Fermeture de Palmar Ltée à Rivière du Rempart et Tee Sun à Flacq : Un drame humain cauchemardesque…

La tension était palpable vendredi matin à Mon Loisir, Rivière du Rempart. Plus de 1 300 employés dont des mères et des pères de familles, des jeunes et des moins jeunes qui ont travaillé des années dans les deux usines de la famille Lagesse dont Palmar Ltée et Tee Sun, se retrouvent le temps d’une nuit sur le pavé. Des travailleurs étrangers livrés à eux-mêmes et des Mauriciens qui ne savent pas ce qu’il en sera de leur avenir… retour au temps d’un vendredi noir !

Marwan Dawood

En l’espace de quelques heures, ce qui paraissait être une journée de dur labeur comme à l’accoutumée s’est transformé en une journée de guerre infatigable. Comme tous les matins, Juliette Sophie se rend à l’usine Palmar Ltée pour travailler. En ce matin du vendredi 22 février, Juliette est plus inquiète que d’habitude. La veille, elle a entendu que probablement son usine, son gagne-pain mettrait la clé sous le paillasson. Elle s’y rend quand même et rencontre en chemin d’autres employées de l’usine. Coup de tonnerre en arrivant devant le portail de l’usine, ses craintes se sont avérées. Les portes sont cadenassées et deux bergers-allemands montent la garde. Ce sera pour elle, le début d’une journée cauchemardesque pour cette femme qui compte 25 ans de service à Palmar Ltée.
Petit à petit, la foule devant l’usine s’est mise à gonfler. Et en voyant que l’accès à l’intérieur leur est refusé, les ouvriers ont pris d’assaut la route principale de Mon-Loisir. Arrivent alors plusieurs policiers qui vont essayer de mettre de l’ordre et ramener le calme, en vain. Ces travailleurs ne digèrent pas que la direction ne les a pas officiellement informés qu’elle arrêtait ses activités jeudi.

«Nous avons travaillé jusqu’à 17 heures jeudi», confie Juliette. «Il nous est souvent arrivé d’avoir notre salaire avec des jours de retard mais jamais je n’aurais pensé que la direction allait nous laisser tomber», dit-elle.
Comme Juliette, ils sont tous dans le même bateau et exige des explications auprès de la direction, en vain. Nous rencontrons Charles, un ressortissant malgache qui travaille ici depuis quatre ans. Comme les employés mauriciens il subira les mêmes conséquences. « Je ne sais pas ce que je vais faire. C’est très difficile et pénible pour moi, j’ai tout laissé pour gagner ma vie ici chez vous et me voilà au chômage forcé », explique-t-il. On note également la présence sur place d’une officier du ministère du Travail qui est venu convaincre les employés à se rendre dans les bureaux du ministère les plus proches de leur lieu de résidence pour remplir des formulaires pour bénéficier du workfare programme. Un appel qui a été difficilement entendu car les employés ne voulaient pas entendre raison.

En ce qui concerne les Bangladeshis. Ils sont nombreux qui se retrouvent depuis jeudi sans électricité et à court de vivres pour les prochains jours. Selon nos informations au moins une dizaine d’entreprises se tiennent prêts à accueillir les ex-employés de Palmar Ltee et Tee Sun.

Négociations vaines

Suivant la manifestation et la colère qui monte, un policier annonce à un employé que la firme BDO (elle avait à charge Palmar Ltée n receivership) veut recevoir une délégation des employés pour discuter. Une petite équipe se forme et très vite à bord d’un van de la police, cinq personnes ont mis le cap sur Ébène. Ce n’est que trois heures après qu’ils sont revenus avec une bonne et une mauvaise nouvelle. La bonne nouvelle c’est que les employés seront payés leurs salaires pour le mois de février et la mauvaise, est qu’ils ne pourront pas obtenir un paiement en retour de leur temps de service. « La semaine prochaine, chaque employé obtiendra une lettre de la compagnie. Grâce à celle-ci, le travailleur pourra obtenir un mois de salaire mensuellement suivant le workfare programme mais qui sera annulé une fois que nous obtiendrons un autre travail. La somme que nous percevrons sera inférieure à notre salaire mais les modalités n’ont pas encore été finalisées. Mais, nous perdons notre temps de service car l’usine n’a plus d’argent», explique un représentant des employés. Par ailleurs, bon nombre des employés de Palmar Ltée et Tee Sun comptent se rendre au ministère du Travail, lundi, et veulent aussi rencontrer le ministre de tutelle, Soodesh Callychurn.