Le diabète, maladie la plus répandue à Maurice

Santé

Maurice serait parmi les pays les plus affectés par plusieurs  maladies non-transmissibles (MNT), notamment le diabète, l’obésité, l’hypertension, le cholestérol, et les maladies cardiovasculaires. Bien que ce fait était déjà connu depuis longtemps, force est de constater que rien n’a changé dans les données. Le cancer, autrefois assez rare à Maurice, devient de plus en plus fréquent. Là où le bât blesse, c’est qu’à Maurice, le mode de vie sédentaire ainsi que les mauvaises habitudes alimentaires aggraveraient le problème des MNT de façon accrue.  

Selon le dernier rapport sur les maladies non-transmissibles sorti en 2015 du ministère de la Santé, la population de l’île Maurice a connu une industrialisation rapide et une croissance économique. Après plusieurs décennies, cela a entraîné dans son sillage un changement dans le modèle de prévalence des maladies.

Ainsi, à Maurice, la mortalité due à des maladies du système circulatoire et du diabète est passée de 31 % du nombre total des décès en 1975 à 46 % en 1990 et a atteint un peak à 59 % en 2007. Cependant, au cours des dernières années, elle a oscillé entre 56 et 57 %. La situation est néanmoins alarmante même si la prévalence des maladies dues au mode de vie s’est plus ou moins stabilisée en 2015.

Les maladies les plus répandues à Maurice sont le diabète, le surpoids, l’hypertension, le cholestérol, les maladies cardiovasculaires, le cancer, la dépression et l’asthme. Or, plusieurs de ces maladies sont à la base d’une mortalité élevée. Souvent, les Mauriciens ne se rendent compte que quand c’est un proche parent, un voisin ou un collègue qui meurt de ces maladies avant l’âge de 60 ans. Rappelons le cas assez médiatisé de ce directeur d’hôtel décédé il y a quelque temps, d’une gangrène rendue incurable en raison de son diabète.

Pourtant, le spectre de l’issue fatale est vite oublié. L’absorption de nourriture grasse, l’alcool et le tabac gardent leur emprise sur de nombreux Mauriciens, qui ont banni les exercices physiques et qui vivent perpétuellement sous le stress. Le nombre de personnes menant une vie sédentaire à Maurice peut choquer. Aussi, la majorité des diabétiques, des patients souffrant d’hypertension et les malades cardiaques passent outre aux contrôles prescrits.

Les maladies non-transmissibles à Maurice

 

  • Le diabète en tête de liste

La prévalence du diabète de type 2 dans la population mauricienne (tranche d’âge de 20 à 74 ans) était de 20,5 %. Donc, un Mauricien sur cinq souffre du diabète. En chiffres réels, le rapport souligne qu’environ 300 000 Mauriciens, âgés de 20 à 74 ans, vivent avec le diabète. Les femmes sont légèrement plus touchées : 19,6 % des hommes ont le diabète tandis que 21,3 % des femmes sont affectées.

 

  • Un taux d’obésité de 45 % à Maurice

En se basant sur le body mass index (BMI), ou indice de masse corporelle, un individu peut définir s’il est obèse ou pas. Validé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), cet indice est fiable pour les adultes, hommes et femmes confondus, entre 18 et 65 ans.

Notons qu’un BMI normal est compris entre18,5 et 25 unités. En dessous de 18,5, l’individu est considéré comme trop maigre. Au-dessus de 25, il est en surpoids. À partir de 30, on parle d’obésité.

En 2015, le taux d’obésité (qui inclut à la fois ceux en surpoids ou obèses) à Maurice était de 45,5 % pour toute la population, soit 50,6 % chez les femmes et 39,4 % chez les hommes. Ainsi, en termes réels, nous arrivons au chiffre incroyable où environ 400 000 Mauriciens sont jugés soit en surpoids, soit obèses.

 

  • L’hypertension : la cause de plusieurs complications

L’hypertension est une condition où la pression sanguine dans les artères est constamment élevée. Elle est la cause des maladies artérielles, l’arrêt cardiaque, les maladies vasculaires, perte de la vision et insuffisance rénale. Chez nous, 28,4 % de la population souffrent de l’hypertension. D’ailleurs, environ 15 % des adultes mauriciens prennent des médicaments pour réduire leur pression artérielle.

 

  • Le cholestérol affecte plus d’un Mauricien sur dix

Le cholestérol, en tant que maladie, se réfère à l’accumulation d’une substance appelée cholestérol sur les parois artérielles. Les œufs, le fromage et le beurre, particulièrement prisés par les Mauriciens, sont des aliments riches en cholestérol. Cette maladie, souvent mortelle s’il y a blocage des artères, affecte une bonne partie de la population mauricienne. Le cholestérol est à l’origine de l’artériosclérose, qui cause des millions de décès mondialement. Les médicaments anti-cholestérol étaient pris par 13,3 % de la population mauricienne en 2015.

