Le maintien du projet Metro Express : une priorité pour le pays ?

Alors que les retombées économiques du covid-19 se font ressentir, les travaux de la deuxième phase du Metro Express (Rose-Hill / Curepipe) ont déjà été entamés. Le ministre des Finances, Renganaden Padayachy, avait ainsi mentionné dans son discours du Budget 2020/2021 que Rs 5 milliards seront allouées pour ces travaux. Or, il convient de se poser la question si la continuation du Metro Express est une nécessité pour le pays, et s’il n’y aurait pas d’autres priorités socioéconomiques plus urgentes.

 

« Vu le fait qu’on a reçu un don de la part de l’Inde d’à peu près Rs 10 milliards pour ce projet, je ne crois pas qu’on peut arrêter ce projet au milieu », nous indique l’économiste Eric Ng.

Ce dernier affirme qu’il a toujours été contre ce projet d’un point de vue économique, mais vu qu’on a déjà entamé la première phase, il faudrait donc aller jusqu’au bout. Il souligne que de manière générale, en ce qui concerne les projets qui ne sont pas encore démarrés, ils peuvent être mis en attente.

« Le Budget 2020-2021 met plus d’accent sur le secteur de la construction, qu’il considère comme l’élément de relance de l’économie », explique Eric Ng. « Hélas, cela ne sera pas le cas, vu que ce secteur demande beaucoup d’importations, ce qui requiert des devises. Or, nous n’exportons pas, alors comment allons-nous avoir des devises ? », s’exclame-t-il.

Selon un autre économiste, Vinay Auncharaz, tout dépendra si le projet du Metro Express a déjà été voté à l’Assemblée nationale, et si cet argent est déjà là. Il suggère que dans ce cas-ci, le projet pourra bien continuer. « Dans une situation comme celle-ci, on aura besoin des injections d’investissement pour que l’économie reprenne », explique-t-il. D’un autre côté, il est d’avis que si le projet n’est pas encore voté,  il aurait fallu se servir de cet argent pour d’autres choses plus urgentes.

 

Adi Teelock : « C’est insensé de continuer d’investir des milliards dans le Metro Express »

Pour Adi Teelock, de la Platform Moris Lanvironnman, il est clair que le gouvernement va continuer avec le Metro Express, même si une bonne partie de la population n’est pas d’accord. « Avant même de commencer ce projet, les experts, les ONG et les citoyens avaient soutenu que ce projet n’était pas une urgence pour Maurice, et qu’il est la cause de problèmes sociaux et environnementaux majeurs », déclare-t-elle.

Adi Teelock explique ainsi que dans la présente situation économique, c’est totalement « insensé » de continuer d’investir de l’argent dans ce projet. Or, le projet a déjà été enclenché et le gouvernement ne veut pas perdre la face. « Ce genre de projet coûte énormément. On devra importer des quantités importantes de matériaux, se chiffrant dans les milliards. C’est vraiment insensé ce qui arrive », explique-t-elle.

Cette dernière revient sur les promesses faites par le gouvernement pendant la campagne électorale de 2014 de ne pas aller de l’avant avec le Metro Express. Mais, début 2016, le gouvernement avait décidé d’initier  ce projet. Qu’est-ce qui a changé entretemps ? Adi Teelock ne mâche pas ses mots : « On a eu un ‘bon deal’ avec Modi, le PM de l’Inde ! » Elle poursuit : « Les personnes qui sont au courant savaient qu’il était impossible de faire ce projet avec Rs 17 milliards seulement. »