Énième échec du gouvernement dans la protection des citoyens ?

Law & Order 

D’année en année le gouvernement investit des milliards de roupies afin de faire régner l’ordre et la loi dans le pays. Entre recrutement des policiers, amélioration des équipements et endurcissement des lois, le gouvernement multiplie les efforts qui ne sont pour le moment pas payants selon le ministre responsable qui répondait à une question ce mardi au parlement. Sir Anerood Jugnauth rejette le blâme sur la consommation de drogue qui engendre une poussée de criminalité dans le pays.  Pour le moment, une bataille de plus semble être perdue par le gouvernement…la preuve en chiffres !

  • Marwan Dawood/ Sharone Samy

La situation du Law & Order à Maurice n’est pas une simple affaire et la police à elle seule ne pourra faire de miracle. C’est ainsi que les autorités parlent d’un engagement impliquant la police, la société civile et la communauté en entier.  Cependant, les chiffres de ces dernières années démontrent que la criminalité à Maurice connait une évolution en dent de scie.  Ceci est expliqué par les affaires non-résolues ou qui trainent en Cour.  Par ailleurs, le délit le plus répandu à Maurice est sans doute le vol. Et le vol est lui-même classifié en trois ou quatre volets, dont les vols par effraction et les vols avec violence.  Tout comme les crimes, nous avons les crimes passionnels, crimes par folie etc.  Ce dossier vous permettra de savoir comment les choses ont évolué sur les deux dernières années dans chaque catégorie.  Ce qui est important à retenir c’est que le gouvernement s’est fixé un objectif précis… réduire la criminalité de 4,8 % en 2016 à 4,5% en 2020 et 4,0% en 2030.

Réduire la criminalité, toutefois, ne sera pas une chose facile. Même si dans le rapport final de 2016, on avait annoncé que le crime dans toutes ses formes avait connu une baisse, la tendance a été le même pour la période de 2017. Les chiffres parlent d’eux-mêmes, avec une hausse de 34 % pour les homicides de 2016 à 2017. La situation devient alarmante. Les cas de meurtres passent de 80 à 107 pour 2017. Cette augmentation, démontre que le cheval de bataille du gouvernement ne semble pas marcher comme souhaité. Même si les délits de drogue et les saisies se font de plus en plus, le gouvernement semble omettre certains points dans son combat pour réduire la tendance. Plus d’importance est donnée au trafic de drogue et les autres délits ne sont pas sujets à de nouvelles réformes.

Avec une baisse de 6% en 2016 comparé à celui de 2017, cela ne veut rien dire du tout. Un crime est classifié par plusieurs catégories, et même si on ne compile pas le tout, les chiffres démontrent que la criminalité continue d’être un fléau pour la société.

Homicide par catégories 2016 2017
Homicide involontaire 38 52
Homicide prémédité 9 14
Homicide intentionnel 33 41
Attentat à la pudeur 30 48
Sodomie 11 17
Agressions 11741 11602
Délit de drogue 3370 3719

 

La plupart des victimes de crimes prémédités sont des hommes. 42 % des victimes sont des hommes âgés de 45- 55 ans et 52% d’entre eux ont été tués à leur domicile. Les chiffres démontrent aussi que dans la plupart des cas, ces victimes sont parentées à ou connaissent déjà leur agresseur. En 2016, 21 389 personnes ont été appréhendées dans le cadre d’enquête criminelle. Pour la période de 2016 à 2017, les attentats à la pudeur et les cas de sodomie ont connu une hausse. La bonne nouvelle ce sont les cas d’agressions et les cas d’abus sexuels. De 2015-2016, il y a eu moins d’agression soit une baisse de 1%. Les chiffres révèlent que le gandia est la drogue la plus influente au trafic. Elle constitue 46 % du trafic.

Drogue Pourcentage
Cannabis 46%
Héroïne 26%
Autres 23%
Buprénorphine 1%
Sédatif/tranquillisant 4%

 

Les pronostics en 2018 ne risquent pas de s’améliorer. Me Zahid Nazurally parle d’une augmentation drastique pour la période de 2018, car déjà au début de l’année, les crimes, meurtres et délits de drogue n’ont pas tardé à se manifester. Pour l’homme de loi, la société en elle-même a un grave problème. « Dans les prochaines années, le taux de criminalité ne risque point de connaitre de baisse. Nous vivons de plus en plus dans une société matérialiste et les crimes deviennent des choses courantes. Le côté spirituel de la société n’est pas vraiment abordé, nous nous dirigeons vers un gouffre. Nous ne prenons pas en compte les choses qui pourraient amener à une vie plus saine. Nous oublions l’aspect religieux de notre société. Le système fonctionne, mais il y a un certain manque, » fait-il ressortir.