 

  • Les maladies cardiovasculaires à Maurice

Les maladies cardiovasculaires sont aussi très prévalentes à Maurice. D’ailleurs, le directeur du Centre de cardiologie de l’hôpital, Dr Sunil Gunness estime que la situation est alarmante. Lors de la dernière Journée mondiale du Cœur, il avait expliqué le phénomène de rajeunissement des Mauriciens qui souffrent de cette maladie. Une quinzaine d’angiographies sont effectuées quotidiennement au Centre de cardiologie dirige par le Dr Gunness.

  • Le cancer

D’après le Health Statistics Report de 2015, le nombre de décès liés à un cancer pour cette année-là est de 636 pour les hommes et 627 pour les femmes, ce qui représente un total de 1 263 morts dus au cancer, soit 13,3 % des causes de décès. Toujours en 2015, il y a eu plus de 35 936 patients qui se sont rendus au Centre de cancérologie de Candos.

 

Pour une bonne hygiène de vie

bonne hygiene

On ne cesse de répéter qu’une bonne hygiène de vie aiderait à réduire le risque des maladies non-transmissibles. Il y a une pléthore de conseils dans ce domaine. Reprenons quelques conseils de base. Pour se protéger, il faudrait commencer par :

·         Cesser de fumer

Le pourcentage de fumeurs dans la population mauricienne, âgée entre 18 et 74 ans, était de 19,7 % : 4,1 % chez les femmes et 38,5 % chez les hommes, selon le rapport de 2015 du ministère de la Santé. En moyenne, les fumeurs meurent 14 ans plus tôt que les non-fumeurs. Les adultes de 25 à 34 ans ont une plus grande affinité avec la cigarette. La fumée de cigarette augmenterait le risque d’avoir le cancer, des maladies cardiovasculaires et d’autres complications.

·         S’abstenir de consommer de l’alcool

La consommation de boissons alcoolisées augmente la probabilité de certains cancers et ce, à partir d’un verre d’alcool consommé par jour. Ce risque dépend de la dose consommée et non du type d’alcool, qu’il s’agisse de vin, de bière ou d’alcool fort (spiritueux). C’est l’alcool pur qui est cancérigène, quelle que soit la boisson. Ces cancers peuvent concerner toutes les zones du corps dans lesquelles il circule : dans la bouche et la gorge (larynx, pharynx), dans l’œsophage, dans le foie, le côlon et le rectum. Les femmes qui boivent de l’alcool sont aussi exposées à un risque de cancer du sein. En ce qui concerne les cancers de la bouche et de la gorge, fumer aggrave les effets de l’alcool et inversement.

·         Manger sainement

La consommation de beaucoup de fruits et légumes, d’aliments à base de grains entiers et de produits laitiers ou des boissons lactées enrichies contribue à réduire le risque de contracter certains types de cancer. De plus, il faut savoir bien manger et maintenir un poids constant. L’idéal serait d’établir un régime alimentaire pour toute la famille, afin que tous les membres atteignent et maintiennent un « poids santé ».

·         Être actif tous les jours

Le sédentarisme a des conséquences graves sur la santé. Il peut entraîner l’obésité, les maladies cardiaques, le diabète, les troubles de sommeil, le cancer du côlon, l’ostéoporose, entre autres. Ainsi, l’activité physique est indispensable. L’activité physique renforce le cœur, les poumons et les muscles. Il peut également réduire le risque de contracter de nombreux types de cancer. La marche et le vélo sont d’excellentes façons d’éliminer le sédentarisme.

 

Interview Dr Waseem Ballam, président de la Medical Health Officers Association (MHOA)

« La prévention avant tout »

Sunday Times : Quelles sont les maladies les plus courantes à Maurice ?

Dr Waseem Ballam : Le diabète, l’hypertension, le cholestérol, l’obésité et les maladies cardiovasculaires sont les maladies les plus récurrentes chez nous.

Sunday Times : Quels sont les personnes les plus vulnérables face à ces maladies ?

Dr. W. B. : Les statistiques sont formelles : ce sont les membres de la gent masculine qui sont les plus vulnérables à contracter ces différentes maladies. En ce qu’il s’agit de l’ethnicité, ce sont les citoyens d’origine asiatique qui sont les plus vulnérables face à ces maladies. Enfin, il n’y a aucune tranche d’âge qui est plus vulnérable par rapport aux autres, car on note un rajeunissement des patients atteints de ces maladies. L’âge moyen est de 30 ans à monter.

Sunday Times : Ces maladies sont-elles mortelles ?

Dr. W. B. : Définitivement. Si le patient ne suit pas les traitements nécessaires et les recommandations de son médecin traitant, il pourrait avoir plusieurs complications pouvant causer sa mort. Par exemple, si un diabétique ne suit pas les traitements prescrits, sa maladie pourrait provoquer un hypo ou hyperglycémie, qui le fera sombrer dans un état comateux. Concernant l’hypertension, celle-ci pourrait provoquer un infarctus chez le patient en question.

