Frappé à l’aide d’un fil électrique Zubeir, 22 ans, se rétrouve à l’hôpital

Brutalité policière alléguée

Cela fait maintenant plus d’une semaine que Zubeir est cloué sur son lit d’hôpital sous surveillance policière. On lui reproche un cas de vol dans la localité où il habite mais son arrestation ne s’est pas passée comme prévu.  C’est une mère peinée et un fils encore sous le choc que nous avons rencontrés cette semaine. Nazima, la mère de Zubeir, revient sur toute cette affaire, qui a vu son fils être admis à l’hôpital.

Marwan Dawood

«Silence, on torture ». Alors que les campagnes contre la brutalité policière se poursuivent depuis l’affaire David Gaiqui, plusieurs autres cas ont été recensés à Maurice.  Une marche pacifique a même été organisée dans les rues de Port-Louis par l’Ong Regrupmen Travayer Sosyal, jeudi après-midi.  Un de ces cas nous est parvenu et il s’agit d’un jeune habitant de Notre-Dame âgés de 22 ans.  On lui reproche plusieurs vols dans le village où il habite, mais ce dernier nie en bloc les accusations portées contre lui.  Zubeir est aujourd’hui menotté sur un lit d’hôpital, surveillé de près par un officier de police.

«Oui, j’ai avoué un vol mais les policiers ont voulu que j’endosse d’autres vols que je n’ai pas commis », dit Zubeir d’une voix tremblante. Perdu dans ses pensées, les yeux rivés sur le plafond, les pieds menottés, ce jeune homme passe par les pires moments de sa vie. Dans l’après-midi du jeudi  8 mars dernier, Zubeir est chez lui lorsqu’il reçoit la visite des officiers du CID. Ces derniers, munis d’un mandat d’arrêt, sont venus pour l’arrêter. Devant les arguments et les preuves avancés par les policiers, Nazima, la mère de Zubeir, accepte que son fils soit emmené au poste de police. « J’ai coopéré parce qu’il a fauté. Nul n’est parfait et je ne peux pas dire que mon fils l’est. Mais ce n’est pas pour autant qu’il doit subir un tel traitement », dit Nazima.

Arrivé au poste de police, la mésaventure de Zubeir commence alors. « Ils m’ont demandé d’endosser plusieurs autres cas de vol perpétrés dans la région. Je ne pouvais accepter de telles  accusations. J’ai reconnu avoir volé une place, mais pas les autres », affirme Zubeir sous la douleur. Il allait alors passer la nuit en cellule avant d’être traduit devant le tribunal le lendemain. Cependant, Zubeir ne va se douter de rien jusqu’à ce que les officiers du CID commencent à déballer une longue liste de vols perpétrés dans la région.

Le jeune homme résiste et nie en bloc les accusations. « Il y a eu une parade d’identification, mais personne ne m’a identifié, ce que la police n’a pas accepté. Des policiers m’ont frappé avec violence », explique Zubeir.  Ce dernier demande à sa mère de prendre la relève car il ne peut continuer son récit. « Ils ont frappé mon fils à coups de fil électrique. Il y a eu plusieurs bleus sur son corps. Nous avons témoigné de la violence avec laquelle mon fils a été torturé entre les mains de la police », raconte Nazima.  Cette dernière a déposé plainte devant la National Human Rights Commission jeudi et une enquête a été initiée. Du côté de la police, aucune information n’est disponible, « On ne sait pas », nous dit-on.