Fermons nos frontières

Aux grands maux les grands remèdes. Le Coronavirus a été officiellement décrété comme une pandémie par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, ont déjà décrété l’état d’urgence, alors que d’autres restreignent l’accès à leur pays. La Nouvelle Zélande a pris des mesures sans précédent en optant de mettre en quarantaine tous les passagers arrivant sur son territoire. C’est dire à quel point la situation est inquiétante à travers le monde.

Maurice n’est nullement à l’abri. D’autant que nous ne disposons ni d’équipements sophistiqués comme les grandes puissances mondiales et encore moins de leur expertise à gérer ce genre de situation. Cependant, même si le virus n’a pas encore atteint nos côtes, Dieu merci, la panique s’installe d’ores et déjà, alimentée sans cesse par la circulation de fausses nouvelles. C’est ce qui se passe généralement quand il y a un déficit de communication efficace et d’information fiable, et surtout en l’absence d’un plan d’action crédible. Le gouvernement n’a pas encore compris qu’il n’a pas droit à l’à-peu-près et que la situation exige une prise en charge rapide et efficace afin de minimiser les dégâts.

Sachant que l’Europe est le nouvel épicentre de la pandémie, le gouvernement mauricien aurait dû prendre les devants pour fermer nos frontières aux touristes européens. Idem pour les Réunionnais. Mais fidèle à lui-même, le gouvernement relativise, espérant sans doute gagner du temps afin de ne pas mettre en péril l’économie, déjà fragilisée par sa gestion catastrophique des affaires du pays. Pire, Air Mauritius, dont fait partie un certain Sherry Singh, a même eu la brillante idée de proposer des tarifs promotionnels sur les vols à destination de La Réunion alors que l’île soeur a déjà enregistré son sixième cas de Coronavirus, hier. C’est presque comme si on invitait le virus chez nous !

Valeur du jour, on ne dispose même pas d’un plan d’action digne de ce nom. Celui précédemment annoncé par le gouvernement a été rendu caduque depuis que le Coronavirus a été décrété comme une pandémie, comme souligné par le Dr Deoraj Caussy. La gestion amateuriste des cas de dengue recensés dans la capitale témoigne de l’incapacité de nos services de santé à gérer une situation de crise. Pas parce que nos professionnels de la médecine sont incompétents ou qu’ils manquent de volonté, mais simplement parce que le protocole de la prise en charge des patients présentant des symptômes douteux n’a pas été revu pour répondre aux exigences du moment.

Comment peut-on s’attendre à combattre le Coronavirus quand un fonds comptant seulement Rs 208 millions a été alloué à la Santé, d’autant que Rs 108 millions ont déjà été épuisées dans l’achat des équipements, dont celui de 30 000 masques alors que le pays compte une population de 1, 3 million ? Le ministre des Finances réalise-t-il au moins que ces Rs 100 millions risquent de se fondre comme beurre au soleil au cas où la pandémie frappe à nos portes, déjà qu’elles sont tenues grandes ouvertes sur le monde entier, nous rendant ainsi plus vulnérables ? Doit-on s’étonner que le gouvernement n’ait pu jusqu’ici lancer une campagne d’éducation et de sensibilisation sur la nouvelle pandémie ?

On sait tous que le pays s’enfonce dans la mélasse sur le plan économique. On le savait même avant que le Premier ministre ne l’admette ouvertement. Mais la protection et la santé de nos citoyens n’ont pas de prix. Il faut que le gouvernement trouve les moyens nécessaires pour nous prémunir contre des dangers imminents. La meilleure solution pour l’heure demeure la fermeture de nos frontières avant qu’il ne soit trop tard.