Sunday Times : Pourquoi il y a tant de Mauriciens qui sont atteints de ces maladies ?

Dr. W. B. : Il existe plusieurs raisons. Mais je pense que le manque d’informations et le faible exercice de conscientisation sont les principales causes de ce problème. Je suggère aux autorités concernées, de même que les ONG, entre autres, d’accroître grandement leurs efforts sur l’éducation et la conscientisation afin de prévenir contre les causes et les dangers de ces maladies. On doit impérativement passer par la prévention avant toute chose.

Sunday Times : Les hôpitaux publics ont-ils les équipements nécessaires pour traiter ces différentes maladies ?

Dr. W. B. : Il y a eu une nette amélioration dans le secteur public en ce qu’il s’agit des équipements et de la qualité de service. D’ailleurs, il y a des médecins spécialisés qui occupent uniquement des patients qui souffrent de ces maladies. Aussi, il existe un centre dédié aux soins et traitements des diabétiques.

 

Check-ups médicaux gratuits

Le ministère de la Santé organisera des contrôles médicaux gratuits du 30 mars au 9 avril dans les différents centres sociaux de la région de Plaine Verte. Les habitants de Plaine Verte, ceux de Camp Yoloff et de Vallée Pitot sont donc attendus.

Le premier check-up a eu lieu le jeudi 30 mars au centre Idrice Goomany. Notons que d’autres régions du pays seront ciblées prochainement. Cette initiative vise à sensibiliser la population sur l’importance d’un check-up médical de temps en temps.

Un important personnel médical du ministère de la Santé prêtera main forte pour faire de l’exercice un succès. Lors du lancement au centre Idrice Goomany, le ministre de la Santé, Anwar Husnoo, atteste qu’à Maurice, les maladies cardiovasculaires et le diabète sont en hausse. La situation est alarmante et il faudra conscientiser la population sur leur mode de vie, selon lui.

Le but de cet événement est avant tout de dépister les maladies non-transmissibles, notamment le diabète, qui est très répandu à Maurice, l’hypertension et l’obésité, entre autres. Pour les femmes, le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus est au programme. Ces examens médicaux seront soutenus par des explications pour conscientiser la population sur les maladies courantes et l’importance de la prévention.

Notons que la région de Moka bénéficiera prochainement de ce programme à partir du vendredi 7 avril.

 

« Les diabétiques peuvent mener une vie normale à condition d’avoir le soutien de leur famille » 

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Le diabète est un souci majeur de santé publique à Maurice, comme dans le monde. Le nombre de diabétiques dans le monde s’élève à 415 millions en 2015. Il est attendu que ce nombre passe à 640 millions en 2040, soit un adulte sur dix souffrira de la maladie dans le monde. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) prévoit même qu’en 2030, le diabète sera la septième cause de décès dans le monde.

Il existe deux types de diabète: type 1 et type 2. Le diabète de type 1 touche souvent les jeunes : enfants, adolescents ou jeunes adultes. Des symptômes comme une soif intense, des urines abondantes, un amaigrissement rapide peuvent signifier la présence du diabète de type 1. Le diabète de type 2 apparaît généralement chez les personnes de plus de 40 ans, mais il commence à devenir de plus en plus fréquent chez les enfants et les jeunes.

Voulant connaître le point de vue des diabétiques, Sunday Times est parti à la rencontre d’un couple souffrant tous deux de diabète. Iqbal et Yasmine nous disent que le plus important est de suivre le traitement à la lettre. Le plus difficile ce sont les injections quotidiennes d’insuline et le coût assez prohibitif de ces injections. Ces sexagénaires affirment qu’avec l’aide et le soutien de leur famille, ils mènent une vie à peu près normale.

 

Plus de 2000 personnes conscientisées à l’APSA

Créée en 1985, l’Association pour la promotion de la santé (APSA) est un centre basé à Ebène, aidant à la prévention du diabète et organise aussi des campagnes de sensibilisation sur la maladie. L’APSA offre une panoplie de services à la population diabétique locale. Chaque année ils sont plus de 400 patients à bénéficier des consultations par des médecins, podologues, psychologues et autres à un coût minimal. Aussi, des ‘awareness campaigns’ y sont organisées, comme des dépistages pour des entreprises de l’île.

L’administratrice d’APSA, Sophie Le Febvre, nous dévoile les chiffres de l’APSA pour l’année 2016.  « Plus de 2000 personnes ont été conscientisées et elles ont été 1433 personnes à bénéficier des séances de dépistage suite à des complications des pieds et de soins préventifs. 50 % des patients ont été guéris suite à leur plaie au pied et 70 % d’entre elles, après avoir entamé des suivis de neuro réhabilitation, retrouvent la sensibilité au niveau des pieds et peuvent marcher à nouveau », nous dit-elle.