Kavish Gobin: « Modeler la terre est quelque chose de magique »

Un homme est accroupi devant une tournette, qui évolue à une vitesse folle. Sous ses mains expertes et lestes, la masse d’argile gluante prend lentement forme, celle d’une terrine pour la conservation des aliments. Épreuve de patience et de concentration avant tout : le potier ne laisse rien le distraire. À la fin, l’homme découpe le pot avec précision à la base avec un fil coupant et va le porter au chaud soleil du village de Laventure. « Bizin attan li sec ! », dit-il avec satisfaction. Rencontre avec Kavish Gobin, potier professionnel.

Kavish Gobin se décrit comme un ‘homme de la terre’. Âgé de 25 ans, l’argile n’a plus aucun secret pour cet amoureux de la poterie. L’argile est sa matière première : il la façonne pour fabriquer des pots, des cloches, des statuettes et des lampes en terre cuite, et cela depuis son adolescence.

C’est son amour pour la terre qui l’a attiré vers ce métier. Sa tournette est un peu son point d’ancrage dans la vie : c’est sur ce disque rotatif qu’il donne sens à toutes sortes d’objets, utiles ou décoratifs, voire les deux.

L’inspiration vient de son père, Bidianand Gobin. Ce dernier était lui-même un maître potier, comptant plus de 36 ans d’expérience dans le domaine. « Mon père pouvait réaliser un objet les yeux fermés, il ne suivait que son intuition », se remémore-t-il. Kavish Gobin a débuté sa carrière de potier 8 ans de cela, suite au décès de son père. « Je ne regrette rien, bien qu’au départ je voulais devenir ingénieur automobile. Modeler la terre est quelque chose de magique », dit-il.

En 2010, il fonde sa propre entreprise familiale, la ‘Maison de la Poterie’. Si c’est bien aux côtés de son père qu’il a appris les bases du modelage, rien n’aurait été possible  sans sa mère, Devika Gobin, qui reste une icône sacrée dans sa vie.

C’est dans un atelier en feuilles de tôle que le jeune homme réalise ses œuvres. L’argile est tamisée, puis malaxée avec du sable et préparée sous forme de pâtes. La pâte doit être bien imbibée d’eau, ce qui donnera les formes plus facilement. Il modèle longuement la pâte sur une plaque avant de la placer sur la tournette. « Il faut savoir bien garder l’équilibre de l’argile en rotation », nous dit-il, le visage crispé par la concentration. Une fois que l’objet a pris forme, il le découpe à l’aide d’un fil et l’expose au soleil pour le sécher.

« L’utilisation des pots en terre cuite est avantageuse » 

Kavish expose ses produits dans un petit coin à l’extérieur de sa maison. Parmi, on y retrouve le Tandoori, qui désigne un four d’origine indienne et qui sert essentiellement à la grillade. Aussi, des statuettes du dieu Ganesh, conçues avec de l’argile pure. La taille des statuettes varient, de 30 cm à 8 cm. Le prix tourne autour de Rs 500 pour les statuettes, tandis que pour les lampes, les prix varient de Rs 1.25 à Rs 10. Comme on pouvait s’y attendre, il reçoit plus de commandes lors des fêtes religieuses.

Selon le potier, l’utilisation des ‘matka’ (pots de terre cuite) est avantageuse, car selon lui, ces derniers aident non seulement à purifier l’eau mais aident aussi à préserver la température ambiante des liquides, qu’ils soient glacés ou chauds.

Kavish Gobin compte élargir son entreprise bientôt et mettre son savoir-faire en avant-plan, afin de créer plus de possibilités d’emploi pour les jeunes de son âge. « Mama laterre li zis donné ek li pa pran nanye en retour. Ena bouku kitsoz ki zot pou kapave fer », lâche-t-il avec émotion, en invitant d’autres jeunes à s’initier au beau métier de potier.