LA CHRONIQUE DE… SUNDAY TIMES CENSURÉ !

 

L’Etat s’est incarné dans la peau d’Anastasie, vous savez ce sinistre personnage qui a toujours symbolisé la censure, avec sa grande paire de ciseaux et cet hibou perché sur son épaule pour veiller à tout ce qui se passe. Anastasie est la réplique d’une mégère qui applique ses coupes là où elle juge qu’elles devraient s’appliquer.

Anastasie et moi, nous nous connaissons depuis fort longtemps, depuis le début des années 70 ! C’est dire que je l’ai pratiquée sous toutes ses coutures. Au début des années 70, les journaux du groupe Le Mauricien – Mauricien et Week-End- étaient sous le coup de la censure … économique. Gaëtan Duval qui était l’homme fort de la Coalition post-indépendance avait convoqué les responsables des agences de publicité pour leur dire qu’il fallait boycotter ces deux journaux, jugés anti-gouvernementaux. Cette décision aurait eu pour finalité de les étouffer économiquement. Tous ont accepté de jouer le jeu, sauf une entreprise, Kalachand & Co.

Puis vint l’instauration de l’Etat d’urgence avec ses censures politiques, cette fois ! Anastasie va connaître ses plus beaux jours avec la censure de la presse, instaurée dès l’année 1971 dans le sillage des grandes grèves générales. Pratiquement tous les journaux devaient remettre leur première copie au censeur qui opérait aux Casernes centrales. Pas question de laisser des “trous” pour les passages censurés ; alors les typographes se tenaient prêts avec des clichés pour boucher les passages censurés. Ce petit jeu durera jusqu’à la levée de l’état d’urgence et l’organisation de nouvelles élections législatives, en décembre 1976.

Mais la censure économique n’a jamais cessé de s’exercer. Nous avions vu comment notre confrère l’express avait été privé de la publicité gouvernementale que gère le Government Information Services. Après un procès contre le GIS, l’express fut reconduit dans ses droits.

Aujourd’hui, c’est au tour du Sunday Times de subir les coupes d’Anastasie : le GIS ayant décidé de lui refuser la publicité gouvernementale. Pourquoi ? Tout simplement -comme je l’ai démontré dans une précédente chronique – parce que Sunday Times dérange les princes qui nous gouvernent. Alors, il faut les punir, en utilisant un des agents de l’Etat, le GIS, qui gère un budget pour diffuser la publicité gouvernementale. Ce geste est tout simplement révoltant, scandaleux, mesquin et petit !. Je ne sais pas si la direction du Sunday Times s’en remettra à la Cour, comme l’avait fait naguère l’express. Mais fort du jugement en faveur de La Sentinelle, il faudrait peut-être sortir la … cisaille !

… S. Gérard CATEAUX

                           Media Consultant