La démocratie brûle … à petit feu

Il y a la loi. Et il y a ceux qui sont censés la faire respecter. Mais certains aux Casernes centrales, et ailleurs, sentent toujours le besoin de se courber devant les ordres venus d’en haut. Certains vont encore plus loin en se pliant aux instructions des ‘chamchas’ des élus de la majorité. Nous en avons d’ailleurs eu notre lot cette semaine-ci. L’arrestation et la détention de Rachna Seenauth a scandalisé la majorité de la population. La femme a été interpellée chez elle par pas moins d’une … douzaine de policiers ! Un tel déploiement policier aurait été admissible s’il s’agissait de l’arrestation d’un criminel ou d’un trafiquant de drogue, mais il est inimaginable dans le cas d’une d’une jeune femme ayant simplement partagé un post humoristique sur Facebook.

Que ce soit son arrestation, sa détention dans une salle de conférence de la SSU pendant de longues heures avant que ses hommes de loi ne soient finalement informés ou la contravention de ces derniers alors qu’ils avaient déjà pris rendez-vous aux Casernes centrales pour assister leur client durant son interrogatoire, tout laisse croire qu’il y a eu manigance pour que la secrétaire de l’ancienne présidente de la République « gagne ene correction ». Et c’est là qu’entrent en jeu deux pions de l’ICTA. Il y a eu d’abord une mise en garde publique du chairman de cet organisme qui prend un tout autre sens devant le fil des événements, suivie d’une plainte d’un des membres de son conseil d’administration, connu pour sa véhémence sur les réseaux sociaux, contre la jeune femme.

Quand des nominés politiques proches du pouvoir s’en mêlent, cela veut dire ce que cela veut dire. Point barre ! Mais le destin fait bien des choses. Ce même membre de l’ICTA qui s’était rendu à la CCID pour dénoncer Rachna Seenauth, sans qu’il ne soit verbalisé pour violation du couvre-feu, a lui-même été contraint de passer la nuit en cellule policière, hier. Mais il n’a pas été embarqué par une douzaine de policiers. Pourtant, les délits qui lui sont reprochés sont encore plus pires. Puisqu’en sus d’avoir violé l’ICT Act dans une vidéo qu’il a lui-même publiée, il se montre également très menaçants contre l’activiste Jameel Peerally et deux députés travaillistes du no. 3. Il y va même jusqu’à avouer qu’il a une équipe de ‘hackers’ à sa disposition. Un aveu de taille qui confirme qu’il peut pirater et manipuler le compte d’un internaute selon ses humeurs. Et c’est un proche du gouvernement, de surcroît un membre de l’ICTA, qui le dit !

Voilà pourquoi notre démocratie et notre liberté d’expression sont en danger. Parce qu’il y a, au sein de certains organismes, des ‘chamchas’ prêt à tout pour rester dans les bons papiers de leur « boss » et du pouvoir. Tout comme ce nominé politique de l’IBA qui se plaisait à s’acharner contre Top FM. Ou encore ce chef inspecteur du poste de police de Mahébourg qui s’est permis de porter plainte contre un de ses hommes parce que ce dernier a osé dénoncé publiquement une mauvaise pratique qui met à mal un ministre du gouvernement. Tant que ces vautours séviront, le gouvernement aura toujours du mal à inspirer confiance. Surtout en cette période de couvre-feu où le moral est au plus bas. Au lieu de fédérer la population autour de lui, le gouvernement ne fait que l’aliéner davantage. À cause de quelques énergumènes qui se croient tout permis.