soient asphaltées et que des troittoirs soient aménagés afin d’éviter les risques d’accidents. « Nou pa pe deman kass, pa pe deman bel zafer, me fer kitsoz konkret pou nou lendrwa », affirme Raj, un habitant.

La Clémence : les routes asphaltées seulement quand il y a eu un congrès politique

Nous longeons la route à Cité CHA à La Clémence, qui se trouve dans un piteux état. « Zis kan ti ena congrès lerla ine fer koltar chemin ek Taxi Stand. Lezot place ine abandonner. Pe enkor pe koltare mem », soutient un agent politique. Certaines des routes, affirment les habitants, ont été refaites, mais ne sont toujours pas practicables avec l’installation des lampadaires.

 Pointes-des-Lascars : « Aster ki zot pou vine rode vote? »

Pointes-des-Lascars est bien connu pour son ‘espace spirituel’. Ici, on dirait que le temps s’est arrêté. En effet, le village de Pointes-des-Lascars est resté le même depuis des lustres. Deux projets qui auraient apporté un développement certain au village semblent avoir été mis dans un tiroir : le projet de front de mer, et la reconversion d’un immeuble abandonné en boutique artisanal afin d’accueillir les touristes. L’immeuble désuet est devenu un repaire pour les drogués et les clochards. Un quidam du coin nous explique hargneusement : « Aster ki zot pou vine rode vote? Non, dir zot pas vine ici ! Nanyé zot pa pe fer pou nou. »

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Réactions

Ashish Rao Appadu, conseiller : « Certains travaux prennent du temps » 

Sollicité pour une réaction, le conseiller du village de Rivière-du-Rempart, Ashish Rao Appadu, nous a déclaré qu’il est au courant de ces problèmes auxquels font face les habitants et qu’il est personellement très engagé à trouver des solutions. « Certains travaux prennent du temps. Nous avons des procédures à suivre. D’ailleurs, nous venons avec d’autres projets pour bientôt. Un abri et des toilettes seront construits sur le terrain de pétanque de Gandhi Square. Concernant le bâtiment abandonné à Pointe-des-Lascars, j’ai moi-même entrepris des démarches à plusieurs reprises pour faire nettoyer le terrain. » nous-dit-il.

 Les forces vives : « Seules 20 % des promesses faites lors de la campagne électorale de 2014 ont été concrétisés »

« Avec un mandat de 5 ans, on ne peut pas prendre tout le temps du monde pour la construction des drains. Le ministre Mentor, Sir Anerood Jugnauth, avait promis lors de sa campagne électorale et dans des réunions privées, qu’il aurait transformé la région de Pointe-des-Lascars en Waterfront. Toutefois, rien n’a été fait. Les régions comme Pointe-des-Lascars, Panchavati, ou encore Belle-Vue Maurel, ont été délaissées. Le ‘bazar’ de Rivière-du-Rempart est resté le même. Aucune amélioration    est à noter. Je dirais que seulement 20 % des promesses faites lors de la campagne électorale 2014 ont été concrétisées », nous affirme le président des force vives de la région.

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La parole aux jeunes

« Depuis 3 ans, nous attendons la rénovation du stade Boolakee »

Le stade Rohit Boolakee, qui se trouvait auparavant sous l’égide du Mauritius Sports Council (MSC), a été pris en charge par le conseil de district. Les jeunes de la région sont  déçus, car le terrain de foot est très mal entretenu. Les vestiaires sont endommagés, tandis que les éclairages et autres objets emportés n’ont jamais été remplacés. Ce sont les jeunes de la région qui ont pris l’initiative de tondre le gazon, car le District Council le fait uniquement si des fonctions sont organisées en ce lieu. « Depuis trois ans, on entend que le stade soit renové avec des gradins et d’autres facilités mais jusqu’ici rien », déplorent ces jeunes. Au Citizen Advice Bureau (CAB), les députés de la circonscription brillent souvent par leur absence.

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Traffic Centre à Piton

Une nouvelle gare routière, au coût de Rs 40 millions, a été inaugurée le samedi 18 mai par le PM. Le projet, initialement annoncé par le ministre des Infrastructures publiques, Nando Bodha. Il avait effectué la pose de la première pierre le 5 avril, avait dans un premier temps annoncé que ce projet a pour objectif de fluidifier la circulation.

Le projet était censé être complété en huit mois mais a pris 11 mois tout compte fait. Toutefois, depuis son inauguration, très peu de gens utilisent le Traffic Centre. « Ce n’est qu’une perte de temps. Bizin marsé vin pran bis isi. Plito ti fer sa l’Espérance Piton kuma zot ti desidé avant. Zis impe zanfan lekol servi sa lagare la dans gramatin ek tanto », fulmine Manoj, un habitant de Piton.

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