En fin de semaine, nous sommes allés à la rencontre des Chaumun. Sahayjaan, le père, a vu le sort s’acharner contre lui. Tous ses animaux d’élevage sont morts, sa maison a été saisie à la barre, il arrive à peine à marcher à cause d’une opération à la hanche… Cette famille ne sait plus à quel saint se vouer. Elle habite sur un terrain appartenant à un bon samaritain.

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« Misié là ine dire nous nous kapav resté ziska nous gagne ène lakaz », nous dit ce père de famille de cinq enfants. Pourtant Sahayjaan et son épouse menaient une vie paisible autrefois. Ils possédaient une maison à Trou-aux-Biches. Un jour, Sajayjaan emprunta Rs 700 000 comme business loan. Son élevage bovin avançait tranquillement jusqu’au jour où ses 15 vaches meurent subitement. Selon les experts, nous raconte-il, ces dernières auraient été empoisonnées en buvant de l’eau. Jusqu’à maintenant, il ne sait pas d’où provient ce poison qui a tué ses vaches. « Sa ler la nou in paniqué, nou pa ti koné ki pou fer, pa ti éna personne pou aide nous », dit-il, les larmes aux yeux.

N’ayant pu rembourser ses dettes, sa maison évaluée au début à Rs 900 000, a été vendue à la barre. Toutefois, il ne recevra que la moitié de cette somme comme compensation. N’ayant nulle part où aller, il réussit néanmoins à trouver refuge à Pointe-aux-Piments. Ne baissant pas les bras, il investit ce qui lui reste dans l’élevage des volailles. Il fait en même temps des démarches pour un emprunt de Rs 150 000, qu’il doit rembourser au fur et à mesure.

En 2013, comme le malheur ne vient jamais seul, son élevage de poules tombe à l’eau. Ses animaux contractent le virus de l’aspergillose. Plusieurs de ses poules meurent et il se retrouve à nouveau dans le noir.

Devant payer Rs 12 000 par an, il continue de travailler d’arrache-pied et réussit à joindre les deux bouts. Pour cette année, il a informé le propriétaire qu’il ne pourra payer le loyer annuel. Ce dernier lui a permis de continuer d’habiter  dans sa maison jusqu’à ce que ses démarches pour avoir une maison NHDC aboutissent.

« Les responsables de la NHDC m’ont maltraitée » 

Deux de ses enfants et sa femme ont fait une demande pour une maison de la NHDC en octobre de l’année dernière. Durant ces premiers déplacements au bureau de la NHDC, Wafanah, son épouse, est mal accueillie. Elle fond en larmes quand elle nous raconte que les responsables l’ont maltraitée et se sont moqués d’elle. Au bureau de la NHDC à Rose-Hill, on lui ressort à chaque fois la même rengaine : « Li prend letan sa ».

Uzaifa, son fils, est toujours à la recherche d’un emploi. Détenteur d’un permis de conduire, ce dernier souhaiterait devenir chauffeur d’une compagnie. Il nous raconte que dû à l’opération de son père, il n’a pu effectuer les derniers versements pour obtenir sa maison NHDC. « Mo papa ti malade, mo pa ine ressi fer versements la, ti ena bann depenses pour faire sa ler la. »

Sahayjaan est maintenant incapable de travailler après avoir subi une opération à la hanche gauche. Ayant eu une complication au niveau de sa hanche, il nous décrit sa souffrance. « Mo ine fer l’opération l’année dernière. Zott in remplace la hanche par ene saki artificiel. » Marchant avec un visage crispé de douleur, il se dirige vers nous pour nous montrer la suture au niveau de sa hanche.

Vous pouvez visionner l’intégralité de notre visite au domicile des  Chaumun sur la page Facebook de Sunday Times.