Législatives 2019 : Avec seulement 37% du nombre total de votes : Pravind Jugnauth rentre enfin par le ‘main gate’

L’on ne pourra plus utiliser le terme « l’imposte » pour le désigner, bien que ce sobriquet lui collera probablement à la peau pour longtemps encore. Pravind Jugnauth fera ainsi son entrée comme Premier ministre à l’hôtel du gouvernement par la grande porte. En dépit de toutes les allégations auxquelles il a fait face durant la campagne électorale, nommément les divers ‘gates’, l’électorat a quand même choisi de le conduire, pour la première fois, au poste suprême du pays. Une victoire pour lui personnellement en dépit des moyens répréhensibles qu’il ait pu utiliser pour atteindre ses objectifs, dont l’utilisation abusive et outrancière de la MBC, entre autres. Même s’il lui a fallu aussi, à un moment donné, avoir recours à mama-papa pour lui prêter main-forte, Pravind Jugnauth pourra désormais se bomber le torse et régner en maître, débarrassé de la vieille garde de SAJ, tout en ayant la légitimité qu’il recherchait. Avec seulement 37% du nombre total de votes, il pourra ainsi diriger son nouveau gouvernement comme bon lui semble.

 

Les circonscriptions 2 et 3 se démarquent 

Les circonscriptions 2 et 3 ont retenu l’attention durant ces législatives 2019. Encore une fois, l’électorat de ces deux circonscriptions, à forte composition musulmane, a démontré qu’il ne s’adhère pas à la politique du MSM. Pas un seul candidat de l’Alliance Morisien n’y a été élu. Zouberr Joomaye et Anwar Husnoo, deux grosses pointures du précédent gouvernement de Pravind Jugnauth, sont ainsi restés sur la touche. Les abus commis sous le précédent régime et sous le règne de SAJ ont reflété dans les résultats de ces élections. Cet électorat s’est ainsi rallié, sans grande surprise, derrière l’Alliance Nationale et à un degré moindre le MMM.

Dans la circonscription no. 2, Osman Mahomed s’est démarqué avec un nombre record de votes, soit 10 560 voix (60.10%). Il est suivi du candidat mauve, Reza Uteem avec 7 325 voix et du Dr Farhad Aumeer avec 6 951 voix. Au no. 3, c’est incontestablement Shakeel Mohamed qui a été élu en tête de liste avec 8, 297 voix. Salim Abbas Mamode est arrivé en deuxième position avec 6 309 voix alors qu’Aadil Ameer Meea a pris la troisième place avec 6 101 voix. L’ancien ministre de la Santé, Anwar Husnoo, présenté comme éventuel no. 3 du gouvernement de l’Alliance Morisien, a mordu la poussière avec 4 882  se plaçant à la 5ème position derrière Eshan Juman de l’AN qui a, lui, récolté 5 992 voix. À noter que ces deux derniers ont toutefois été repêchés comme députés correctifs sous le « Best Loser System ».

Navin Ramgoolam trahi par un prêtre

La plus grosse surprise, et déception, de ces élections demeure la non-élection de Navin Ramgoolam au no. 10. Les diverses machinations et campagnes malsaines menées contre le leader de l’Alliance Nationale, couplées de quelques faux pas exploités de façon outrancière, voire démagogique, par Pravind Jugnauth et son équipe, ont finalement eu raison de lui. À première vue, il semble que Navin Ramgoolam a eu tort de se porter candidat au no. 10, et ce à deux semaines seulement avant la tenue des législatives. Avant qu’il ne se penche sur les raisons de sa défaite, et celle de sa coalition pour la deuxième fois consécutive, il lui faudra peut-être réclamé des explications à ce prêtre qui lui a conseillé de poser ses valises au no. 10…

Le MMM loin d’être un joker

Le MMM n’a pas été à la hauteur de ses ambitions. Alors que ses principales têtes d’affiche, dont Paul Bérenger et Rajesh Bhagwan, maintenaient que le MMM, étant plus fort que jamais, tiendra le rôle de joker lors de ces élections, les urnes ont livré un tout autre verdict. Seulement huit de ses candidats ont pu se faire élire, excluant Arianne Navarre-Marie, désignée comme ‘Best Loser’. Au no. 1, aucun des prétendants mauves n’a été élu. Au contraire, l’ancienne militante viré à l’orange, Dorine Chuckowry, a même terminé sa course dans les trois premiers. Même Ajay Gunness ne s’est pas retrouvé parmi les élus.

 

Une opposition forte et solide

Le nouveau gouvernement de Pravind Jugnauth, comprenant 41 parlementaires, aura en face de lui une opposition très forte avec 22 élus et quatre députés correctifs, soit 26 au total. Il devra ainsi composer avec des parlementaires expérimentés de la trempe d’Arvin Boolell, de Shakeel Mohamed, de Xavier Duval du côté de l’Alliance Nationale et de Paul Bérenger, Rajesh Bhagwan ou encore Reza Uteem du MMM.

Les nouvelles têtes de l’opposition, surtout ceux l’Alliance Nationale, promettent également de livrer une rude bataille au Parlement. Les yeux seront ainsi braqués sur les Fabrice David, Farhad Aumeer, Kushal Lobine, Ranjiv Woochit et Mahend Gungaparsad. Les interventions de Joanna Bérenger et de Karen Foo Kune du MMM seront également surveillées de très près.

Les séances parlementaires, passées la période de grâce accordée à tout nouveau gouvernement,  promettent d’ores et déjà d’être houleuses. Une bataille qui n’est pas gagnée d’avance pour la majorité gouvernementale qui comprend plus d’une vingtaine de néophytes.