Ex-ministre pédagogue, et philanthrope

Armoogum Parsuramen  

Les Mauriciens des ‘eighties’ se souviennent de lui comme l’un des ministres de l’Éducation qui a le plus contribué au développement de notre système éducatif. Certains se demandent encore ce qu’il est devenu. Sunday Times invite ses lecteurs, surtout ceux de la génération des années 80, à découvrir ou redécouvrir Armoogum Parsuramen.

Il est actuellement le président de la Global Rainbow Foundation, une ONG qui milite pour les plus démunis, mais il restera gravé dans les mémoires comme un ex-ministre de l’Éducation. Or, sa carrière politique et sociale dépasse de loin le cadre purement éducatif, et une grande partie de sa vie demeure inconnue pour les Mauriciens. Armoogum Parsuramen, aujourd’hui âgé de 65 ans, a non seulement servi Maurice mais a aussi offert ses services à la Banque mondiale et à l’UNESCO pendant plusieurs années.

C’est dans le village côtier de Cap Malheureux, dans une maison en chaume que naquit Armoogum Parsuramen. Issu d’une fratrie de 11 enfants, il connaîtra  la misère. Malgré leur pauvreté, sa mère, femme au foyer et son père, laboureur, ont sué sang et eau pour investir dans l’éducation de leurs enfants.

Après ses études aux collèges Friendship et Bhujoharry, Armoogum Parsuramen commence à enseigner les mathématiques, l’histoire et la chimie au collège Friendship. Quatre ans plus tard, il poursuit ses études universitaires à l’Université de Maurice. Il se lance à nouveau dans le domaine du professorat et enseigne l’économie dans la même institution.

Sa vie prendra une autre tournure lorsqu’il se joint au Parti Socialiste Mauriciens (PSM) au début des années 80. Armoogum Parsuramen est fait son entrée comme député à l’Assemblée législative (comme elle était alors connue) en 1982. Aux élections de 1987, Armoogum Parsuramen est élu encore une fois et occupe pour la première fois le poste de ministre de l’Éducation, des Arts et de la Culture. Il sera élu encore une fois aux prochaines élections et continuera d’occuper le portefeuille de l’Éducation.

En 1995, Armoogum Parsuramen estime avoir accompli son devoir envers le peuple mauricien. Il décide de mettre une pause à sa carrière politique et se tourne vers la Banque mondiale et l’UNESCO, qui font appel à son expertise dans l’enseignement.

Un fils du sol d’envergure internationale

L’UNESCO le nommera Senior Advisor dans le domaine de l’éducation, pour tout le continent africain. Deux ans plus tard, il est nommé responsable de la division des écoles secondaires et préprofessionnels de l’UNESCO, à Paris. On l’enverra ensuite au Sénégal pour assumer le poste de directeur du bureau régional de l’UNESCO, où il aura des responsabilités étendues pour promouvoir l’éducation, sur toute l’Afrique. Par la suite, il reviendra à Paris pour exercer comme secrétaire et conseiller exécutif de la Conférence générale de l’UNESCO.

Ces années à l’étranger représentaient un défi pour lui. « J’ai côtoyé beaucoup de personnes, venues de tous les horizons, et cela m’a enrichi. Cela a été un privilège pour quelqu’un avec des origines aussi humbles, d’autant qu’aucun Mauricien n’a occupé un tel poste auparavant », explique-t-il.  Pour Armoogum Parsuramen, c’est grâce à la bénédiction de ses parents, de ses enseignants, des électeurs mauriciens et de Dieu, qu’il a pu réussir ce parcours hors de l’ordinaire pour un Mauricien.

Outre son parcours, on ne peut pas oublier la contribution majeure d’Armoogum Parsuramen dans l’éducation à Maurice, voire au niveau mondial. C’est bien lui l’auteur du Master Plan sur le système éducatif mauricien, conçu en 1991, et qui est toujours opérationnel.

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Reconnaissance et humilité envers ses aînés

Le sexagénaire, qui a eu une enfance difficile, ne souhaite pas que les autres enfants subissent le même sort. Lorsqu’il termine sa mission en France, il décide d’améliorer la vie de ceux qui sont dans le besoin. Il va consacrer le restant de sa vie à servir l’humanité. « C’est un moyen pour moi de montrer ma reconnaissance envers Dieu, qui m’a tant donné dans la vie », déclare-t-il.

C’est ainsi qu’en 2011 son association philanthropique Global Rainbow Foundation (GRF) voit le jour. Cette association vise à améliorer la qualité de vie des personnes vulnérables. Les bénéficiaires ont droit à des prothèses et à des dispositifs d’assistance, qui comprennent des chaises roulantes et chaises motorisées. La GRF assure également la formation des personnes non-voyantes et celles des personnes autrement capables, pour trouver un emploi.

À Maurice, la GRF compte trois branches, notamment à Port-Louis, Petit Rafray et Curepipe. Toutefois, cette ONG étend ses services aux autres pays, tels que le Sénégal, l’Inde, les Seychelles, les Comores et Madagascar. En juin, elle va inaugurer un centre au Sénégal pour la fabrication des prothèses dites Jaipur Foot, qui est une jambe artificielle pour ceux qui ont été amputés au-dessous du genou. Ces pays ont bénéficié d’une aide importante de la GRF, à savoir la distribution des cannes blanches aux non-voyants. Armoogum Parsuramen se dit fier que la GRF ait eu tant de popularité en si peu de temps et que cette ONG arrive à soulager non seulement des Mauriciens  mais aussi des étrangers.

Il ne peut décrire le sentiment de satisfaction et de ‘fulfilment’ qu’il reçoit en accomplissant cette activité noble. « Je me rappelle qu’en 2013, lorsqu’on avait offert la première prothèse à une personne qui n’avait pas marché depuis cinq ans, elle avait les larmes aux yeux… », se remémore-t-il, ému. Grâce au fonds CSR, 1 050 personnes ont pu bénéficier de prothèses tandis que 150 ont reçu des dispositifs d’assistance, à ce jour. Le philanthrope ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il souhaite ainsi toucher encore plus de personnes.

Très souvent, on l’invite en Inde et au Sénégal, dans des collèges, pour animer des conférences, vu son riche parcours. « Je reçois la bénédiction de mes aînés et c’est pour cela que Dieu ouvre mon chemin. Je pense que les jeunes d’aujourd’hui ont perdu le sens du respect vis-à-vis de leurs ainés, ainsi que le sens du volontariat ». Il veut inculquer le volontariat chez les Mauriciens afin qu’ils puissent venir en aide aux personnes vulnérables. Selon lui, tout le monde doit peut et apporter sa contribution envers les démunis et les vulnérables.