La mairie, un véritable panier à crabes

Rien ne va plus à la municipalité de Port-Louis

  • Une employée fermée à clef dans un bureau…

Harcèlements, relations extraconjugales, népotisme, favoritisme, menaces… Les ingrédients sont réunis pour faire du Conseil et de l’administration de la mairie de la capitale, un véritable panier à crabes. Il y a bien des rumeurs, qui reposent souvent sur du concret, qui circulent dans cette République qui vient de fêter ses 50 ans d’indépendance. Celles-ci concernent la municipalité de Port-Louis et ont même atterri dans les oreilles de nul autre que Pravind Jugnauth. Le Premier ministre attendrait son heure pour prendre des sanctions. 

Marwan Dawood/ Sharone Samy

Deux conseillères qui auraient été victimes de harcèlement de la part d’un collègue ont catégoriquement démenti cette nouvelle, malgré des rumeurs persistantes. Deux employées des départements « planning » et « engineering » auraient rapporté le même conseiller harceleur au Chief Executive pour écarts de conduite envers elles. L’affaire se serait ébruitée quand un autre conseiller, amouraché avec l’une des deux femmes, s’en est vivement pris au conseiller indélicat, l’accusant de « rass manzé dan mo la bousse ! »

Le cirque ne s’arrête pas là. Un cas de favoritisme flagrant nous a été rapporté par un conseiller municipal de la majorité. Sur l’intervention d’un haut cadre, une femme qui a récemment obtenu une promotion et qui a été transférée au Conseil de district de Pamplemousses, est retournée travailler à Port-Louis. Transfert interne ou pas, la Local Government Service Commission (LGSC), apprend-t-on, n’aurait pas été informée.

Des mauvaises langues prétendent alors qu’une affaire de cœur lierait le haut cadre et l’employée transférée. Pas plus tard que la semaine dernière, la dame, qui se trouvait encore dans son bureau après les heures ouvrables, est restée bloquée à l’intérieur quand un employé municipal a fermé la porte à clef. Il a fallu une fois encore l’intervention du haut cadre en question, qui était lui aussi présent sur place, pour que la porte soit rouverte.

Khooleegan embarrasserait-il Laurent ?

Les bruits courent depuis quelques mois à l’effet que l’ex-lord maire et le nouveau ne seraient pas en odeur de sainteté. Il nous revient que les deux hommes seraient dans une guerre larvée, pourquoi ? Nul ne le sait mais selon nos sources, Oomar Khooleegan embarrasserait Daniel Laurent. Pourquoi ce genre de stratagème, essaie-t-il de défendre un intérêt quelconque?  En tout cas, ses propositions, qualifiées par ses pairs comme étant « farfelues », ne font pas l’unanimité.

Ce qui se passe à l’intérieur de la municipalité s’avère être grave, car au final, qui prend les décisions et qui donne les ordres ? C’est la grande question que se posent plusieurs au sein du Conseil, notamment au sein de la majorité. Les deux « amis »  ne seraient pas en bon termes, affirme une source proche d’eux. Cette  source explique que le problème survient au sujet des salles de fêtes de la municipalité.

Lorsqu’Oomar Khooleegan était maire, il n’a jamais eu l’idée d’augmenter le prix des salles de fêtes. Aujourd’hui, c’est une toute autre histoire. Lors du dernier conseil, il aurait fait une proposition pour augmenter les frais de location de ces salles municipales. Si actuellement la location varie entre Rs 3 500 à Rs 4 000,  l’ex-lord maire est venu avec une approche plus radicale pour lutter contre le non-paiement des heures supplémentaires durant lesquelles la salle est utilisée. L’idée est de louer une salle à Rs 5 000, plus Rs 250 pour chaque heure additionnelle. Cependant, devant le refus et la consternation des autres conseillers, Oomar Khooleegan a alors lancé « le maire ava get so zafer ! »

Sollicité pour une réaction Oomar Khooleegan confirme que sa relation avec Daniel Laurent n’est pas toujours au beau fixe. « Il n’y a aucune division mais chacun a sa façon de voir les choses. Si pé trouve kikchose pas bon, nou bizin dire, nou vive dan enn démocratie, toute façon déjà ena problème finance dan minicipalité », dit-il.

Toiture de la piscine de Les Salines : qui veut-on couvrir ?

Le 5 octobre 2017, la municipalité de Port-Louis a procédé à une opening of bids pour les travaux de design and covering pour la piscine de Les Salines. Il y avait à l’époque 5 soumissionnaires pour effectuer les travaux. Cependant, le 13 mars dernier, sans aucune explication, la municipalité a une nouvelle fois procédé au même exercice, mais avec cette fois-ci trois compagnies, dont une nouvelle venue et deux qui se trouvaient déjà sur la précédente liste.

Un fait saute aux yeux et intrigue plus d’un. Si dans l’exercice initial, l’une des compagnies avait estimé le coût des travaux à Rs 7 521 000, lors du deuxième exercice, il a estimé les travaux à Rs 4 326 962.40, soit une différence de plus de Rs 3 millions. Cette énorme différence intrigue alors les autres compagnies, qui estiment que la compagnie concernée serait privilégiée par une personne de grande influence au sein de la mairie, qui l’aurait conseillée.

Confusion autour de deux contrats

Une situation qui mérite d’être suivie de près. Cette fois-ci, la mairie a alloué deux contrats pour des travaux de « erection of tent, podia and rental of chairs and trestles » pour l’année financière 2017-2018. Le premier contrat a été alloué à la compagnie MFC Tent Services Ltd en mai 2017, sous le mairat d’Oomar Kholeegan et l’autre à une compagnie située dans le Nord, sous l’administration du nouveau lord-maire, Daniel Laurent, soit deux mois après le premier.

Les items se ressemblent mais pas les prix. Selon les documents en notre disposition, on retient la grande différence dans les prix. Si MFC Tent Services Ltd offre le prix de Rs 10,90 par mètre carré pour le « covered podium-maximum height from ground level 3ft » par jour, l’autre compagnie offre le double, soit le prix de Rs 25 par mètre carré sur deux jours, soit Rs 12,50 par jour. Cette situation confuse n’est pas anodine pour plusieurs. « Ena bane contracteurs ki tapp jackpot ici. Zot lave lizié, zot donn contrat pli gros larzan enn sel dimoune, lezot ti travail zot donn lezot », s’insurge un autre sous-contractant.

Sollicité pour une déclaration, le CEO de la ville de Port-Louis, Jaylall Mulloo est resté injoignable.

Affaire à suivre