Khemraj Persand : « Zot pé fer dominère akoz zot ena pouvoir »

Un contentieux oppose Khemraj Persand aux Boygah depuis que l’époux de la PPS a obtenu un bail de l’état pour opérer un barachois à Poudre d’Or. L’affaire a même été portée en cour. Mais les choses se sont corsées durant la semaine écoulée quand Yashodar Boygah a décidé de prendre la loi entre ses mains en faisant démolir les murs de son voisin. « Même l’autorité pa pé koné ki pou fer ! », s’exclame la victime qui a été arrêté « arbitrairement » par la police, hier, avant d’être libéré.

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Yashodar Boygah, l’époux de la PPS Sandhya Boygah, a fait servir une mise en demeure à Khemraj Persand, le vendredi 5 avril dernier concernant le droit d’utilisation d’un passage menant à son barachois à Poudre d’Or. Mais avant même que ce dernier n’ait eu le temps d’y répondre, le demandeur aurait décidé de se substituer à la justice. C’est ce qu’allègue Khemraj Persand., propriétaire d’un autre barachois se trouvant à côté de celui des Boygah. Grande a été la surprise de Khemraj Persand, lundi dernier, quand il a vu débarquer, sur ses prémisses, une JCB et des bouncers.  Sans crier gare, ils ont commencé à démolir son mur avant de creuser la terre devant son barachois. « Zot ine menace moi et zot dire moi zot ine gagne l’ordre are Missié Boygah et so avocat pou fer sa », relate Khemraj Persand. Mandée sur le lieu, la police a pu cependant stopper la démolition.

« Mone bizin rode dimoune pou construire ene lot barrage mem jour parski mone déjà perdi bocou kitsoz dans le passé », explique-t-il. Mais à son plus grand étonnement, l’équipe de démolition a fait un come-back le vendredi suivant, et a recommencé à tout démolir. En l’espace de cinq jours donc, les prémisses de sa propriété auraient été démolies illégalement à deux reprises. « Mo pas comprend kuma li kapave prend la loi dans so la main ! Mone alle guet la police, li dire moi ene case civil sa, li pas koné ki pou fer », s’indigne Khemraj Persand.

C’est en 2012 que Khemraj Persand a obtenu un bail du ministère de la Pêche pour opérer un barachois à Poudre d’Or. Ce n’est que trois ans plus tard, soit en 2015, qu’il a pu finalement commencer son élevage, en raison des travaux. C’est durant cette même époque que la société Mauricoast, gérée par Yashodar Boygah, s’est vue octroyer un barachois de 46 hectares à côté de celui de Khemraj Persand. L’époux de la PPS fait servir, en 2016, une injonction à ce dernier. « Li ti dire li pena passage pou alle kot li », explique Khemraj Persand. Celui-ci devait obtenir gain de cause, la cour ayant statué qu’il n’y a pas d’« encroachment ».  L’affaire a été par la suite portée en cour et elle dure toujours.

Les choses ont toutefois pris une nouvelle tournure la semaine dernière. « De quel droit M. Boygah peut-il démolir ma propriété ? Est-ce qu’il se croit tout permis ? Li pé fer seki li envi » lance-t-il. « Case enkor la cour. En plus, mo ti ena 48h pou mo répone mise en demeure. Mo ti pe sorti pou mo alle guette mo avocat mem kan line avoye banla pou craze mo muraille », poursuit-il en disant qu’il a référé l’affaire à la police. Mais il confie ne plus savoir à quel saint se vouer. « L’autorité mem pas pé koné ki pou fer. Ki la porte mo pou alle tappé ? » s’interroge-t-il. En plus des tracasseries juridiques et autres, il doit aussi mettre la main à la poche pour réparer les dégâts causés sur ses prémisses.

Arrestation arbitraire

Coup de théâtre, hier. Khemraj Persand a été arrêté par la police après qu’une plainte de « threatening verbally » a été logée contre lui au poste de police de Poudre d’Or. Il a, cependant, été libéré avant d’avoir donné sa version des faits. Il devra toutefois s’acquitter d’une caution demain, lundi 15 avril.

« C’est une arrestation arbitraire ! J’ai rejeté la charge logée contre moi. Pé met fausse charge contre moi. Zot craze kot moi sans auken permis. Moi mo call la police. Et c’est moi-même ki la police arrêté. Zot pe fer dominère akoz zot ena pouvoir ! Zot pe rode attas ene laké ferblanc avec moi », dénonce Khemraj Persand.

Ingérence ?

Il nous revient, de source fiable, qu’une « objection to release of detainee on parole » avait déjà été émise contre Khemraj Persand. Mais l’affaire ayant déjà été ébruitée, il a été arrêté, hier, avant d’être libéré.

Y a-t-il eu ingérence et manigance en haut lieu pour qu’il y ait de sanction contre cet éleveur ? Le traitement de cette affaire par la police fait d’ailleurs l’objet des commentaires sarcastiques dans les couloirs des Casernes centrales.