Consommation de la viande bovine à Maurice
La viande commence à avoir mauvaise presse. On l’associe, souvent avec raison, à certains problèmes de santé dont le cholestérol et les maladies cardiovasculaires, sans parler des maladies infectieuses qui ont fait leur apparition ces derniers temps. À travers le monde, le mouvement vegan fait de plus en plus d’adeptes. Ce courant s’explique par le fait que les gens, bien mieux informés de nos jours, se soucient plus de leur santé et aiment garder une ligne svelte. Toutefois, si la viande est consommée avec modération, avec une méthode de cuisson appropriée, la viande reste une nourriture essentielle pour maintenir une vie saine, ensemble avec les fruits, les légumes et les grains secs (sans vouloir ici contester le mode de vie des végétariens). Riche en fer, vitamines, zinc et sélénium, la viande doit être reconnue pour ses vertus saines. Toutefois, il faut savoir quand, combien et comment la consommer.
Le Dr. Yasheel Aukhojee, médecin :
« La viande rouge demeure l’une des nourritures les plus nutritives »
Le médecin nous confie d’emblée que les êtres humains ont toujours mangé de la viande et que notre système digestif est bien équipé pour le digérer. « La viande rouge est pleine de vitamines, de minéraux, d’antioxydants et d’autres nutriments qui peuvent avoir un effet positif et important sur la santé. La viande rouge est très nutritive, particulièrement si elle provient d’animaux élevés et nourris naturellement. Il n’est pas nécessaire que les gens abandonnent la viande rouge. Ils doivent tout simplement mieux choisir et bien mesurer la quantité qu’ils consomment. »
Les Mauriciens consomment deux millions de kilos de viande bovine par an
Selon le directeur de la Mauritius Meat Authority (MMA), Rajesh Daumoo, la consommation de la viande bovine, de janvier à décembre 2016, s’élève à 1,9 millions de kilos. « Comparativement à 2015, il n’y a pas eu de grand changement par rapport au taux de consommation, qui était de 2 012 500 kilos », a affirmé Rajesh Daumoo.
Si les chiffres par rapport à la consommation sont restés les mêmes, on ne peut en dire de même sur le prix, qui a connu deux augmentations cette année et ce à un mois d’intervalle.
En effet, le prix avait été revu en juin dernier, pour une première hausse. Il avait augmenté de Rs 5.50 le kilo, soit de Rs 120 à 125.50. En juillet, le prix de la viande a connu une deuxième hausse. Cela était dû au fait que le coût d’abattage a augmenté de Rs 4 le kilo, pour la première fois depuis 2013.
Bien que le ministère de l’Agriculture français avait prédit que le marché mondial de la viande bovine serait dans la tourmente en 2016, cela n’a en aucun cas affecté la consommation à Maurice.
Les différents types de viande
Il est important pour le consommateur de bien s’informer et de faire une distinction entre les différents types de viande.
- Viande rouge proprement dite La viande rouge signifie la viande provenant essentiellement du bœuf et du mouton. Les viandes rouges crues ne passent par aucun processus de traitement.
- Viande traitée La viande passe par diverses méthodes de traitement après l’abattage. Ainsi, la viande peut être fumée ou traitée avec des nitrates, des préservatifs, et d’autres produits chimiques. Les types de viande traitée incluent les saucisses et le bacon.
- La viande blanche Les viandes blanches comprennent la viande de volaille comme le poulet et la dinde, mais ce terme s’applique uniquement lorsque la viande est cuite.
- Viande dite biologique ou organique Cette viande provient d’animaux nourris naturellement, sans médicaments et hormones. Ils ne contiennent pas d’additifs chimiques artificiels.
Une portion de 100 g de viande de bœuf crue contient :
- 10 % de graisse
- Vitamine B3
- Vitamine B12
- Vitamine B6
- Le fer
- Le zinc
- Le selenium
- Un niveau de calories à 176.
La consommation de viande et les maladies
Il y a des études qui associent la viande rouge avec un plus grand risque de maladies cardiovasculaires et le cancer.
Le Dr. Yasheel Aukhojee, nous explique que certaines viandes rouges sont hauts en graisses saturées, qui augmentent le taux de cholestérol dans le sang, qui à son tour peut augmenter le risque de maladies cardiovasculaires.
Le principal type de cancer qui peut être causé par la viande rouge est le cancer colorectal, qui est le troisième type de cancer le plus répandu au monde.