Un policier à la retraite parle lui des lois, qu’ils jugent trop ‘flexibles’ pour les criminels. Les critères pour une remise en liberté ou pour la caution devrait être revus, « ena tro boku ki residiver, vol par exemple ti bizin regeter, cest sel crime ki pli en vogue dans pays, kuma traper nek tir lor caution, soit li fer 3 mois prison, li pas suffit, li pou kokin enkor li, » dit-il.

Les 17 mesures annoncées par le gouvernement pour combattre l’insécurité

  • 78 postes de police et le Département central des enquêtes criminelles seront équipé de 744 caméras de vidéosurveillance et de systèmes d’enregistrement audio.
  • Une escouade anti-vol a été mise en place avec des équipes spéciales dans tous les services de police.
  • Le taux de détection dans tous les cas d’infraction signalés est passé de 32,7% en 2016/2017 à 44% en 2017/2018.
  • La police de la route a effectué 44 940 contrôles de vitesse à travers les caméras de détection.

–  Une équipe de transport a été mise en place avec l’ERS.

–  153.758 personnes ont été sensibilisées par la police en matière de criminalité prévention, sécurité routière, infractions liées à la drogue, violence domestique, délinquance juvénile, infractions, la protection de l’enfance et la police communautaire.

  • Le fonctionnement opérationnel de la Police Hot Line 148 a été remanié et un compte Facebook a été créé pour encourager le public à informer la police d’activités suspectes dans leur quartier.
  • 3 461 policiers ont été formés en fonction de la prochaine législation sur les preuves criminelles, la Police and Criminal Evidence Act (PACE).
  • Des médicaments d’une valeur marchande totale de Rs416 m. ont été saisis de juillet 2017 à avril 2018 par l’Unité antidrogue et de contrebande, qui est le résultat, entre autres, du resserrement des mesures de sécurité et de détection au port et à l’aéroport.
  • Un partenariat a été scellé avec les opérateurs commerciaux pour lutter efficacement contre le crime par le partage de renseignements.

  • Les opérations de répression ciblées sont menées conjointement par la police locale avec d’autres auxiliaires de la Force tels que ERS, SSU, GIPM, ADSU, CID, l’escadron d’hélicoptères, le commando de la NCG et chiens renifleurs dans tous les services de police
  • Les patrouilles à pied et mobiles ont été renforcées dans toute l’île, notamment zones sujettes au crime.
  • La police a remanié son concept de « police des points chauds » et de « police de proximité ». Un tel concept qui vise à améliorer la visibilité de la police dans les lieux publics et renforcer la proximité de la police avec les membres du public est maintenant réalisé de manière structurée.
  • La police du Tourisme travaille en étroite collaboration avec les fonctionnaires du ministère du Tourisme et celui des Affaires étrangères pour prévenir les larcins sur les touristes.
  • La police a renforcé ses relations avec les représentants des communautés à travers les forums communautaire et ils partagent des informations sur les activités suspectes se produisant dans leur quartier.
  • La police utilise largement la technologie moderne – CCTV et drones pour prévenir et détecter les infractions.
  • Les barrages routiers et les points de contrôle des véhicules sont effectués quotidiennement à toute heure où des personnes suspectes et des conducteurs de véhicules sont interrogés et systématiquement vérifiés.

Même si la criminalité a connu une baisse en 2016 comme l’indique le rapport de Statistics Mauritius, en 2017 cela n’a pas été le même constat. Le nombre d’homicides est passé de 80 à 107, soit une hausse de 34 % de 2016 à 2017. Cette hausse démontre à quel point notre société est en train de faire face à une situation difficile. Le combat contre la criminalité n’est pas gagné d’avance. Même si les autorités affirment que la situation n’est pas alarmante, les autorités, qui doivent faire respecter la loi se retrouvent dans une situation difficile. Les dossiers concernant les crimes et autres délit ne sont pas totalement résolus et les affaires en cour prennent beaucoup de temps avant leur résolution finale.