JUDICIAIRE ; Affaire Angus Road : Une ‘Catch-22 situation’ pour le Premier ministre ?

 

Le Premier ministre a émis une mise en demeure en date du 23 octobre contre La Sentinelle et contre le journaliste Axcel Chenney, après que ce dernier lui ait soumis une liste de questions  au préalable sur l’affaire Angus Road, dans le cadre d’une émission consacrée à cette affaire.

Le Premier ministre devait mettre en garde La Sentinelle et Axcel Chenney que si jamais leur vidéo contenait quoi que ce soit de diffamatoire, il se réserverait le droit de les poursuivre en justice.

Mais nos confrères ne se sont pas laissés intimider et ont bien diffusé la vidéo le soir du 23 octobre, qui avait été assortie d’une enquête publiée ce samedi 24 octobre dans les pages de l’express. Notons que Roshi Bhadain, qui a fait de l’affaire Angus Road son cheval de bataille, était présent à cette émission.

Pour rappel, l’affaire Angus Road concerne l’acquisition par Pravind Jugnauth en 2008 de plusieurs terrains par des moyens plutôt douteux, alors qu’il était ministre de l’Agriculture. Ces terrains appartenaient à Bel Air Sugar Estate (BASE), qui avait apparemment été favorisé dans l’octroi de terrains sur le littoral pour la construction d’un hôtel et d’un terrain de golf.

Un homme de loi qui a tenu à préserver l’anonymat nous explique les tenants et les aboutissants d’un procès en diffamation. Selon lui, il y a diffamation dès qu’il y a atteinte à la réputation de quelqu’un.

Toutefois, il nous explique que le journaliste Axcel Chenney et Roshi Bhadain ont pris soin d’étayer leurs allégations par de documents solides, comme un ‘statement’ d’un des protagonistes de cette affaire à l’ICAC ou un affidavit juré en cour, des Patrick Rountree, qui était le chairman de BASE à cette époque. Or, la véracité de toute allégation, étalée en cour dans le cadre d’un procès en diffamation, est une défense bien établie en droit.

« Si le PM n’agit pas après sa mise en demeure, et s’il continue de se murer dans le silence qu’il observe depuis l’éclatement de cette affaire, cela indiquera clairement qu’il a quelque chose à cacher », nous explique l’homme de loi. « Et s’il intente un procès en diffamation, il sera bien obligé de s’expliquer dans sa plainte. » “Damned if you do, damned if you don’t”, comme dirait l’Anglais. Ou en d’autres mots, ce que l’on appelle une ‘Catch-22 situation’.