Hajj 2019 : Les opérateurs dans la confusion totale

Les années passent mais se ressemblent pour ce qui concerne l’organisation du Hajj. Frustration et incompréhension hantent la majorité des organisateurs. Au niveau du gouvernement, ministres et députés musulmans ont exprimé leurs réserves auprès du PM, Pravind Jugnauth. Mais la situation n’évolue guère dans la bonne direction. ˝A qui reviendrait la faute ?˝ se demande une bonne frange de la communauté.
Au Centre Culturel Islamique (ICC), qui aurait failli dans son rôle de facilitateur on aux organisateurs eux-mêmes ?
La semaine dernière, au cours d’une rèunion houleuse, un membre du public a interpellé le Chairman de l’ICC pour lui demander des renseignements bien éclairés. Pour réponse, ce dernier devait lui dire que ce n’était pas le forum approprié pour donner des explications. Alors que le rôle de l’ICC est de ‘supervise, monitor, regulate and facilitate’ le pèlerinage en Terre Sainte. C’est ce que n’ont pas encore témoigné les ‘Hajjis’ en difficulté. De plus, selon une source, c’est la ‘hajj mission’ qui est seule responsable de tout le travail à étre accompli en Arabie Saoudite, du début à la fin.

Casse –tête chinois

Ils nous revient que les organisateurs se voient, eux, dans l’obligation de fournir la caution de Rs 500 000 comme garantie bancaire, et un down payment de Rs 10 000. Mais chaque année, c’est le ˝booking ˝ des hôtels qui se révèle être le véritable casse-tête chinois et pour les organisateurs et pour la direction de l’ICC. D’où le déplacement inéluctable d’une ‘pre-hajj mission’ comprenant de hauts responsables de l’ICC et des organisateurs quelques mois avant le grand départ.
Satisfaction

Du 25 décembre 2018 au 3 janvier 2019, une mission de ce genre s’est rendue en Arabie Saoudite, réunissant le Chairman, le head officer et les 19 organisateurs. Sur place, la satisfaction était de mise, l’ICC étant en faveur du choix des cinq hôtels réservés à l’intention des pèlerins mauriciens. Faisons ressortir ici que chaque opérateur obtient de l’ICC une licence provisoire (provisional license) pour transporter les hadjis, tout en respectant le quota minimal de 50 pèlerins par organisateur.
Cette année, les organisateurs ont jusqu’au jeudi 28 février pour soumettre leur liste finalisée, à l’ICC. Que se passera-t-il si les services d’un organisateur n’ont pas été retenus par 50 personnes ? Sa licence tombera-t-elle de facto ? Qu’arrivera-t-il aux autres pèlerins qui se seront inscrits auprès de cet organisateur ?

C’est là que le bât blesse. Car personne, semble-t-il, n’a 36 solutions à ce problème, sauf qu’ils seront dirigés vers d’autres organisateurs qui auront déjà fait le plein de 50 pèlerins. Mais sous d’autres conditions, dans certains cas défavorables au pèlerin. D’où la certitude que la confusion sera davantage accentuée.

Hôtels 4 étoiles

Quand les politiques s’en mêlent, la situation vire au pire. C’est ce qui serait arrivé avec l’entrée en scène inopportune de l’incontournable Showkatally Soodhun. L’ancien ministre, ex-reponsable de ce brûlant dossier, aurait exigé que des hôtels 4 étoiles soient réservées pour les hadjis. Il ne sait même pas que des hôtels non-étoilés choisis par les organisateurs ont reçu l’approbation de la ‘pre-hajj mission’ lors de leur visite en décembre/janvier derniers. Il parait que le feu vert a été donné à la proposition Soodhun. Sans se soucier que ces hôtels 4-étoiles coûteront plus cher aux pèlerins.

C’est à ne rien comprendre. D’aucuns pensent qu’il faut dissoudre le présent ‘board’, alors que d’autres plaident pour la création d’une Hajj Authority, qui s’occuperait exclusivement des affaires du pèlerinage, de l’enregistrement jusqu’au séjour en Arabie Saoudite, en collaboration avec les organisateurs.

Faisons ressortir que des problèmes d’ordre opérationnel en ce qui concerne l’Umrah (le petit pèlerinage) sont quasiment inexistants. Que ce soit au niveau du billet d’avion, du visa, de l’hébergement, de la nourriture, etc. Comme l’a d’ailleurs souligné le Chairman de l’ICC, le professeur Soobratty. Est-ce parce que l’Umrah n’a rien à voir avec l’ICC ?
La question se pose alors : pourquoi, d’année en année, il y a autant de tam-tam autour du hajj ? N’est-il pas temps d’y mettre bon ordre une fois pour toutes, même si la politique devrait s’y ingérer ?

SIDDICK NAUDEER