La STC erre les automobilistes casquent

Hausse injustifiée du prix des carburants

  • L’ACIM : « Que les calculs soient rendus publics ! » 

Deux augmentations en l’espace de six mois. Sacré coup dur pour les automobilistes. Cependant nombreux sont ceux qui pensent que cette décision est  injustifiée puisque le prix sur le marché mondial est resté inchangé.  Et l’excuse de la perte de Rs 216,5 millions ? Une piètre excuse tout simplement…

M.Dawood/C.Gourdin/S.Oozeerally

Le prix de l’essence à la pompe passe de Rs 42.70 à Rs 44.90 le litre, soit une augmentation de Rs 2.20. Le prix du diesel passe de Rs 32.45 à Rs 35.35 le litre, soit une hausse de Rs 2.90. À l’annonce de cette augmentation, les automobilistes se sont rués vers les stations d’essence afin de faire le plein, mais la grogne et l’incompréhension se sont vite installées.

La STC s’explique !

Or, la State Trading Corporation (STC) indique dans son communiqué de presse qu’au 4 août, le Price Stabilisation Account (PSA) a fait une perte de Rs 193,3 millions sur l’essence et de Rs 23,2 millions sur le diesel, soit une perte totale de Rs 216,5 millions. C’est la raison pour laquelle la hausse de 5.15 % et de 8.94 % a été refilée aux automobilistes sur l’essence et le diesel respectivement.

Mais la STC explique qu’en février 2017, le prix du carburant aurait dû prendre l’ascenseur. Le prix aurait été de Rs 7,94 par litre d’essence, soit une hausse de 20,46 % tandis que le diesel aurait été de Rs 7,38 le litre, soit une hausse de 25,02 %. Mais pour ne pas aller à l’encontre des règlements, précise le communiqué, un plafond de 10 % de hausse a été fixé.

Pas convaincant…

Les explications de la STC ne convainquent pas ! Surtout que le prix de l’essence et du diesel sur le marché international est resté pratiquement stable. Si la tonne métrique d’essence se vendait à USD 570 au 15 février 2017, ce prix a connu une légère baisse au 4 août dernier soit à USD 550 la tonne métrique.  Le prix du diesel lui il est resté à USD 66 la tonne métrique.  Mais il faut savoir que les prix de l’essence et du diesel à Maurice ont connu les deux une hausse de 20% approximativement chacun entre février et août.

Mais ceci n’explique pas cela. Si avant les élections de 2014 les dirigeants de l’Alliance Lepep disaient que le prix des carburants n’allait pas être revu à la hausse, ils s’intéressaient cependant au pricing mechanism.  Ce qui est, selon des experts, une faute grave ! Mais voilà la hausse était clairement évitable. Comment ? En mars 2015, Vishnu Lutchmeenaraidoo introduisit une taxe de Rs 1 par litre d’essence ajouté aux Rs 3 existantes ce qui faisait au total Rs 4 par litre d’essence que le consommateur contribuait sans la TVA au Build Mauritius Fund.  Si on ajoute les 15% de la TVA, cela fait un total de Rs 4.60.  Soit un revenu de Rs 2 milliards annuellement.

Le gouvernement  décide alors d’en finir avec le Build Mauritius Fund et contribue cet argent au Consolidated Fund au lieu de retourner les Rs 4.60 au consommateur et augmente une nouvelle fois le prix des carburants. «Pourquoi n’avoir pas utilisé ces Rs 2 milliards pour solder les pertes du Price Stabilisation Account ? », s’interroge certains experts.

L’ACIM : « Les consommateurs paient les pots cassés ! » 

Jayen Chellum, secrétaire de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM), dénonce cette hausse du prix des produits pétroliers.

« Pourquoi est-ce que les consommateurs doivent faire les frais des erreurs commises par la STC et la Petroleum Pricing Committee ? L’explication fournie par le ministre Gungah ne tient pas la route surtout que le prix sur la marché mondial est resté intact. Au nom de l’ACIM, je demande à ce que tous les calculs soient rendus publics et que les responsables des erreurs soient sanctionnés », réclame-t-il.

Par ailleurs, il ajoute que les consommateurs doivent être mis au courant sur la structure des prix des produits pétroliers. « Une partie de la somme, soit Rs 9 sert à financer des projets de l’État, les frais de l’administration de la STC, un prélèvement sur le projet Maurice Île Durable, un projet déjà enterré ou encore pour la subvention des subsides sur le gaz ménager. Rs 4 sont versées au Build Mauritius Fund, le financement du Metro Express, et la CWA entre autres.