La mauvaise gestion de la municipalité décriée

Foires de Cité Martial et d’Abercrombie

Les marchands forains du marché de Cité Martial sont montés au créneau cette semaine pour dénoncer leurs conditions de travail et les problèmes auxquels ils doivent faire face, se sentant délaissés par les autorités soi-disant concernées.

Il est samedi. Une bagarre éclate entre les marchands ambulants. Lorsque nous arrivons sur place, la situation s’est calmée. Raouf Lallmamode nous explique ce qui s’est passé devant son étal au marché de Cité Martial. Avec les yeux crispés, il nous explique que « bann inspecteurs pé dire moi tiré allé. 50 ans mo ena, kotte mo pou allé, kotte mo pou gagne la table ? Mo accepté pou mo allé mais ena l’emplacement libres, kifer zotte pa donne moi ene ? »

Saoud et Samsun travaillent à la foire de Cité Martial depuis plusieurs années. Cette année, ils déplorent l’incompétence des autorités. « Deux trois inspecteurs in vini gramatin, zotte pé mette lorde ek ene seul groupe dimounes tout le temps. La zotte pé menace nous pou donne lamane », nous explique Samsun. Un peu plus devant, on rencontre une marchande de vêtements, Mme Maudarbux, qui nous explique que le toit de son étal recouvert en tôle, au-dessus de sa tête, laisse passer l’eau de pluie et que ses marchandises sont abimées des fois. Alors qu’un autre marchand se plaint d’une discrimination : certains marchands installeraient des marchandises en dehors de l’espace qui leur est alloué.

Nous allons dons à la recherche des inspecteurs municipaux. À notre grand étonnement, aucun inspecteur n’est présent sur les lieux. Un responsable du bureau nous informe qu’ils viennent tout juste de partir pour la municipalité de Port-Louis et qu’ils seraient de retour incessamment.

Nous rencontrons Pratima et Sachidanun Abeeluck, un couple qui travaille d’arrache-pied pour joindre les deux bouts. Ces marchands de fruits et de gâteaux nous raconte leur calvaire. « Nous aussi nou paye Rs 500 tous les mois mais nous pa gagne ene boute la tente ek ene bon l’emplacement pour nous travay. »

Plus loin, nous rencontrons Nazima, qui est marchande de roti et qui se dit outrée par la façon de faire de la municipalité. « Mone deza alle zwenne lord maire dans so biro mais sa pa fine avance narien. Mo contrat pé fini mo pankor gagne lettre pou renouvellement mo contrat alors ki ena certains ki pa paye la table même », nous dit-il.

Vous pouvez visionner l’intégralité de notre déplacement au marché de Cité Martial sur la page Facebook de Sunday TIMES.

 

Même son de cloche à Abercrombie

De nombreux marchands de la foire d’Abercrombie dénoncent l’indifférence des autorités à leurs égards, de la discrimination prévalente, ainsi que le traitement qu’ils reçoivent sur leur lieu de travail, sans parler d’un problème sanitaire majeur. « Municipalité so bane dimoune refize nettoye nou place travail », nous explique l’un d’eux. Ajouté à cela, les maraîchers doivent aussi faire preuve de vigilance car ils ne sont nullement en sécurité quand il commence à faire nuit, vu l’absence de lampadaires. De plus, les maraîchers doivent aussi démonter leurs étals avant de quitter les lieux.

Le Lord maire, Oomar Khooligan : « Sa koumans par ventilateur, après ena lezotte ki pou rode air-cond. Li pou continié koumsa mem »

Le Lord maire, Oomar Khooligan, nous explique comment les étales sont alloués : « Il y a un tirage au sort. Si jamais les marchands obtiennent un numéro qui leur est favorable, ils le gardent. Les étals ont des prix qui diffèrent. »

Il explique aussi que si les marchands veulent utiliser un ventilateur, ils doivent trouver leur propre moyen d’électricité. « Sa koumans par ventilateur, après ena lezotte ki pou rode air-cond. Li pou continié koumsa mem. »

Concernant l’octroi des contrats, il est catégorique. Ceux et celles qui ont des arriérages doivent les payer avant que la municipalité ne leur alloue de nouveaux contrats. Il nous révèle un fait qui s’est produit lors des dernières élections générales. « Quand ti ena elections, ti ena bann anciens conseillers ki ine vine dire zott ki zotte pa bizin paye seki zotte doit. Mais alors ki ce pas le cas. Zotte bizin paye arriérages pour gagne nouveau contrat ». Face à notre insistance, il déclare finalement qu’il va étudier les dossiers mardi.