Le thon en état de surpêche : Un autre coup dur pour l’économie mauricienne à l’horizon ?

Après les marasmes économiques causés par la covid-19 et le naufrage du Wakashio, un autre nuage s’annonce-t-il à l’horizon ? En effet, vu l’absence de gestion des stocks de thon dans l’océan Indien, plusieurs espèces de thon ont été surpêchées, ce qui a conduit des grandes chaînes de supermarchés en Grande-Bretagne et en Europe d’appeler à un boycott de thons pêchés dans l’océan Indien. Or, cela aura de graves répercussions sur notre industrie thonière, avec la possibilité de pertes d’emplois.

Un communiqué conjoint de Princes Tuna Group et de Seafood Hub, une filiale du groupe IBL, dénonce d’emblée l’attitude de la Commission des thons de l’Océan Indien (CTOI), responsable de la gestion des stocks de thons dans l’océan Indien. Selon le communiqué, la CTOI n’aurait nullement l’intention de discuter d’aucune mesure urgente malgré le besoin criant d’agir lors de sa réunion annuelle prévue pour novembre. Le prétexte de la CTOI : cette réunion sera virtuelle, covid-19 oblige… Une attitude « inacceptable », fustige le communiqué.

Cela fait plusieurs années que l’industrie mauricienne du thon tire la sonnette d’alarme, vu l’absence de gestion des stocks de thons par la CTOI. Or, la survie du secteur ‘seafood’ dépend sur une exploitation durable des stocks de thon. Mais la CTOI a apparemment fait la sourde oreille tout ce temps, et continue de le faire.

La cause du problème : les thoniers qui ont augmenté leurs pêches depuis 2017 et qui ne sont sujets à aucune restriction. Or, selon les parties prenantes de ce secteur, il faudrait une réduction de pêche de l’ordre de 25 %.

Tout ceci aura un impact significatif sur notre industrie thonière. En effet, depuis un mois, plusieurs supermarchés en Grande-Bretagne et en Europe, tels que Tesco, Coop et Colruyt, ont déjà annoncé leur intention d’arrêter d’acheter du thon provenant de l’océan Indien et demandent un boycott des produits fabriqués à partir de thons pêchés dans cette zone maritime, à moins que la CTOI ne prenne des mesures strictes. Il est aussi à craindre que d’autres supermarchés ne suivent leur exemple. Ce qui aura un impact direct sur les exportations mauriciennes.

Neil Bohannon, le chairman du Princes Tuna Group (Mauritius) devait aussi faire ressortir que les emplois de quelque 4 000 personnes employées dans les deux sites de transformation du thon de Princes à Maurice sont menacés. Selon ce communiqué, il y aurait 6 000 emplois directs dans l’industrie thonière à Maurice. « Il est clair que nous avons besoin d’un plan crédible, permettant la reconstruction des stocks de thon », explique-t-il.

Ce jeudi 15 octobre, la société Princes, dont la maison mère est basée à Liverpool, a annoncé qu’elle allait réduire ses achats de thon albacore (‘Yellowfin’) de l’océan Indien de moitié, en la ramenant à 16 000 tonnes, pour faire pression sur la CTOI, ainsi que sur les états membres de cet organisme, dont Maurice, les armateurs et les pêcheurs, afin que les pêches de thon soient réduites, et cela avant la réunion annuelle de la CTOI début novembre.

« À la fois Princes et IBL Seafood aimeraient faire appel au gouvernement mauricien pour que celui-ci prenne une position forte à la prochaine réunion de la Commission », plaide Cougen Purseramen, le ‘Chief Operating Officer’ de Seafood Hub.

Les ONG environnementales, à l’instar de World Wildlife Fund, lancent aussi un appel pressant aux États membres de la CTOI pour qu’ils adoptent des mesures énergiques à la prochaine réunion de cet organisme, début novembre.