Explosion à La Tour Koenig : Le rapport de l’enquête sera-t-il classé «ultra secret» ?

Cela fait plusieurs jours maintenant que les habitants des Cités La Tourelle et Coquillage vivent dans une inquiétude permanente après qu’une explosion a eu lieu dans un conteneur dans lequel étaient stockées plus de 20 tonnes de produits chimiques.  Depuis mercredi, les officiers du ministère de l’Environnement et ceux de la Mauritius Fire & Rescue Services font le va et- vient entre l’entrepôt de la Compagnie Mauricienne de Textile (CMT) et les laboratoires spécialisés.  Après une première analyse effectuée dans l’après du mercredi 10 avril, une deuxième analyse a été effectuée 48 heures après, soit dans l’après-midi du vendredi 12 avril.

Cependant, très peu d’informations sont disponibles à ce sujet.  Les autorités ne communiquent guère et les informations semblent se confirmer au fur et à mesure que le temps passe.  Si dans un premier temps, les autorités avaient insisté qu’aucun particule de Sodium Hydrosulfate n’a été prélevé dans les échantillons d’air récupérés quelques heures après l’explosion, la donne semble changer.  C’est après les pressions exercées par les habitants que les autorités ont fini par prendre en compte la nécessité d’effectuer une deuxième analyse, les résultats sont pour le moment indisponibles.  Entre temps, le conteneur qui avait dans un premier temps été placé sur un terrain de la compagnie a finalement fini dans l’entrepôt de Spinning Wheel Ltd à Petite-Rivière et les produits sont actuellement sous la supervision de la Mauritius Fire and Rescue Services (MFRS).

La seconde analyse touche, selon nos informations, les régions qui n’ont pas été examinées mercredi.  Pour rappel, plus de 12 heures après l’explosion, alors que les pompiers avaient réussi à maitriser l’incendie, une épaisse fumée blanche s’est échappée encore du conteneur.  D’autres organismes ont également été mobilisés dans ce cas dont le ministère de la Santé et le Bureau du Premier ministre.  Une source proche du dossier explique que cette affaire n’est pas prise à la légère par le gouvernement.  Cette même source explique que le ministère de la Santé est partie prenante dans la gestion de cette situation de crise.  Toutefois, c’est la publication du rapport des analyses atmosphériques qui servira à déterminer les actions à prendre.  En parallèle avec les analyses atmosphériques, les officiers de la Fire Investigations Unit (FIU) de la MFRS ont initié  une enquête pour déterminer les causes de cette explosion.   Est-ce que le rapport de cette enquête sera-t-il rendu public ? À cette question, c’est le sauve-qui-peut général… Pour le peu d’informations qui ressort du dossier, les conclusions du rapport pourraient bien être gardées «ultra secret ».

Les interrogations des habitants

Y a-t-il vraiment du Sodium Hydrosulfate dans l’air ? Une étude basique en chimie niveau HSC peut vous donner une idée à quoi on a à faire.  Sodium Hydrosufide (Hydrosulfate) ou Dithinoite de Sodium est  un solide cristallin blanchâtre à jaune pâle ayant une odeur semblable à celle du dioxyde de soufre. Il chauffe spontanément au contact de l’air et de l’humidité. Cette chaleur peut être suffisante pour enflammer les matériaux combustibles environnants. En cas d’exposition prolongée au feu ou à la chaleur intense, les récipients contenant ce produit peuvent se rompre violemment. Il est utilisé en teinture et pour blanchir la pâte à papier.

 

À Maurice, les produits chimiques sont répartis en 3 catégories principales dont très dangereux, moyennement dangereux et interdits à l’exportation.  Cependant, l’hydrosulphite de sodium ne figure dans aucun de ces 3 catégories à Maurice.  Nombreux sont ceux qui s’interrogent donc sur la pratique. Un conteneur est-il le moyen habituel d’entreposage ou temporaire des produits chimiques ?  Existe-t-il un lexique des conditions du stockage des produits chimiques à Maurice ?  Est-ce que la CMT ne devrait-elle pas avoir un expert pour prévoir et prévenir un tel désastre ? Et finalement, les officiers qui s’occupent de cette affaire, ont-ils une expertise requise pour gérer une telle crise ? Des questions qui resteront sans réponse en raison du manque de communication des ministères concernés.