Selon le Dr. Aukhojee, « Une étude récente révèle que les gens qui mangent davantage de viande rouge sur une période de dix ans ont un taux de mortalité plus grand que ceux qui en mangent de façon modérée. Ainsi, ceux qui mangent 100 g de viande rouge par jour ont un taux de mortalité plus grand que ceux qui mangent 15 g par jour. Toutefois, il faut savoir que les épidémiologistes qualifient ce risque pour ceux qui consomment plus de viande rouge de modeste. »
Selon lui, ce qui causerait le cancer n’est pas la viande rouge elle-même, mais principalement les graisses et les carcinogènes découlant de la cuisson.
Quelle quantité de viande devez-vous consommer ?
Les nutritionnistes suggèrent de se concentrer sur des portions qui sont raisonnables, et d’éliminer les graisses au maximum.
Posez-vous ces deux questions essentielles avant de cuire votre repas et de passer à table:
- Êtes-vous en train de consommer plus de calories que vous ne pourrez en bruler ?
- Est-ce que votre consommation de viande rouge dépasse votre consommation de fruits, de légumes et de grains secs ?
Comment bien cuire la viande ?
- Une bonne règle générale : il faut enlever la graisse avant la cuisson et retirer toutes les pièces carbonisées avant la consommation.
- La cuisson à haute température de la viande rouge peut générer des composés qui peuvent effectivement augmenter le risque de cancer.
- Choisissez des morceaux maigres et faibles en graisse qui réduisent les risques de flamboiements ou de fumée lourde (qui augmentent le risque de laisser des éléments carcinogènes sur la viande).
- Cuisez à température moyenne et évitez les flammes ardentes et directes, qui peuvent carboniser la viande.
- Utilisez moins des procédés comme la friture et la grillade, qui soumettent la viande à une trop haute température.
- Toutefois, il est important de bien faire cuire la viande pour éliminer les bactéries qui peuvent provoquer des pathologies parfois graves.
- Essayez de cuire une partie de la viande dans le four ou dans le four à microondes au lieu de tout cuire sur le grill.
Anya Benoît, nutritionniste :
« Les Mauriciens privilégient trop la friture des morceaux riches en graisse »
La méthode de cuisson de la viande des Mauriciens laisse-t-elle à désirer ?
L’une des méthodes de cuisson préférées et courantes chez les Mauriciens, c’est la friture. Ces derniers ont tendance à choisir des morceaux de viande qui contiennent une quantité élevée de graisse. De plus, ils font frire la viande avant d’ajouter des sauces qui contiennent déjà de l’huile.
Qu’’en est-il de la viande bovine ?
En ce qui concerne la cuisson de la viande bovine, la tendance générale des Mauriciens est d’ajouter une grande quantité de gras provenant de la viande avec beaucoup d’huile.
Quelle cuisson doit-on privilégier pour la viande bovine?
On peut faire rôtir la viande dans le four ou dans une poêle antiadhésive. Un barbecue de bœuf est également bon pour la santé car cette technique permet l’écoulement de la graisse, et la viande sera plus maigre. La cuisson doit se faire avec seulement un peu d’huile ou sans. Attention toutefois à ne pas consommer des composés carbonisés ou brûlés qui ont été prouvés nocifs pour la santé, et potentiellement cancérigènes.
Quels sont les problèmes de santé liés à la consommation excessive de graisse ?
L’excès de graisse est lié aux risques de prise de poids et de maladies chroniques associés à la hausse du poids. L’agneau demeure la chair la moins grasse.
Quels sont les bienfaits de la viande bovine ?
La viande maigre est une bonne source de protéines, de différents vitamines et minéraux dont le fer, qui est très important pour notre corps. La protéine nous donne un sentiment de satiété qui nous empêche de grignoter.
Une situation de monopole à Maurice ?
Le marché de la viande bovine à Maurice est quasiment en situation de monopole. Ce marché reste majoritairement sous le contrôle d’une seule compagnie alors que les petits éleveurs peinent à avoir un impact économique quelconque. Faut-il rappeler que la grande majorité des bœufs à Maurice est importée du continent africain par cette compagnie privée? Cette corporation agroalimentaire s’enrichit, souvent au détriment des consommateurs et des petits éleveurs.
L’État ne se soucie pas d’encourager la production et se contente de réglementer. Si Maurice veut vraiment avoir un marché libre et dynamique, il faudra d’abord commencer à briser toute situation de monopole ou de cartel, à encourager les éleveurs indépendants et à viser à produire plus sur le marché local. Il est grand temps que l’État ait une politique et une stratégie dans ce sens. Car même si le prix de la viande bovine a connu des hausses récemment, le consommateur ne se transformera pas en vegan du jour au lendemain.
