« Forging ahead together » ou « Ensam tou possib »

Zahirah Radha

Ce n’est qu’une poignée de proches, incluant des chefs, serveurs et plongeurs de Lakwizinn qui ont pu accéder au « meaningful change » promis par le précédent gouvernement des Jugnauth père et fils lors du discours-programme de 2015-2019. Permettez-nous donc de douter des intentions émises dans le présent discours-programme intitulé « Towards an inclusive, high income and green Mauritius, forging ahead together ». D’autant que le « forging ahead together » sonne étrangement comme que « ensam tou possib » et nous donne l’étrange impression que le gouvernement ne fera que consolider les bases qu’il a jetées, pas pour le progrès du pays, mais pour l’enrichissement de son clan à travers diverses nominations et allocation de contrats et l’accaparement des appareils d’État afin d’en avoir le contrôle absolu. 

Face aux nombreux défis guettant l’économie mauricienne, il y a un pressant besoin pour que celle-ci se réinvente. Le secteur traditionnel est confronté à divers antagonismes. Même le tourisme semble être à bout de souffle. L’émergence de nouveaux piliers s’avèrent impératif, pas seulement pour créer de l’emploi pour les jeunes chômeurs, mais aussi pour stimuler la croissance qui reste aux alentours de 3%. L’intelligence artificielle et les nouvelles technologies sont des créneaux porteurs que nous pouvons exploiter, tout comme les secteurs de l’agriculture et de la pêche que nous avons trop longtemps négligés. Le gouvernement avait ainsi le devoir et la responsabilité d’envoyer un signal fort à la communauté des affaires en énumérant et élaborant ses stratégies pour l’économie mauricienne.

Ceux qui s’attendaient justement à ce que le discours-programme lève le voile sur la nouvelle orientation économique du pays ont dû s’en mordre les doigts. Car, mis à part quelques annonces d’intention et cosmétiques comme les « sunshine laws » qui ressemblent plus à la poudre de perlimpinpin qu’autre chose, le programme est dénué de vision et de conviction. Bref, il ne convainc pas. L’annonce de son plan pour le développement durable est un exemple flagrant de ce manque de vision du gouvernement. Alors que la Commission Maurice Ile Durable (MID), mis sur pied par Navin Ramgoolam, avait déjà abattu un travail considérable dans ce secteur, le précédent gouvernement MSM-ML l’a démantelé sans s’assurer qu’il y ait une continuité concernant des actions déjà entreprises. Cinq ans d’errements plus tard, il vient maintenant avec un plan qui correspond à celui de MID. Vision, dîtes-vous ?

Alors que la crainte d’une récession mondiale se profile à l’horizon, nous avons de sérieuses raisons de nous inquiéter pour l’avenir de notre économie. Si nous persistons à rester dans la voie que le gouvernement a déjà tracée sous son précédent mandat, nous irons droit dans le mur. Nos gouvernants, dont le nouveau ministre des Finances qui a jusqu’ici gardé un profil très bas, n’ont plus le droit de se comporter comme si c’est du « business as usual ». Les défis sont énormes alors que le temps presse. Business Mauritus l’a dit clairement : Il faut que l’économie soit replacée au centre de nos priorités.