Le douloureux combat d’Iqbal Nauzeer

Atteint d’une maladie rare

Un couple assez âgé, les deux conjoints avec plusieurs maladies graves, le mari alité, toute la pension qui part en médicaments, le rejet et les moqueries, la femme qui doit se tourner vers la mendicité… Des conditions de vie inhumaines, tel est le quotidien du couple Nauzeer à Plaine-Verte. C’est une image éprouvante qui s’est offerte à nos yeux lorsque nous avons rencontré le couple Nauzeer dans sa modeste demeure à l’impasse Gorah Issac à Plaine-Verte au cours de la semaine.

Ashley Jacques

 

Iqbal Nauzeer et sa femme Yasmine Dulloo habitent dans deux pièces en dur. Les deux souffrent de plusieurs complications de santé. Iqbal Nauzeer souffre de l’hypertension, du diabète et d’une infection au niveau du ventre. Son épouse souffre quant à elle d’un problème rénal et aussi du diabète. « Je lance un appel de solidarité à tous les Mauriciens de venir à notre aide », implore Yasmine Dulloo.

Leur petit déjeuner consiste en un verre d’eau sucrée avec un morceau de pain sec. Pour leur déjeuner, ils doivent consommer des nouilles instantanées, comme les mines Apollo.

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Allongé sur son lit, Iqbal Nauzeer, âgé de 57 ans, essaie de trouver les mots pour exprimer sa détresse. C’est en 2002 que débute son terrible calvaire. Ressentant des douleurs atroces au niveau des pieds, Iqbal Nauzeer décide de consulter un médecin. « Après les analyses, mon médecin traitant m’a confirmé que j’avais eu une infection au niveau des pieds », explique-t-il. La maladie le ronge à petit feu et il a été forcé d’abandonner son emploi comme maçon. D’ailleurs, il ne peut même pas se déplacer pour aller aux toilettes. « Je dois faire mes besoins dans un seau, car j’éprouve des difficultés pour marcher », explique-t-il.

 

Un diagnostic qui va bouleverser sa vie

Iqbal Nauzeer multiplie alors les rendez-vous auprès des médecins à l’hôpital Dr Jeetoo dans le but d’obtenir sa guérison, mais en vain. En 2007, un autre médecin le prend en charge et ce dernier lui a fait comprendre que son dossier de santé est perdu ! S’ensuivent alors d’autres analyses pour comprendre sa maladie. « Le 27 février 2017, c’est une date qui me marquera à vie. C’est le jour où l’on m’a annoncé que j’étais atteint d’éléphantiasis », nous témoigne cet homme de 57 ans, en larmes (voir texte en encadré). Tous les jours, Iqbal prie pour sa délivrance par la mort ou bien qu’on lui ampute ses deux pieds.

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Rejeté par les membres de sa famille

« C’est dans les moments difficiles que l’on connaît ses vrais amis », dit l’adage. Telle est l’expérience vécue par Iqbal Nauzeer lorsque ses proches ont appris qu’il souffrait de cette grave maladie. « Ni mo banne zanfans ni banne les zot membres mo fami vine rane moi ene visite kan mo malade », constate Iqbal Nauzeer avec amertume.

Comme un malheur n’arrive jamais seul, d’autres problèmes sont venus s’ajouter au lot quotidien de cette famille. Selon Yasmine Dulloo, les officiers de la sécurité sociale lui ont fait comprendre que son époux ne pourrait plus bénéficier d’une aide sociale. Ayant comme seule source de revenu la pension de vieillesse de Yasmine Dulloo, le couple ne sait plus à quel saint se vouer pour avoir de l’argent pour les soins de son époux. « Les Rs 5 000 que je reçois comme pension de vieillesse finissent dans l’achat des médicaments de mon époux », explique Yasmine Dulloo.

 

Yasmine Dulloo a recours à la mendicité

Après avoir frappé aux portes des différents ministères et des ONG, leurs démarches se sont révélées infructueuses. « Zot zouer ar nou, zot fer nou couma boule ek éna mem ene officier ine dir ou gagne malade l’éléphant, zamer ine tender sa, apre line casse ene grand riyer », se désole-t-il. Pour éviter les moqueries et le refus de certains de les aider, Yasmine Dulloo s’est tournée vers la mendicité pour avoir de quoi acheter à manger. « Mem kan mo al demane sarité mo gagne maltreter ar dimoune. Ene chance le destin ine fer moi croise avek Dr Rajah Madhewoo kine accepté pou fer mo banne démarches », confie-t-elle. En effet, le Dr Rajah Madhewoo a rédigé une lettre pour eux afin d’alerter le Premier ministre, Pravind Jugnauth, le ministre de la Sécurité sociale, Étienne Sinatambou et le ministre de la Santé, Anwar Husnoo.

 

Le ministre de la Sécurité sociale intervient personnellement

Contacté pour une réaction, Étienne Sinatambou, ministre de la Sécurité sociale, affirme qu’il est au courant de ce cas. « Le cas d’Iqbal Nauzeer m’était inconnu jusqu’ici. J’ai reçu une lettre de la part d’un ONG m’expliquant les problèmes de ce couple. Je lui ai personnellement contacté et j’ai eu une écoute particulière pour sa souffrance et ses déboires administratifs. J’ai assuré à Iqbal Nauzeer de mon soutien et j’ai donné les instructions nécessaires aux services sociaux pour qu’ils donnent toute l’attention requise à Iqbal Nauzeer », affirme le ministre Étienne Sinatambou.

 

L’éléphantiasis : maladie heureusement rare à Maurice

L’éléphantiasis désigne une augmentation considérable du volume (de plusieurs fois la taille normale) d’un membre (jambes ou cuisses essentiellement) ou d’une partie du corps, ce qui donne parfois l’apparence des pieds de l’éléphant, d’où le nom de la maladie.

Dans les pays tropicaux, il s’agit d’une complication chronique et grave d’une maladie parasitaire, causée par un ver dont les larves sont transmises par piqûre de moustiques. L’éléphantiasis concernait plus de 120 millions d’êtres humains en 2007, dont un tiers se trouve sur le continent africain. La maladie est heureusement rare à Maurice.

 

Appel à l’aide

Le couple Nauzeer sollicite votre aide. Veuillez l’appeler sur le 57 59 77 73. Il a particulièrement besoin de nourriture, de béquilles pour Iqbal, et d’un WC portatif.