Le ML s’éclipse

Que vaut désormais le Muvman Liberater (ML) sur l’échiquier politique ? Depuis que son leader a été révoqué comme ‘Deputy Prime Minister’, ce parti, ayant vu le jour en 2014 par un concours de circonstances, s’éclipse de plus en plus. L’ironie veut qu’il y a tout juste un an, Ivan Collendavelloo, fort de sa hiérarchie au sein du gouvernement, se permettait même de traiter le MMM de « petit parti ». Aujourd’hui, c’est son parti à lui qui s’est rétréci comme une peau de chagrin, au point d’être quasi inexistant.

Si Pravind Jugnauth pensait que le ML de Collendavelloo pourrait lui être utile dans les villes aux dernières élections, il a dû certainement se mordre les doigts le jour de la proclamation des résultats en novembre 2019. Car malgré les rassurances de son partenaire d’alliance, ce dernier n’a pu faire élire que trois de ses candidats. C’est d’ailleurs avec maintes difficultés que le leader du ML a pu se hisser parmi les trois vainqueurs au no. 19 où il avait en face de lui son ancien leader Paul Bérenger. L’élection du Ti-Caporal, comme Collendavelloo est surnommé, fait d’ailleurs l’objet de contestations en cour.

Malgré cela, l’ancien Premier ministre adjoint s’était quand même assuré que ses membres et ses proches aient leur part du gâteau en termes de nominations. Et il y en a eu pas mal. Il avait casé ses « dimounes » à la tête et au sein des boards de pratiquement toutes les institutions tombant sous la tutelle de son ministère, soit celui de l’Énergie et des services publics. Sans compter les ambassades. Ce qui provoquait déjà des grincements de dents au MSM. Avec les Ramano et Obeegadoo déjà bien en selle au sein de l’alliance gouvernementale pour attirer d’éventuels militants déçus, Pravind Jugnauth a vite réalisé que Collendavelloo ne lui servait plus à grand chose. Et il s’est débarrassé de lui à la première opportunité, soit dans le sillage de l’affaire Saint-Louis, faisant ainsi d’une pierre deux coups : se dégager d’un partenaire trop encombrant tout en se donnant l’air qu’il « means business ».

Malgré que les pions qu’il avait placés au sein de divers organismes, dont le CEB et la CWA, aient été sciemment remplacés par les hommes de Joe, Ivan Collendavelloo est jusqu’ici resté stoïque. Il encaisse coup sur coup sans broncher. Même quand l’indéboulonnable Ken Fong a été récemment remplacé par un MSM. Pravind Jugnauth semble avoir bien joué sa carte sur ce registre. Il a fait de sorte que le parti de son partenaire d’alliance se désintègre, histoire qu’il n’ait plus de ‘nuisance value’. Maintenant que l’ICAC a repris ses interrogatoires dans l’affaire Saint-Louis, Ivan Collendavelloo sera-t-il convoqué ? Cette affaire sera-t-elle traitée comme un scandale ML pour ne pas gêner davantage le MSM qui est déjà au centre du ras-le-bol de la population ? On le saura tôt ou tard.

 

Jocelyn Chan Low : « Le ML s’est implosé »

« Ce parti existe-t-il encore ? J’ai l’impression qu’il n’existe plus que sur papier », note l’observateur politique Jocelyn Chan Low. « Le jour où Ivan Collendavelloo avait été révoqué du cabinet ministériel dans le sillage de l’affaire Saint-Louis, il avait assuré que l’exécutif de son parti se réunirait pour décider de la marche à suivre, mais jusqu’ici on n’en a rien entendu. Gayan, qui est le président du parti, semble aller dans une autre direction alors que les conseillers municipaux n’arrivent plus à rencontrer le leader. L’ancien maire Ken Fong a, lui, dû céder sa place. Je pense que le ML s’est implosé depuis que son leader s’est retrouvé empêtré dans le scandale Saint-Louis. Le ML a joué son rôle en 2014, mais il a maintenant été relégué aux oubliettes et remplacé par d’autres éléments », poursuit notre interlocuteur.