La part du lion à Basoo Seetaram

Commerce du poisson au port

  • Des coopératives contraintes à plier bagage, ne pouvant plus concourir avec ORCA qui est gérée par ce bras droit de Pravind Jugnauth 

Depuis les élections de 2014, une vague de changement a soufflé sur le commerce du poisson dans le port. Cette vague justement a vu plusieurs coopératives plier bagage en raison de la mainmise d’un seul homme sur tout le secteur. Cet homme, un proche du pouvoir, vous l’aurez deviné. Mieux, un proche tellement proche qu’on ne le présente plus. Il se nomme Basoodeo Seetaram, aussi connu comme Basoo, le bras droit de Pravind Jugnauth.

Onze.  C’est le nombre de coopératives qui opèrent actuellement dans le port sous la section REMOVAL OF BYCATCH FISH FROM CALLING VESSELS.  De ces onze coopératives, quelques-unes plieront bagage dans les semaines à venir vu qu’elles n’arrivent plus à faire face à la concurrence d’une des leurs.

En effet, la coopérative ORCA, appartenant à nul autre que Basoodeo Seetaram, avalerait tout sur son passage.  Hormis les contrats juteux qu’il a décrochés pour la fourniture de poissons aux centres de détention entre autres et le transport des employés de l’aéroport, Basoodeo Seetaram  possède une coopérative qui dicterait la loi au port. Plusieurs autres coopératives se plaignent  du fait que le nom d’ORCA revient en pas moins de sept occasions sur la nouvelle liste qui a pris effet en 2015. De ce fait  il y a actuellement huit shipping agents  qui opèrent dans le secteur mentionné et le roster démontre quelles sont les coopératives qui peuvent acheter du poisson de ces huit shipping agents dans le port.

La loi du plus fort

Selon une source, la coopérative ORCA faisait la loi durant la période 2000-2005, quand le MSM était au gouvernement.  Avec le changement de régime en 2005, ORCA apprend-on, avait disparu avant de revenir en 2015. Auparavant, c’était  la Mauritius Fisherman Cooperative Federation (MFCF) qui avait le contrôle dans ce secteur.  Selon nos informations, ORCA achèterait entre 50 à 100 tonnes de poissons mensuellement pénalisant ainsi les autres. «Ceci est possible puisque les autres coopératives lui vendent leurs poissons », explique notre source.  « Une coopérative est supposée être un regroupement de quelques personnes mais en ce qui concerne ORCA, c’est une seule personne qui accapare tout », affirme notre source.

Le ROSTER TO REMOVE BY-CATCH FISH FROM CALLING VESSELS est comme indiqué sur la photo.

«Il veut qu’on passe par lui pour obtenir le permis »

Ahmad Farish est l’un des propriétaires des onze coopératives.  Il nous explique qu’il attend le renouvellement de son permis depuis plusieurs mois et qu’il est pénalisé par Basoo. « C’est lui qui contrôle tout dans le port. Il choisit qui peut avoir un permis et qui ne peut en avoir. Cela fait 30 ans que j’opère sans problème mais depuis que cet homme est arrivé, c’est un véritable cauchemar. »

Ahmad Farish fustige aussi Sunil Bholah, le ministre des Coopératives.  Ce dernier, dit-il, ne contrôle pas ce secteur de son ministère, qui concerne les banians.  « Depuis janvier 2015, Basoo m’a dit qu’il me donnera mon permis. On est en 2017 et j’attends toujours. Je lance un appel au Premier ministre pour qu’il mette de l’ordre dans ce secteur.  On ne peut avoir la mainmise et empêcher les autres de travailler. Sur 8 shipping agents, Basoo en contrôle 7.  Les autres coopératives n’ont que deux ou trois shipping agents. »

Ahmad nous révèlera aussi une pratique d’ORCA. « Si vous voulez avoir un permis, il y a une condition à respecter. Vous achetez du poisson à condition de revendre à un prix plus bas à ORCA. C’est inacceptable », dit Ahmad Farish.

Basoodeo Seetarram : « Zot écoute palabres après zot mett lor lagazett »

Sollicité pour une réaction le principal concerné nie les allégations portées contre lui.  D’emblée Basoo nous demande de revoir nos informations. « Péna sa quantité Shipping agents là…éna moins », nous dit-il mais selon le roaster en notre possession il y a effectivement le nom de 8 shipping agents et non pas moins comme le veut faire croire Basoo.  «Je ne suis pas en situation de monopole.  C’est tout à fait normal j’ai mon tour comme les autres.   Péna mem autant shipping agents ki ou pé dire la. Ale fer ou devoir aprè ou dire moi. Zot écoute palabres après zot mett lor lagazett […] ou croire ene dimoune couma moi capave control ene ministre ? Éna 11, ORCA ene parmi ladans éna lezot 10 ki gagné pareil couma moi. Mo livré poisson prison, supermarket, mo business c’est acheté poisson. Li pas ene monopole ».

Le ministère des Coopératives silencieux

Pour voir plus clair dans cette affaire nous nous sommes tournés vers le ministère des coopératives.  Plusieurs requêtes ont été envoyées pour obtenir  auprès d’eux des éclaircissements sur la situation des coopératives pouvant acheter du poisson selon le By-catch system mais à l’heure où nous mettions sous presse aucune réponse n’est parvenue à  nous.  Sunil Bholah ministre de tutelle était lui injoignable étant en voyage à l’étranger.

Un autre proche du MSM obtient un permis

Cet homme est très connu des Mauriciens pour ses prises de position depuis 2014 en faveur du MSM sur les ondes des radios privées.  Selon nos informations, l’homme a lui aussi bénéficié d’un permis pour opérer dans le port.   Serait-ce pour revendre à Basoo ? La question se pose !