Il accuse le CEB de lui avoir piqué son projet

Keshwarsing Kisto allègue avoir été dupé par des dirigeants du ML

Il pensait pouvoir apporter son savoir-faire à Maurice. Ce Mauricien, ayant longtemps résidé et travaillé en France dans le domaine de la sécurité, croyait dur comme fer qu’il pourrait aider à concrétiser un projet qu’il avait présenté au CEB. Cela en raison de l’espoir que lui aurait donné le député Ravi Rutnah, qu’il aidait politiquement au no. 7 depuis qu’il est rentré à Maurice, mais aussi grâce aux rassurances d’un cadre de la CEB Facilities Co. Ltd en ce sens. Au final, le projet de Keshwarsing Kisto aurait effectivement abouti. Mais sans lui, d’où sa révolte…

 Après avoir aidé à la mise en place de certains textes de lois par rapport à l’aspect sécuritaire en France, où il a longtemps travaillé, Keshwarsing Kisto, voulait rentrer à Maurice et mettre son expertise au service du pays. C’est ainsi qu’il a envoyé, par correspondance, un projet à l’ancien Premier ministre Navin Ramgoolam, avec copies à Xavier Luc Duval et Pravind Jugnauth. En vain puisque ces derniers n’auraient manifesté aucun intérêt pour ledit projet.

Après le changement du gouvernement, Keshwarsing Kisto, qui habite à l’Espérance Trébuchet, soutient avoir tissé des relations avec le député Ravi Rutnah avant d’intégrer le régional no. 7 du ML. Selon notre interlocuteur, c’est ce dernier qui l’aurait encouragé dans ses démarches visant à réaliser un projet pour le compte du gouvernement. « Ravi Rutnah ine téléphone moi ene jour et li dire moi CEB pe envi change so système sécurité et si mo kapave zoine Seety Naidoo », relate-t-il. Rendez-vous est donc pris avec ce dernier dans son bureau à Ébène. « Seety Naidoo m’a expliqué que le CEB dépensait trop sur son système de sécurité et qu’il voulait faire des économies. Il m’a proposé de lui présenter un projet et j’ai accepté. Je lui ai même dit qu’il pouvait également réaliser des économies en mettant sur pied sa propre unité de nettoyage. Line dire moi ajoute sa aussi dans projet là », poursuit Keshwarsing Kisto.

 

Négociations

Il en sortira heureux de cette réunion et se mettra, dès lors, au travail. Il soumettra peu de temps après un projet « solide et bien ficelé », selon ses dires, au chairman du CEB. Cependant, il n’aura plus de nouvelles de Seety Naidoo pendant presqu’un an. « Au bout de quelques temps, j’ai cessé de l’appeler et je suis parti en France pour voir ma famille »,  dit notre interlocuteur. Ce n’est qu’après son retour au pays qu’il devait apprendre que Ravi Rutnah le cherchait. « Mone téléphone li tout de suite. Li dire moi félicitation ou projet ine abouti. Call Seety Naidoo tout de suite. Naidoo aussi line dire moi mem zafer et line dire moi alle guet Pravesh Tarachand », explique Keshwarsing Kisto. S’ensuit alors une rencontre avec le directeur du CEB Facilities Co. Ltd. « M. Tarachand dire moi zot ine étudier projet la et ki  CEB kapave économise Rs 3 millions si zot applique li », renchérit-il.

S’ensuivent alors des discussions concernant la mise en place du projet. Il aurait ainsi été convenu  qu’un chef de projet serait recruté alors que Keshwarsing Kisto agirait, lui, en tant que Consultant avec un salaire de base de Rs 30 000 ainsi que d’autres allocations. Ce dernier quittera les locaux du CEB Facilities Co. Ltd avec l’assurance que les choses seraient enfin finalisées lors d’une prochaine réunion qui devait se tenir au mois de mai de cette année.

Déception et révolte

Mais son espoir sera de courte durée. Un coup de fil qu’il aurait reçu peu de temps après le laissera pantois, voire choqué. « Zot ine téléphone moi et zot ine dire moi zot ena ene bonne nouvelle et ene mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle seki zot satisfait avec mo projet et ki zot pe alle de l’avant avec sa et la mauvaise nouvelle seki zot nepli bisin mo service et que c’est le board kine décide sa », soutient-il. Sa déception laissera bien vite place à la révolte quand il réalisera qu’il a été dupé. Il sera davantage vexé quand il prendra connaissance d’un appel à candidatures publié récemment dans la presse par le CEB Facilities Co. Ltd et recherchant, entre autres, un « Supervisor Security Services » avec à la clé une rémunération de Rs 30 000.

« Comment peuvent-ils me voler mon projet sans qu’ils ne me donnent un sou ? Ils ont profité de ma naïveté et de ma faiblesse. C’est de la mauvaise foi ! », tonne-t-il. Keshwarsing Kisto affirme avoir même adressé une correspondance au Premier ministre pour lui relater sa mésaventure. Le PMO a d’ailleurs accusé réception de la lettre le 19 juin 2019, en soutenant avoir référé le cas au ministère de l’Énergie et des utilités publiques. Mais il est resté jusqu’ici sur sa faim, n’ayant plus d’espoir d’obtenir réparation, d’autant que le député Ravi Rutnah, qu’il accuse de lui avoir berné, ne répond plus à ses appels. Deux rencontres qu’il aurait eues avec le ministre Ivan Colendavelloo au CAB de Rose-Hill n’auraient également rien donné. Frustré, Keshwarsing Kisto dit avoir même claqué la porte du régional no. 7 du ML et envisage même de se porter candidat contre le gouvernement lors d’une éventuelle élection partielle au no. 7 où il dit être très actif sur le terrain.