Impact économique du coronavirus : Maurice devra se tourner vers d’autres alternatives si l’épidémie persiste

Le monde entier a les yeux braqués sur la Chine, plus précisément sur la ville de Wuhan. Outre la question de savoir si l’épidémie de coronavirus ne va pas se transformer en pandémie, il convient aussi de s’interroger sur l’impact que cela pourrait avoir sur le plan économique à Maurice, notamment si l’épidémie ne montre aucun signe de ralentissement à long terme. Nous nous sommes tournés vers Sen Ramsamy, le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), et Afzal Delbar, le directeur d’une compagnie de dédouanement, pour avoir de plus amples éclaircissements.

La question est surtout de savoir combien de temps l’épidémie va durer. L’Organisation mondiale de la Santé a estimé qu’il serait trop tôt pour prédire une fin de l’épidémie. Les secteurs économiques à Maurice commencent à ressentir les contrecoups de cette épidémie.

Valeur du jour, suite aux recommandations d’un comité technique, les autorités mauriciennes ont émis une interdiction temporaire d’importer les animaux vivants, y compris les poissons, ainsi que d’autres produits associés.

Tourisme : il faut miser sur d’autres pays du continent africain, selon Sen Ramsamy

Selon Sen Ramsamy, le directeur de la Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA), le coronavirus aura certes un impact sur le secteur touristique à Maurice.

Déjà, Air Mauritius a suspendu tous ses vols vers la Chine. Cela représentera certes un manque à gagner pour notre  pays car en temps normal, nous recevions 5 000 visiteurs en provenance de la Chine chaque année. « Mais nous pouvons compenser ce manque à gagner en promouvant notre secteur touristique et en vendant davantage l’image de notre pays à d’autres pays, qui jusqu’ici, nous sont assez méconnus, à l’instar des pays d’Afrique comme le Kenya, le Bostwana ou l’Afrique du Sud », explique-t-il.

Sen Ramsamy récuse les arguments de ceux qui pensent qu’on devrait ‘accaparer’ les touristes d’autres pays qui se rendaient en Chine. Pour lui, cet argument ne tient pas debout, car ceux qui veulent se rendre en Chine s’y rendent dans un but spécifique, par exemple pour faire des affaires, alors que ceux qui viennent à Maurice y viennent surtout pour se relaxer. Donc, on ne peut miser sur les touristes d’autres pays qui visitent traditionnellement la Chine. Sen Ramsamy trouve « farfelu »  l’argument de ceux qui pensent qu’on peut ‘récuperer’ ces touristes qui allaient en Chine.

Il dit que la MTPA met les bouchées doubles afin de promouvoir  notre secteur touristique en accentuant le marketing de notre île. Aussi, les vols déroutés de la Chine devront maintenant être canalisés vers d’autres destinations.

« Les importateurs mauriciens devront miser sur d’autres pays »

Nous nous sommes aussi tournés vers Afzal Delbar, le ‘Managing Director’ de Silver Line Services Ltd. Cette entreprise fournit plusieurs services aux importateurs et exportateurs dans le mouvement international des marchandises.

Pour Afzal Delbar, il est clair que la présente situation en Chine affectera son entreprise, ainsi que d’autres compagnies importatrices dans les mois à venir. « Un de mes clients, dans le domaine de la construction, qui avait passé ses commandes en Chine, a vu toutes ses commandes rester bloquées », fait-il ressortir.

Toutefois, il demande à ceux qui dépendent des produits chinois  « de ne pas paniquer », et d’essayer de trouver d’autres moyens. « On conseille à nos clients qui importent régulièrement de la matière première ou d’autres produits de Chine de miser sur d’autres pays, comme Singapore, l’Inde et Thaïlande. La Turquie fournit aussi des produits de très bonne qualité. D’autres opportunités se présenteront comme auparavant, et d’autres alternatives existent », nous dit-il. Afzal Delbar nous indique que Maurice a un ‘Preferential Trade Agreement’ avec la Turquie. Ainsi, certains produits qui seront importés de ce pays à l’avenir seront ainsi hors-taxe.

En outre, les importateurs mauriciens peuvent bénéficier des lignes aériennes et maritimes fournies par des compagnies d’affrètement pour le transport des marchandises venant des pays autres que la Chine.