Faux pas de Barlen Vyapooree : Président « lakwuizinn » ?

Tout comme son prédécesseur Ameenah Gurib-Fakim, Barlen Vyapooree a démontré qu’il n’a rien compris en ce qu’il s’agit du rôle d’un président de la République, surtout celui de rester au-dessus de la mêlée politique. L’actuel président p.i a, lui, fait pire que l’ancienne locataire de la State House. En refusant dans un premier temps la lettre de démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo, il s’est comporté comme un simple agent politique, voire comme un membre de « lakwizinn ».

« J’ai refusé sa démission et je lui ai dit de reconsidérer sa décision ». C’est ce qu’a déclaré le président p.i Barlen Vyapooree après que Vishnu Lutchmeenaraidoo lui avait soumis sa lettre de démission, jeudi. Ce qui a soulevé un véritable tollé sur les réseaux sociaux. Barlen Vyapooree a tenté de se rattraper, vendredi, en donnant un semblant d’explication : « Je me suis donné un petit temps de réflexion, et pour moi et pour lui. Et tout de suite après, j’ai accepté. C’est fait ». À un membre de la presse qui lui a demandé si c’est l’absence au pays du Premier ministre qui a retardé sa décision, il n’a pas souhaité faire de commentaire. Ce qui alimente davantage les critiques à son égard.

Peut-il, constitutionnellement et éthiquement parlant, refuser la démission d’un ministre. Selon la politologue Catherine Boudet, il y a un vide constitutionnel sur le sujet. « Rien n’est écrit noir sur blanc s’il doit accepter ou refuser », dit-elle. Toutefois, en se basant sur la section 60(4) de la « Representation of People’s Act », Catherine Boudet estime que le président doit agir de concert avec le Premier ministre quand celui-ci décide de rendre un siège vacant. « Selon mon interprétation de cette section de la Constitution, pour que le Président accepte ou refuse la démission, cela doit être en accord avec la décision du Premier ministre. Personnellement, je pense que son refus veut dire qu’il a, soit sollicité l’avis du Premier ministre à l’étranger avant de refuser, ce qui est constitutionnel, soit il a voulu temporiser en attendant la décision du chef du gouvernement ».

« Faux pas »

Or, selon ceux qui ont précédemment occupé les fonctions de président de la République sont unanimes à qualifier la démarche de Barlen Vypapooree de « faux pas ». « À sa place, j’aurais accepté la lettre de démission », affirme Raouf Bundhun. Et de renchérir : « Les négociations de ce genre ne sont pas permises à la présidence ». Même son de cloche du côté d’un autre ancien président. « Il aurait dû simplement prendre acte de la démission et informer qui de droit. Il n’appartient pas au président de la refuser ou de négocier », dit-il. Selon ce dernier, le président peut certainement prodiguer des conseils, mais ceux-ci doivent rester dans le domaine du privé. « Un Premier ministre peut refuser la démission d’un de ses ministres, contrairement au président », souligne notre interlocuteur.
L’on cite ainsi l’exemple de Rama Sithanen

Agent politique

Est-ce l’ignorance de Barlen Vyapooree qui l’a poussé à admettre publiquement qu’il a refusé la démission de Vishnu Lutchmeenaraidoo ? Ou a-t-il voulu temporiser la situation avant le retour du Premier ministre au pays ? Rien des deux, croient savoir certains observateurs qui ne passent pas par quatre chemins pour traiter le président p.i d’« agent politique » du MSM. Ces derniers sont, eux d’avis, que son refus initial était plutôt motivé par des raisons bassement politiques. « Line comporte li kom mène ène vulgaire membre de lakwuizinn », avance-t-on dans le milieu politique. Cet impair diplomatique, dit-on, ne peut être tolérée. D’autant que c’est une autre indication claire et nette que les institutions ne fonctionnent pas. « L’exemple vient d’en haut. Si président même népli respecté so rôle, bé ki nou kapave expect sous sa gouvernement-là ? »