Lekours la largué

Les choses s’activent sur le plan politique. On a eu droit, vendredi, à un duel à distance entre le Premier ministre, Pravind Jugnauth, et son challenger principal, Navin Ramgoolam. Si le MSM a réuni ses partisans à Rivière-du-Rempart, où doit probablement se tenir une partielle le 13 novembre prochain, le PTr a, lui, rassemblé ses sympathisants à Montagne Longue. Le ton est donné, chacun tirant à boulets rouges sur ses adversaires.

L’enjeu étant plus grand pour le gouvernement, surtout au no. 7, Pravind Jugnauth a, une fois de plus, misé sur son père pour soudoyer l’électorat. « Le moment est arrivé pour soutenir le MSM afin d’exprimer votre reconnaissance pour le travail de sir Anerood dans cette circonscription », a-t-il martelé, conscient peut-être que lui seul ne pourra y faire trop de poids.  Dans la foulée, Pravind Jugnauth semble avoir oublié que sir Anerood Jugnauth a trahi ses mandants en donnant, sur un plateau d’argent, son manteau premierministériel à son fils. Sans compter que SAJ a déserté le terrain au no. 7 pour laisser libre champ à Ravi Yerrigadoo, qui a dû step down comme Attorney General dans le silage du « Yerrigadoogate », et à Prakash Maunthrooah, emmêlé dans des affaires juridiques.

Mais le MSM ne se concentre pas uniquement au no. 7. Il compte ratisser plus large. C’est dans cette optique que le chef du gouvernement a fait une visite des lieux à Cité La Cure, jeudi. Et c’est avec la bénédiction du père Jocelyn Grégoire qu’il s’est, par la suite, rendu au caveau du Père Laval. Une visite lourde de sens, surtout à l’approche de la visite papale. Les plus malins auront compris qu’il s’agit d’un clin d’œil fait aux Créoles dans un contexte bien précis : l’approche des élections. D’autant qu’il ne pourra pas compter uniquement sur son électorat traditionnel s’il veut rafler la majorité de sièges.

L’enjeu est tout aussi important pour le PTr. Ayant connu la traversée du désert depuis décembre 2014, Navin Ramgoolam semble mieux comprendre les aspirations des Mauriciens. La politique de rupture que prône le PTr accroche. Sauf que la population en a eu marre des promesses creuses. Le leader du PTr devra donc redoubler d’efforts pour gagner la confiance de l’électorat. Il peut aussi surfer sur les abus et les excès du gouvernement. Mais Navin Ramgoolam sait en son for intérieur qu’il lui faudra choisir et bouger ses pions avec prudence, le moindre faux pas pourrait lui nuire. Surtout que son opposant principal, le MSM, dispose de moyens plus conséquents.

Si le PMSD dit se concentrer plutôt sur son travail d’opposition, n’en demeure qu’il lui devra choisir, au moment venu, un allié pour affronter les élections générales. Bien que Xavier Duval concentre ses tirs sur le gouvernement, les Bleus n’écartent pas la possibilité de contracter une nouvelle alliance avec le MSM si le besoin se fait sentir. Pour l’instant, il se cantonne dans son rôle d’arbitre. Quant au MMM, vu la virulence des propos et des qualificatifs employés par Pravind Jugnauth et Paul Bérenger vis-à-vis de l’autre, une alliance MSM-MMM semble improbable. Du moins, pour l’heure. Car à partir de maintenant, la marmite est en ébullition…