Judiciare

Iqbal Toofany victime d’une forme de torture connue comme ‘falanga’

Le procès contre les policiers accusés de « torture by public official » sur la personne d’Iqbal Toofany a repris la semaine écoulée en Cour intermédiaire, procès présidé par la magistrate Niroshini Ramsoondar. Pour rappel, Iqbal Toofany avait trouvé la mort en mars 2015 dans des circonstances troublantes, apparemment dans le poste de police de Flic-en-Flac. Cinq policiers avaient été poursuivis à l’origine sous une accusation de torture.

Un deuxième accusé décède       

Valeur du jour, trois policiers seulement répondent de l’accusation de torture contre  Iqbal Toofany. Ils sont le sergent Vikash Persand  et les constables Jean François Numa et Joshan Raggoo.  La Cour a en effet été informée au début de la séance ce mardi 7 janvier 2020 que l’un des accusés, notamment le constable Ghislain Gaiqui, est décédé le 29 décembre 2019. Ce décès fait suite à celui d’un autre accusé, le constable Johny Laboudeuse, qui est mort voici une année, en janvier 2019.

La victime aurait perdu un tiers de son sang

Ce qui a retenu l’attention ce 7 janvier 2020 : la déposition en cour du médecin-légiste en chef de la police, le Dr. Sudesh Kumar Gungadin, qui avait pratiqué l’autopsie sur Iqbal Toofany. Le médecin-légiste devait indiquer à la cour qu’Iqbal Toofany était mort suite à une « pulmonary œdema caused by hypovolemic shock following soft tissues injuries ». C’est-à-dire que la victime avait perdu beaucoup de sang, soit presqu’ un tiers de son sang dans le cas présent.

Le médecin-légiste avait relevé pas moins de quinze blessures externes sur le corps du défunt. Certaines de ces blessures étaient sur la plante du pied gauche de la victime. Le médecin a expliqué à la cour que la victime aurait reçu plusieurs coups violents à cet endroit du corps, une forme de torture utilisée par la police connue comme ‘falanga’. Le médecin a formellement écarté toute thèse de blessure accidentelle.  Le procès reprendra le 20 janvier 2020.

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Bail & Remand

Azaghen Vydelingum, un receveur d’autobus de 41 ans habitant Chamarel, a été traduit devant la cour de district de Souillac ce mardi 7 janvier sous une accusation provisoire de meurtre sur la personne de Devianee Bheekun. Il a été reconduit en cellule policière. Pour rappel, Devianee Bheekhun, 41 ans, avait été retrouvée morte au pied d’une falaise à Rivière-des-Anguilles le 4 janvier. Le prévenu était apparemment au volant de la voiture dans laquelle se trouvait la victime alors qu’elle se rendait à son travail à Tamarin le 3 janvier.

 

  • Un habitant de Bon-Accueil âgé de 54 ans a été traduit devant la Cour de district de Flacq ce mardi 7 janvier avant d’être reconduit en cellule policière. Il serait l’auteur d’une fausse alerte à la bombe visant le ministre de l’Économie marine, Sudheer Maudoo.

 

  • Fadillah Fazurally, une habitante de Poste-de-Flacq âgée de 29 ans, a comparu devant la Cour de district de Flacq le 7 janvier sous une accusation provisoire de séquestration, avant d’être reconduite en cellule policière. En novembre dernier, elle aurait emmené un garçon de 9 ans chez elle et l’aurait ligoté à une chaise, l’accusant de lui avoir volé de l’argent. Depuis l’incident, la prévenue avait pris la poudre d’escampette mais a finalement été arrêtée la semaine écoulée.

 

  • La Cour intermédiaire a rejeté la demande de liberté conditionnelle d’un habitant de Roche-Bois âgé de 25 ans ce 7 janvier. Ce dernier est poursuivi sous plusieurs accusations, notamment ‘inciting rebellion’, ‘taking part in a riot’ et ‘damaging property during riot’. Pour rappel, le 16 septembre 2012, le prévenu aurait fomenté une émeute en encourageant plusieurs habitants de Roche-Bois à lancer des pierres sur un dortoir habité par des travailleurs bangladais. Les émeutiers, toujours conduits par l’homme, aurait lancé des pierres sur des véhicules de police et endommagé six d’entre eux. La cour a pris note du fait que le prévenu ne s’est pas présenté en cour antérieurement, et la police avait dû procéder à son arrestation.

 

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lncendie de Shoprite : L’enquête judiciaire démarre ses travaux

L’enquête judiciaire sur l’incendie de Shoprite, survenu le 12 novembre 2017, a débuté  ce 10 janvier 2020 devant la cour de district de Rose-Hill. Pour rappel, ce violent incendie, qui a fait rage pendant presque trois jours, avait causé la mort d’un jeune employé de Shoprite, Dineshwar Domah, âgé de 24 ans. Le père de ce dernier a été aperçu sur le parvis du tribunal. Les parents réclament que justice soit faite sur la mort du jeune homme.

Le ‘pivotal point’ de cette enquête est apparemment le rapport du Mauritius Fire and Rescue Service (MFRS). Selon ce rapport, plusieurs failles dans le dispositif anti-incendie de Shoprite avaient été notées, en violation de la loi, telles que l’absence de gicleurs, et l’obstruction des voies de secours.

Les membres de la direction de Shoprite ainsi que les ex-employés de cet hypermarché seront appelés à la barre. En outre, la cour visionnera les images des caméras de surveillance. L’affaire reprendra le 7 février.

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Insolite

Deux pièces à conviction « introuvables »

Gajendradev Dookhorun fait face à un procès en cour intermédiaire pour l’agression mortelle de Jugduth Koonjahon en 2008. Mais ce mercredi 8 janvier 2020, tout le monde a été pris de court en apprenant que deux pièces à conviction sont… introuvables.

Les faits remontent au 22 janvier 2008 dans le village de Petit-Raffray. Une dispute éclate entre Gajendradev Dookhorun, un chauffeur d’autobus, et Jugduth Koonjahon, un taximan de 43 ans. Les deux hommes en vinrent aux mains, mais peu après, Jugduth Koonjahon devait s’écrouler, la chemise en sang. Gajendradev Dookhorun lui avait assenené un coup de couteau en plein cœur et il devait décéder un peu plus tard.

L’enquête préliminaire s’est par la suite tenue devant la cour de district de Mapou, et le magistrat de cette instance devait déférer Gajendradev Dookhorun devant la cour intermédiaire pour faire face à une accusation formelle d’homicide involontaire. Le chauffeur d’autobus plaide non coupable et maintient qu’il a agi en légitime défense.

Quand cette affaire a été appellée en cour intermédiaire devant la magistrate Meenakshi Gayan-Jaulimsing mercredi dernier, un officier de la cour de district de Mapou devait expliquer à la magistrate que deux pièces à conviction, notamment le couteau qui a servi à commettre le crime, et deux boutons de la chemise de la victime, sont maintenant « introuvables ». 

Le parquet n’a pas eu d’autre choix que de demander un renvoi afin de décider de la marche à suivre, mais a demandé à l’officier de la cour de Mapou de faire le nécessaire pour retrouver les pièces à conviction manquantes. L’affaire a été renvoyée au 26 février 2020.