Le petit wagon du caporal

L’arrogance du pouvoir a rétréci son bon sens et sa capacité de raisonnement. Et le voilà qui se pose en donneur de leçons à son ex-leader (sans qui, empressons-nous de le dire, il aurait été inexistant et nul comme politicien !) quand il parle de valeurs militantes qu’il incarne. Ce n’est pas demain que son groupuscule pourra s’enorgueillir d’être arrivé à la cheville du parcours et des réalisations du MMM et du PMSD, n’est-ce pas ? Mais de quelles valeurs se vante le caporal dont le petit wagon ML est un accident politique, s’étant retrouvé sur les rails, en 2014, par un concours de circonstances ?

Quand un Premier ministre adjoint divague dans sa quête de diminuer, de dévaluer et d’humilier ses adversaires, il faut certainement lui rappeler certaines vérités. Il pourra, sans doute, faire jubiler ses partisans et ceux de l’alliance gouvernementale avec ses arguments de bas étage, mais convaincre l’opinion publique avec de telles postures est une autre paire de manches. Quelqu’un comme le leader du Muvman Liberater aurait dû être un homme de principe.

Ivan Leslie Collendavelloo, élu de l’Union MMM-MTD-FTS en 1987 au No.15, l’a été en 1989 quand contraint de démissionner pour avoir été l’un des deux parrains de Sol Kerzner, patron de Sun International, pour l’obtention d’un passeport mauricien. De nouveau candidat à l’élection partielle à La Caverne-Phoenix, il sera battu par le néophyte Cyril Curé de l’alliance MSM-PTr. Aujourd’hui, allié du MSM, ayant renié le parti et son leader historique qui l’ont formé politiquement, il trouve aussi moyen de s’attaquer au PMSD. Mais qui était « l’agwa » avant les dernières législatives quand les négociations entre sir Anerood Jugnauth et Xavier Duval stagnaient, compliquant l’accouchement de l’Alliance Lepep ?

En se manifestant au grand jour comme s’il a joué un rôle de premier plan pour le changement de bord de Kavi Ramano, Collendavelloo fait sourciller plus d’un au MSM. Car le rapprochement de l’ex-député mauve de Belle-Rose/Quatre-Bornes avec le Sun Trust est l’œuvre de Pravind Jugnauth et personne d’autre. Le leader du ML, dans sa tentative de voler cette paternité, souhaite la réunification de la famille militante. Et Rajesh Bhagwan a eu raison d’évoquer l’affaire Sobrinho parce que n’est-ce pas ce même Collendavelloo qui avait dit avoir regardé dans les yeux de l’homme d’affaires angolais pour soutenir que ses investissements n’étaient pas de provenance douteuse ? Non, mais quand même !

Ce dossier n’est pas clos heureusement, ce qui laisse croire qu’on finira par découvrir le pourquoi de cette défense et de cette proximité occulte. Quand on se veut adepte de la bonne morale et des valeurs militantes, il n’y a pas que Sobrinho ou une nominée ML dans une de nos missions diplomatiques à l’étranger. Quand on a été désavoué sur d’importants dossiers relevant de son portefeuille comme les turbines à gaz du CEB, la privatisation de la CWA et la hausse du tarif d’eau, peut-on encore parler d’homme de principe qui en vérité est devenu « pouvoiriste » ?

Ivan Collendavelloo a peut-être raison d’étiqueter telle ou telle formation politique « petit parti » s’il s’est inspiré des calculs de cet autre membre du ML – Ravi Rutnah pour ne pas le nommer –  qui a crédité les Mauriciens d’une économie de Rs 13 millions sur le pain… (En conférence de presse, au nez et à la barbe de Sinatambou et Jhugroo, il avait déclaré, pour vanter le Budget 2017-2018, : « Lor sa issue 10 sous-là, nou éna 1.3 million dimounn dan Moris, par zour si nou vann 1.3 million dipin, miltiplié par 10 sous, li fer ou 13 millions par zour… »  Avec de tels mathématiciens, le ML est grand, le MMM et le PMSD sont petits. Mais en vérité que représente ce parti circonstanciel sur l’échiquier ?